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Politique Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Le Patriote

Sidiki Konaté, (ancien ministre du tourisme): “Il n’y aura pas de guerre civile… Gbagbo veut faire peur aux Occidentaux”

© Le Patriote Par Emma
Religion / Pèlerinage à la Mecque: Le ministre de l`Intérieur, Désiré Tagro lance le Hadj 2010
Mardi 10 Août 2010. Abidjan. Palais de la culture de Treichville. Plusieurs membres du gouvernement participent à la cérémonie de lancement du Hadj. Photo: le ministre du tourisme et de l`artisanat, El Hadj Sidiki Konaté
Proche collaborateur du Premier ministre, Guillaume Soro, le ministre Konaté Sidiki, ulcéré par cette action inédite de Laurent Gbagbo de confisquer le pouvoir, après l’avoir perdu dans les urnes face à Alassane Ouattara, juge dommageable cette forfaiture du chef de la refondation. Aussi demande-t-il, aux Ivoiriens, de se convaincre que Laurent Gbagbo s’en ira pour le bonheur de la Côte d’Ivoire.

Le Patriote: Depuis un mois, le président de la République, Alassane Ouattara, son Premier ministre Guillaume Soro et le gouvernement de Côte d’Ivoire sont retranchés à l’Hôtel du Golf, sous un blocus qui ne dit pas son nom. Pendant combien de temps encore cette situation va-t-elle perdurer ?
Konaté Sidiki : Effectivement, cela fait un mois que la Côte d’Ivoire vit dans l’imposture, la terreur et l’incertitude dues à la situation de putsch électorale orchestrée par M. Laurent Gbagbo et son clan, pour se maintenir au pouvoir malgré le fait qu’il ait perdu les élections de façon démocratique. Nous savons que la situation est dure, intenable et angoissante pour la grande majorité des Ivoiriens et très dommageable pour notre pays la Côte d’Ivoire, à tous les niveaux. Les Ivoiriens et même des milliers d’Africains souffrent une sorte de sentiment d’injustice, d’impuissance et de révolte intérieure face à cette situation inédite et injuste moralement et politiquement. Nous partageons ces moments difficiles avec toutes ces personnes. Nous voulons juste encore une fois les rassurer que nous sommes en train de mettre tout en œuvre pour inverser la situation par tous les moyens et le plus tôt possible. Une chose est sûre, M. Gbagbo s’en ira et l’ordre de la démocratie sera restauré. Le vrai vainqueur de ces élections, qui est le président Alassane Ouattara, sera installé bientôt au palais du plateau. Nous n’avons aucun doute. Ce sera pour bientôt si Dieu le veut ! Ça peut paraitre incroyable, impossible ou surréaliste, mais ce sera le cas !

LP: Justement, pour beaucoup de personnes, cela est du domaine du surréaliste et de l’impossible. Et certains perdent de plus en plus espoir de voir un jour le président de la république, Alassane Ouattara, exercer son mandat. Surtout quand on voit et entend tout ce que le perdant M. Gbagbo dit et fait.
KS : Je peux comprendre que l’impatience ou le désespoir gagne des millions de personnes. Personne ne s’attendait à ce que M. Gbagbo, profitant de sa position de président sortant, braque les résultats des urnes avec les instruments de l’Etat (RTI, Administration et Armée) de façon ouverte et brutale et se comporte comme s’il avait gagné. C’est la triste réalité à laquelle on ne s’attendait pas. Nous avons pris acte et depuis cette forfaiture, nous travaillons sans relâche pour que le putsch électoral soit dévoyé et pour que M. Gbagbo Laurent et son clan rendent le pouvoir qu’il n’a pas eu dans les urnes. C’est un travail de fourmi qui vise à trouver des réponses énergiques et appropriées aux moyens qui permettent à M. Gbagbo et à son clan de se maintenir encore dans cette posture de putschiste. Nous avons identifié les points de la chute de M. Gbagbo et de son clan. Ils peuvent encore continuer pour quelque petits temps à narguer les Ivoiriens, mais ils savent bien qu’il n’y a pas d’issue pour eux, si ce n’est de donner le pouvoir d’une façon ou d’une autre à celui qui l’a remporté dans les urnes, le président de la république, SEM Alassane Ouattara.

