Les hommes sont liés par leurs paroles comme la charrue au bœuf. Ainsi les conventions même non écrites font office de loi, comme les textes de loi. Aussi, toute concession de pouvoir offre un supra pouvoir auquel le signataire doit se plier. Il en va ainsi de la notion de souveraineté dont les Ivoiriens se sont érigés en expert pour en débattre à tous les coins de rue. C’est vrai qu’il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et l’on pourrait arguer qu’il faut arrêter de s’évertuer à expliquer à nos concitoyens que les Institutions internationales qui s’impliquent dans la crise ivoirienne ne le font que dans le cadre stricte de l’application des textes des règlements que chaque Etat membre a contribué à élaborer. Y compris notre Côte d’Ivoire, membre fondateur de toutes les Institutions africaines impliquées. On se souvient qu’en mai 1963, à Addis-Abeba, feu Félix Houphouët-Boigny, qui avait suscité la réunion préparatoire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), aujourd’hui Union Africaine, à Monrovia, puis à Lagos, avant l’Assemblée constitutive, a été remercié par acclamation de l’Assemblée qui attribuait à son pays le siège de la Banque Africaine Développement pour ses efforts de rassemblement de l’Afrique. Une année auparavant, Félix Houphouët-Boigny était le chef de file des Etats Francophones Ouest-Africains qui voulaient battre monnaie ensemble. On comptait pèle mêle la Côte d’Ivoire, le Dahomey (le Bénin actuel), le Mali (qui quittera un an plus tard l’Union avant de retourner au bercail longtemps après) ; le Niger, le Burkina Faso alors Haute Volta, le Sénégal et la Mauritanie (qui partira un peu plus tard de l’Union) le Togo les rejoindra après comme il y a peu la Guinée Biseau. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest en 1975 au Nigeria, c’est aussi l’œuvre de Félix Houphouët-Boigny. Auparavant, au lendemain de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, c’est-à-dire à l’indépendance, deux jeunes hommes d’à peine trente ans, Usher Assouan et Henri Konan Bédié présentaient avec succès la candidature d’adhésion de la Côte d’Ivoire à l’ONU. Toutes ces créations ou adhésion avaient pour but de souscrire à la solidarité régionale, sous-régionale, continentale ou mondiale sur le même pied d’égalité que chaque Etat. Et nous savons tous, ce que l’ONU fait à travers le monde pour aider ou pour corriger les Présidents ou les Etats, à la demande ou en application du Droit à l’ingérence pour sauver les peuples opprimés et de l’obligation de secours aux personnes en danger. La solidarité économique, monétaire et financière n’est plus à démontrer entre les Etats membres de l’UEMOA. Quant à la CEDEAO, nous, peuple des quinze Etats en tirons une fierté depuis qu’elle a accompagné nos frères du Liberia et de la Sierra Leonne à régler militairement les problèmes que les deux pays ont connus. Il y a quelques mois, quand Dadis Camara et ses amis maltraitaient le peuple de Guinée, nous avions tous souhaité l’armée de la CEDEAO pour s’interposer entre le peuple de Guinée et son armée devenue méconnaissable après les évènements au stade du 28 septembre 2009. Toutes les initiatives et les actions de la CEDEAO ont été menées avec l’aval ou la participation de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui donc où notre cas est sur la table de la CEDEAO, nous crions à une violation de notre souveraineté. Savoir se soumettre à sa propre décision est une marque de responsabilité que chaque personne doit savoir gérer. La CEDEAO en tête et toutes les Institutions impliquées dans la guerre en Côte d’Ivoire ont le devoir de faire aboutir leurs décisions. Il en va de leur crédibilité. Au risque de devenir ‘‘ce machin’’, nom auquel le Général De Gaulle désignait l’ONU qu’il trouvait lourd dans son fonctionnement et donc peu efficace. Aucune institution ne reviendra sur la décision de voir Gbagbo Laurent quitter le pouvoir et c’est cela qui devait inviter le Woody à admettre sa défaite. Presque pacifiquement !
Georges Amani
Georges Amani