Ce sera, ou la pression diplomatique ou l`option militaire, comme solution pour régler l`actuelle crise politico-électorale ivoirienne. La Communauté Économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) est au pied du mur dans cette crise qui oppose en Côte d`Ivoire, le président Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur du scrutin du 28 novembre dernier par le Conseil constitutionnel, et M. Alassane Dramane Ouattara, désigné vainqueur de la même élection par la Commission Électorale Indépendante (CEI) de Youssouf Bakayoko. Les menaces de la communauté internationale contre le président Gbagbo, via l`organisation sous-régionale qu`est la CEDEAO, prennent maintenant une tournure armée, là où la pression diplomatique semble quelque peu s`enliser. Mais, l`entrée en scène de l`ECOMOG, la force militaire d`intervention de la CEDEAO, comme le souhaitent un certain nombre d`acteurs politiques ivoiriens et d`observateurs étrangers, présente énormément de limites à même de la plomber, même si on constate une détermination des milieux politiques ouest-africains.
L`ETAPE DE LA CONSTITUTION DES TROUPES...
La 1ère limite de l`ECOMOG reste la constitution même des troupes. Pour une organisation sous-régionale qui regroupe 15 pays membres, hormis la Côte d`Ivoire biens sûr, seuls 9 pays membres, dit-on, auraient «accepté» à ce jour de fournir des troupes pour constituer la «task force», forte de 3000 hommes, qui doit intervenir à Abidjan le cas échéant pour déloger le président Gbagbo du pouvoir. Ce qui fait, même si on ne le dit pas officiellement, un quota de 6 pays membres qui semblent ne pas cautionner cette opération militaire. Parmi ces pays, un «poids lourd» de la sous-région, à savoir le Ghana. En clair, la crise politico-électorale divise fortement l`organisation sous-régionale. Ce qui dénote au grand jour l`intense activité diplomatique des camps Ouattara et Gbagbo. Du coup, même si on ne le dit pas, la constitution des troupes, malgré 9 pays potentiellement fournisseurs d`effectifs, reste problématique, pour ne pas dire hypothétique. Qui vient à Abidjan finalement? Voilà dorénavant une question qui dérange.
LA QUESTION DU FINANCEMENT ET DE L`ARMEMENT
La 2è grande limite reste le financement des opérations militaires, et l`armement des troupes de l`ECOMOG. Si pour l`armement, on peut augurer que les pays fournisseurs de troupes peuvent être aussi des pays donateurs d`armes, il n`en est pas de même pour le financement des opérations militaires inhérentes à une intervention armée. Le Nigeria, la puissance économique et financière de la CEDEAO suivi de la Côte d`Ivoire, est en proie lui-même à des difficultés économiques. Le pays de Goodluck fait face, en ce moment, à de sérieux problèmes internes. Dont les attentats tant par sa rébellion au sud que dans les zones du nord marquées par des conflits inter-ethniques et religieuses. Le géant ouest-africain peut-il, seul, supporter le poids du financement des opérations militaires? On espère, c`est vrai et compte tenu de son engagement, un soutien financier et logistique de la communauté internationale. Mais laquelle ? Quels sont les pays contributeurs, financièrement s`entend? Questions en suspens...
LA REALITE DU THEATRE DES OPERATIONS...
La 3è grande limite de cette intervention militaire de l`ECOMOG reste le théâtre des opérations, c`est-à-dire le terrain militaire sur lequel les troupes de l`ECOMOG vont agir. Si le groupe d`intervention militaire de la CEDEAO est déjà intervenu dans le passé au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau, le cas d`intervention en Côte d`Ivoire apparaît comme une grande nouveauté. Et ce, pour 2 grandes raisons. La première est que contrairement au Liberia et à la Sierra Leone où l`ECOMOG est arrivé dans un pays déjà en proie à la guerre civile, le cas de la Côte d`Ivoire est tout à fait différent, puisque la force ouest-africaine va débarquer dans un pays tenu d`une main ferme par un homme sûr de son droit de chef de l`État qu`est Laurent Gbagbo, fort d`une armée à lui restée fidèle que sont les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d`Ivoire. En plus de son bouclier humain constitué par des partisans indécrottables, notamment les Jeunes Patriotes, convaincus de leur bon droit, et les milices d`auto-défense fortement armées, auxquels cette force devra faire face. Dans les cas du Liberia, de la Sierra-Leone et de la Guinée-Bissau, il faut rappeler que la force ouest-africaine, pour intervenir, n`avait pu envoyer des hommes et du matériel que dans des zones contrôlées par les gouvernements en place afin de les aider à combattre les rébellions qui les menaçaient. A la vérité, c`est le théâtre des opérations, Abidjan notamment où est sanctuarisé Laurent Gbagbo, qui pose problème. Les 3000 hommes de l`ECOMOG peuvent-ils être parachutés dans un centre urbain comme Abidjan où il leur faudrait affronter une armée nationale dont la puissance de feu étonne quelque peu, avec derrière elle des mouvements aussi imprévisibles comme les Jeunes Patriotes et les milices, sans qu`il y ait du grabuge? Voici la grande interrogation. Reste l`engagement des ex-rebelles des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN). Le Commandant Chérif Ousmane, un des leaders des FAFN, a été clair: ses troupes appuieront l`ECOMOG en cas d`intervention. Il est clair que la zone Sud du pays, sous contrôle des FDS, ne pourra jamais servir de base d`appui aux troupes de l`ECOMOG. Reste l`aéroport militaire de Bouaké. Or, un débarquement de troupes de la CEDEAO dans la capitale du centre aurait pour effet immédiat de réactiver les lignes de front. Le Commandement du Théâtre des Opérations des FDS se trouvant à Yamoussoukro, on peut prédire d`avance l`enlisement des opérations militaires sur ces lignes de front, à plus de 300 km d`Abidjan, sinon des combats terribles pour que l`ECOMOG arrive à Abidjan. Qui peut présager que ces combats se feront sans dégâts collatéraux majeurs pour les populations sur ces 300 km? Il ne faut pas perdre de vue, l`implication des millions de ressortissants des pays de la sous-région installés en Côte d`Ivoire et qui fait de ce pays une CEDEAO en miniature. Pour ces populations, il faut craindre les représailles en cas d`intervention armée. On a en mémoire les tristes événements de 2004 qui avaient entraîné l`évacuation de milliers de Français du pays.