LP : Ne vous entraine-t-il pas dans l’usure du temps pour faire admettre l’idée de négocier ou de partager le pouvoir avec lui?
KS : C’est vrai qu’à priori, on peut penser que le temps joue contre le président de la république Alassane Ouattara. Mais je vous rassure que le temps n’est pas le bon allié de M. Gbagbo. On n’est plus dans la situation de 2002, avec la guerre entre M. Gbagbo et les Forces Nouvelles. Ici, il s’agit d’un problème très clair et précis : il y a eu une élection démocratique en 2010. Les Ivoiriens ont élu leur président en la personne de son excellence M. Alassane Ouattara. M. Gbagbo Laurent refuse de reconnaitre sa défaite et s’agrippe au pouvoir par des faux arguments, avec le soutien d’une petite frange de l’Armée. La légitimité est cette fois du côté du président Alassane Ouattara. La grande majorité des Ivoiriens et le monde entier l’ont reconnu. Et toutes les institutions du monde ont reconnu la victoire du président Alassane Ouattara dans les urnes. Aujourd’hui, il s’agit de prendre toutes les mesures en interne et en externe pour rétablir la légitimité des urnes et la légalité. Pour ce faire, il fallait trouver les vraies réponses au socle du pouvoir de M. Gbagbo. Nous l’avons trouvé tant au niveau national qu’au niveau international. Une synergie s’est mise en place très rapidement depuis un mois et qui commence à atteindre sa vitesse de croisière. D’ici peu, la solution militaire, en ultime solution qui peut freiner M. Gbagbo et son clan, entrera en vigueur de façon globale. Nous avons voulu prendre les Ivoiriens et le monde à témoin pour que chacun se rende compte de la nature sanguinaire et dictatoriale de ce régime. Ce qui induit nécessairement que ce n’est que par cette solution brutale que M. Gbagbo entendra raison pour remettre le pouvoir qu’il usurpe à celui que les Ivoiriens ont élu dans les urnes. Chaque chose en son temps ; le temps de la diplomatie et de la raison est passé. Maintenant, il faut parler le seul langage que M. Gbagbo entend pour l’heure : le langage du bâton, c’est-à-dire de la force dont il se sert lui-même pour créer la terreur tant chez les civils que dans l’Armée.

LP : La CEDEAO et l’UA viennent d’achever une nouvelle médiation (lundi). Visiblement, la montagne a accouché d’une souris. N’avez-vous pas le sentiment qu’on vous tourne en bourrique, pour faire enliser le contentieux ?
KS : L’Union africaine et la CEDEAO ont pris clairement position dans la situation que nous vivons. Pour ces institutions, Le président de la république est le Dr Alassane Ouattara. Nous saluons cette prise de position qui stipule aussi que la victoire du président Alassane est irrévocable et non négociable. Toutes ces institutions cherchent ici le moyen de raisonner le candidat malheureux pour éviter un bain de sang et pour lui permettre encore de se sauver, de sauver son parti politique et les cadres de son parti. Mais nous ne doutons pas de la sincérité, de la fermeté et de l’appui que ces instructions apportent chaque jour au président de la république et à son premier ministre Guillaume Soro. Nous ne doutons pas de leur engagement à aider à la mise en place d’une force de frappe du régime de M. Gbagbo. Cette force aura ici l’appui d’une bonne partie des deux armées au sud comme au nord (FDSCI et FAFN). Le dispositif avance bien et des pays donneront des soldats, d’autres de la logistique. Un schéma est déjà en place. La nature de l’opération qui aura un grand appui dans les armées en Côte d’Ivoire (FAFN et FDSCI) nous permet de dire que la crise ne va pas dégénérer en exactions ou en guerre civile. Elle sera rapide et circonscrite. Dieu nous y aide déjà !

LP : Les Ivoiriens sont de plus en plus angoissés par le tableau sombre qui s’offre à eux. De nombreux citoyens ne finissent pas de se faire assassiner par les miliciens et escadrons de la mort de l’ancien régime. De quels moyens disposez-vous pour mettre un terme à ce carnage programmé ?
KS : M. Gbagbo Laurent et son régime se rendent complices chaque jour de graves violations des droits de l’homme ; chaque jour, ce sont des exactions, des assassinats ordonnés, des kidnapping nocturnes et des actes de pillages qui sont perpétrés par des éléments de la grade républicaine, du Cecos et des forces paramilitaires (miliciens et mercenaires libériens). Le bilan est dessus de 250 morts au total. C’est justement cet impératif humanitaire qui mobilise toutes les énergies pour arrêter la folie meurtrière dans laquelle M. Laurent Gbagbo s’est engagé contre le peuple de Côte d’Ivoire. Nous savons que la situation est intenable, mais nous demandons aux populations de garder pour un petit temps encore le courage et l’espoir. Nous n’allons pas capituler. La démocratie, le respect de la vie et de la dignité seront en Côte d’Ivoire ou rien ne sera. Notre pays ne gagnera rien ni aujourd’hui ni demain avec la situation de putsch actuelle perpétrée par M. Gbagbo.
Nous savons que l’Onuci peut jouer un rôle important dans la protection des populations civiles. Pour l’heure M. Gbagbo et une partie de l’armée jouent à effrayer et à banaliser l’Onuci dans sa mission de protéger les populations civiles. Il appartient au commandant des forces de l’Onuci, le général Hafiz, de faire son travail, sans hésitation ni crainte. Car l’autorité légitime en Côte d’Ivoire reste le président de la république Alassane Ouattara et son gouvernement. L’Onuci a suffisamment de moyens et d’appui diplomatique pour ne pas se laisser cantonner par M. Gbagbo et ses généraux. C’est un défi important que la majorité des Ivoiriens attend de l’Onuci et de son commandant des opérations qui ont un mandat assez clair à cet effet. La stratégie du bouclier humain utilisée par M. Gbagbo contre l’Onuci est en marche tant au niveau politique que militaire. L’Onuci doit urgemment et impérativement trouver une réponse adéquate à la protection des populations, en attendant que l’opération militaire croisée mette fin à la situation de putsch et de dictature militaire actuelle.

