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Politique Publié le mardi 4 janvier 2011 | Le Patriote

Face à l’entêtement de Gbagbo : La CEDEAO n’a plus que l’option militaire

Personne, pas même les plus irréductibles du camp Gbagbo, ne pourra dire que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a manqué d’intérêt pour la Côte d’Ivoire. Ce regroupement sous-régional, depuis les premières heures du conflit ivoiro-ivoirien, aura couru à en perdre haleine au chevet de la Côte d’Ivoire. Après le coup d’Etat manqué de septembre 2002 qui s’est transformé en une rébellion qui a divisé le pays en deux, la CEDEAO n’a jamais manqué l’occasion de s’impliquer dans une tentative de retour à la normale au pays de Félix Houphouët-Boigny. C’est d’ailleurs chez l’un de ses membres qu’ont été obtenus le premier cessez-le-feu et le début des négociations. Sous l’égide de la CEDEAO et du défunt président Gnassingbé Eyadema, cet outil sous-régional avait déjà réussi à faire taire les fusils et avait fait emprunter aux protagonistes la voie du dialogue pour règlement de cette crise. Ensuite, le dossier ivoirien a été transporté au Sénégal puis au Ghana pour déboucher sur les accords d’Accra I, II et III. Les efforts de la CEDEAO n’ont certes pas permis un retour rapide à la normale mais ont eu le l’avantage d’engager les discussions entre les belligérants. Ces pourparlers ont continué à Marcoussis, à Pretoria et enfin à Ouagadougou. Finalement, avec l’aide et l’appui de la CEDEAO, la sortie de crise s’est dessinée et les élections ont eu lieu. Et pour ces joutes, toujours dans sa volonté d’aider la Côte d’Ivoire, la CEDEAO a envoyé des observateurs pour superviser ces élections qui devaient couronner les efforts déployés par tous, pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix et la stabilité. Malheureusement, juste après les résultats de l’élection présidentielle, le président sortant, battu à la loyale, refuse de céder le pouvoir. Réfugié qu’il est derrière un fallacieux argument constitutionnel taillé sur mesure par son ami, Yao Paul N’Dré. C’est ainsi que survint la crise postélectorale que vit cet ancien havre de paix, depuis le dimanche 28 novembre 2010. Face à ce nouveau désordre, la CEDEAO n’a pas abdiqué. Mieux, l’institution s’est clairement engagée dans la résolution de cette autre crise exigeant cette fois-ci que la volonté du peuple soit respectée, comme le disent leurs textes. Et cela passe par la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara par Laurent Gbagbo. Tous les pays membres de cette organisation ont reconnu le choix du peuple ivoirien sauf le président sorti, Laurent Gbagbo. Ce dernier, soutenu par quelques officiers aux ordres et des milices tribales, a engagé des mercenaires pour s’asseoir par la force dans un fauteuil que le peuple lui a retiré dans les urnes. Pour faire entendre raison à l’ancien homme fort d’Abidjan, le monde entier a entrepris de le raisonner. La CEDEAO a d’abord suspendu la Côte d’Ivoire, puis envoyé des émissaires pour demander à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Toutes sortes de propositions et d’assurances lui ont été faites. Malheureusement, ce dernier est resté sourd à toutes ces médiations de bon office. La CEDEAO qui n’entend pas laisser Gbagbo créer un précédent dans l’organisation a même envisagé un recours à la force légitime. Mais cela n’a pas fait reculer le néo dictateur ivoirien. Toutefois, la communauté ouest africaine a voulu donner une dernière chance au dialogue. C’est pourquoi au même moment où les chefs d’État-major de la CEDEAO se réunissaient à Abuja, pour analyser les moyens techniques, humains et logistiques de cette force, le président en exercice, le nigérian Goodluck Jonathan, a autorisé une dernière mission. Celle de la dernière chance conduite par les Président capverdien, béninois et Sierra léonais pour faire entendre raison à Gbagbo. C’était le mardi dernier. Mais ces derniers n’avaient pu réussi à faire fléchir l’ancien président. Ce sont ces mêmes, rejoint par l’émissaire de l’Union Africaine, le premier ministre Kényan, Raila Odinga, qui sont passés hier et qui n’ont rien obtenu de probant. Gbagbo refuse toujours de partir et n’offre autre choix à la CEDEAO que l’option militaire. Comme en Sierra Léone et au Liberia, la CEDEAO est devant l’intransigeance d’un despote qui veut prendre son peuple en otage. Comme dans ces deux pays, l’institution ouest africaine a épuisé ses cartes de la négociation et de la diplomatie. Comme dans ces deux cas, il ne reste que l’engagement militaire pour libérer le pays d’un dictateur qui a décidé d’assassiner la démocratie au prix du sang de la population. Comme il est connu qu’à l’impossible nul n’est tenu, la CEDEAO n’a autre choix que d’utiliser la force légitime pour faire partir Gbagbo pour le bonheur du peuple ivoirien et africain. Cette force que prévoit le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la bonne Gouvernance et la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée par la huitième session ordinaire de la conférence de l’Union Africaine, le 30 janvier 2007 à Addis Abeba. La CEDEAO joue donc sa crédibilité.
Koné Lassiné

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