LE PLAN OUATTARA PEUT-IL ABOUTIR?
Du coup, on constate que l`intervention militaire de la CEDEAO apparaît comme une grosse incertitude, même si elle «reste sur la table». Reste alors l`intervention militaire «sans effusion de sang» que propose Alassane Ouattara pour aller «capturer» son rival au Palais et l`envoyer à un autre point du globe. En le disant, le candidat du RHDP pensait sans doute à cette fameuse opération commando des USA en Haïti pour aller y chercher le président Bertrand Aristide, devenu gênant, le jeter dans un avion affrété pour cela et qui a fait près de 24H de vol avant d`atterrir en Centrafrique qui avait accepté de l`accueillir. Si l`idée est séduisante pour M. Ouattara, n`empêche que sa mise à exécution reste suspendue à beaucoup d`incertitudes. D`abord, quel est le pays ou l`organisation qui exécute cette opération? Ce n`est peut-être pas la CEDEAO, puisque cela n`est pas dans ses possibilités. Reste la France et les USA, qui ont des armées à même de le faire. Mais, le président Nicolas Sarkozy a exclu une intervention des 900 soldats français déployés en Côte d`Ivoire. «Nos soldats, les soldats de la France, n`ont pas vocation à s`ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d`Ivoire. Ils agissent en vertu d`un mandat des Nations Unies», a-t-il dit devant les Armées françaises pour couper court aux rumeurs d`une intervention armée de la France. Quant aux USA, ils sont bien silencieux depuis quelque temps.
JMK AHOUSSOU
L`ETAPE DE LA CONSTITUTION DES TROUPES...
La 1ère limite de l`ECOMOG reste la constitution même des troupes. Pour une organisation sous-régionale qui regroupe 15 pays membres, hormis la Côte d`Ivoire biens sûr, seuls 9 pays membres, dit-on, auraient «accepté» à ce jour de fournir des troupes pour constituer la «task force», forte de 3000 hommes, qui doit intervenir à Abidjan le cas échéant pour déloger le président Gbagbo du pouvoir. Ce qui fait, même si on ne le dit pas officiellement, un quota de 6 pays membres qui semblent ne pas cautionner cette opération militaire. Parmi ces pays, un «poids lourd» de la sous-région, à savoir le Ghana. En clair, la crise politico-électorale divise fortement l`organisation sous-régionale. Ce qui dénote au grand jour l`intense activité diplomatique des camps Ouattara et Gbagbo. Du coup, même si on ne le dit pas, la constitution des troupes, malgré 9 pays potentiellement fournisseurs d`effectifs, reste problématique, pour ne pas dire hypothétique. Qui vient à Abidjan finalement? Voilà dorénavant une question qui dérange.
LA QUESTION DU FINANCEMENT ET DE L`ARMEMENT
La 2è grande limite reste le financement des opérations militaires, et l`armement des troupes de l`ECOMOG. Si pour l`armement, on peut augurer que les pays fournisseurs de troupes peuvent être aussi des pays donateurs d`armes, il n`en est pas de même pour le financement des opérations militaires inhérentes à une intervention armée. Le Nigeria, la puissance économique et financière de la CEDEAO suivi de la Côte d`Ivoire, est en proie lui-même à des difficultés économiques. Le pays de Goodluck fait face, en ce moment, à de sérieux problèmes internes. Dont les attentats tant par sa rébellion au sud que dans les zones du nord marquées par des conflits inter-ethniques et religieuses. Le géant ouest-africain peut-il, seul, supporter le poids du financement des opérations militaires? On espère, c`est vrai et compte tenu de son engagement, un soutien financier et logistique de la communauté internationale. Mais laquelle ? Quels sont les pays contributeurs, financièrement s`entend? Questions en suspens...