LP : Une autre question qui préoccupe les Ivoiriens, ce sont les déclarations de certains religieux qui refusent de dire la vérité pour dénouer la crise, en disant clairement à Laurent Gbagbo qu’il n’a pas gagné les élections. Que vous inspire de telles sorties ?
KS : Que Dieu éclaire et inspire tous les guides religieux qui s’égarent quelle que soient leur appartenance religieuse. Le problème que nous vivons n’est pas un problème entre des religions ou des ethnies. Des gens cherchent par faute d’arguments à entrainer les Ivoiriens sur ce terrain. Mais leur action restera vaine. Car il y a eu autant de chrétiens, de musulmans que d’animistes qui ont voté le président de la république Alassane Ouattara. Nous souhaitons que les fideles religieux et les groupes ethniques restent concentrés et ne répondent point aux sirènes malveillantes.

LP : les discours de haine, de mise en mal de l’unité nationale du FPI et de son relais qui est la RTI ne créent-ils pas les ingrédients d’une guerre civile ? C’est justement l’argument brandi par Laurent Gbagbo pour ne pas quitter le pouvoir…
KS : Il ne peut y avoir de guerre civile en Côte d’Ivoire. C’est M. Gbagbo qui brandit cette thèse aux occidentaux pour leur faire peur, afin de provoquer un statut-quo où il pourra se maintenir par de faux arrangements internationaux. C’est lui au contraire qui mène une guerre civile contre des populations civiles en ordonnant aux miliciens et mercenaires d’exécuter des populations aux mains nues sélectionnées sur des bases politiciennes et ethniques. Mais le jour où on obtient le départ de M. Gbagbo, vous verrez que tout ça va s’arrêter et qu’il n’y aura pas de guerre civile et représailles ou de chasses aux sorcières. C’est lui qui agite le spectre de la guerre civile pour faire croire à l’opinion nationale et internationale qu’après lui, c’est le chaos si on le chasse par la force. Des expériences passées très récentes de changement de régime en Côte d’Ivoire, nous confortent dans cette affirmation qu’il n’y aura rien si on chasse M. Gbagbo du pouvoir qu’il usurpe. La racine du problème, c’est le départ de M. Laurent Gbagbo du palais du plateau. Nous sommes en plein dans cette stratégie et nous y arriverons, si Dieu le veut.

LP : que pensez-vous du face à face envisagée entre Ouattara et Gbagbo ?
KS : Quand le président de la république, SEM. Alassane Ouattara, sera au palais, il pourra négocier avec tout le monde. Nous n’avons aucune appréhension sur sa capacité (avec le président Bédié et le Premier ministre Soro) à offrir la réconciliation et le développement aux populations vivant en côte d’Ivoire. La CEDEAO est déjà là pour discuter avec M. Gbagbo sur les conditions de son départ. C’est le seul cadre et le seul point à l’ordre du jour si M. Gbagbo veut négocier son départ.

LP Beaucoup s’interrogent sur la capacité des FANCI et FN à faire partir Laurent Gbagbo ?
KS : Ces difficiles épreuves nous ont permis de savoir que la majorité dans les FDS et la quasi-totalité des FAFN ont déjà une claire vision de l’attente des Ivoiriens sur la future armée de Côte d’Ivoire. Malgré le putsch électoral de M. Gbagbo et la volonté de les opposer coûte que coûte, les deux armées se parlent, travaillent sur la situation actuelle et sur le travail qui les attend après le départ de M. Gbagbo du pouvoir. Vous les verrez bientôt côte à côte pour aider les Ivoiriens à surmonter cette dernière grande épreuve de ces vingt (20) dernières années. C’est encore la preuve que la Côte d’Ivoire ne se déchirera pas si M. Gbagbo est enlevé du pouvoir qu’il usurpe.
Nous demandons un peu de patience aux Ivoiriens. Nous savons qu’ils placent beaucoup d’espoir en nous. Nous ne les décevrons pas si Dieu le veut. Aucune dictature n’a pu venir à bout de la volonté du peuple. M. Gbagbo ne sera pas l’exception. Bientôt il fera jour pour la démocratie en Côte d’Ivoire qui passe par l’installation effective dans ses fonctions sur l’ensemble du territoire du président élu démocratiquement, SEM. Alassane Ouattara.
BN
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