LA REALITE DU THEATRE DES OPERATIONS...
La 3è grande limite de cette intervention militaire de l`ECOMOG reste le théâtre des opérations, c`est-à-dire le terrain militaire sur lequel les troupes de l`ECOMOG vont agir. Si le groupe d`intervention militaire de la CEDEAO est déjà intervenu dans le passé au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau, le cas d`intervention en Côte d`Ivoire apparaît comme une grande nouveauté. Et ce, pour 2 grandes raisons. La première est que contrairement au Liberia et à la Sierra Leone où l`ECOMOG est arrivé dans un pays déjà en proie à la guerre civile, le cas de la Côte d`Ivoire est tout à fait différent, puisque la force ouest-africaine va débarquer dans un pays tenu d`une main ferme par un homme sûr de son droit de chef de l`État qu`est Laurent Gbagbo, fort d`une armée à lui restée fidèle que sont les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d`Ivoire. En plus de son bouclier humain constitué par des partisans indécrottables, notamment les Jeunes Patriotes, convaincus de leur bon droit, et les milices d`auto-défense fortement armées, auxquels cette force devra faire face. Dans les cas du Liberia, de la Sierra-Leone et de la Guinée-Bissau, il faut rappeler que la force ouest-africaine, pour intervenir, n`avait pu envoyer des hommes et du matériel que dans des zones contrôlées par les gouvernements en place afin de les aider à combattre les rébellions qui les menaçaient. A la vérité, c`est le théâtre des opérations, Abidjan notamment où est sanctuarisé Laurent Gbagbo, qui pose problème. Les 3000 hommes de l`ECOMOG peuvent-ils être parachutés dans un centre urbain comme Abidjan où il leur faudrait affronter une armée nationale dont la puissance de feu étonne quelque peu, avec derrière elle des mouvements aussi imprévisibles comme les Jeunes Patriotes et les milices, sans qu`il y ait du grabuge? Voici la grande interrogation. Reste l`engagement des ex-rebelles des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN). Le Commandant Chérif Ousmane, un des leaders des FAFN, a été clair: ses troupes appuieront l`ECOMOG en cas d`intervention. Il est clair que la zone Sud du pays, sous contrôle des FDS, ne pourra jamais servir de base d`appui aux troupes de l`ECOMOG. Reste l`aéroport militaire de Bouaké. Or, un débarquement de troupes de la CEDEAO dans la capitale du centre aurait pour effet immédiat de réactiver les lignes de front. Le Commandement du Théâtre des Opérations des FDS se trouvant à Yamoussoukro, on peut prédire d`avance l`enlisement des opérations militaires sur ces lignes de front, à plus de 300 km d`Abidjan, sinon des combats terribles pour que l`ECOMOG arrive à Abidjan. Qui peut présager que ces combats se feront sans dégâts collatéraux majeurs pour les populations sur ces 300 km? Il ne faut pas perdre de vue, l`implication des millions de ressortissants des pays de la sous-région installés en Côte d`Ivoire et qui fait de ce pays une CEDEAO en miniature. Pour ces populations, il faut craindre les représailles en cas d`intervention armée. On a en mémoire les tristes événements de 2004 qui avaient entraîné l`évacuation de milliers de Français du pays.
LE PLAN OUATTARA PEUT-IL ABOUTIR?
Du coup, on constate que l`intervention militaire de la CEDEAO apparaît comme une grosse incertitude, même si elle «reste sur la table». Reste alors l`intervention militaire «sans effusion de sang» que propose Alassane Ouattara pour aller «capturer» son rival au Palais et l`envoyer à un autre point du globe. En le disant, le candidat du RHDP pensait sans doute à cette fameuse opération commando des USA en Haïti pour aller y chercher le président Bertrand Aristide, devenu gênant, le jeter dans un avion affrété pour cela et qui a fait près de 24H de vol avant d`atterrir en Centrafrique qui avait accepté de l`accueillir. Si l`idée est séduisante pour M. Ouattara, n`empêche que sa mise à exécution reste suspendue à beaucoup d`incertitudes. D`abord, quel est le pays ou l`organisation qui exécute cette opération? Ce n`est peut-être pas la CEDEAO, puisque cela n`est pas dans ses possibilités. Reste la France et les USA, qui ont des armées à même de le faire. Mais, le président Nicolas Sarkozy a exclu une intervention des 900 soldats français déployés en Côte d`Ivoire. «Nos soldats, les soldats de la France, n`ont pas vocation à s`ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d`Ivoire. Ils agissent en vertu d`un mandat des Nations Unies», a-t-il dit devant les Armées françaises pour couper court aux rumeurs d`une intervention armée de la France. Quant aux USA, ils sont bien silencieux depuis quelque temps.
JMK AHOUSSOU