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Politique Publié le lundi 10 janvier 2011 | Le Patriote

Editorial - Vérité confisquée

Même si elle n’est pas encore à l’article de la mort, la Côte d’Ivoire va mal. Depuis les jours qui ont suivi le second tour de l’élection présidentielle, remportée avec brio par le Président du RDR et candidat du Rassemblement pour la démocratie et la paix, Alassane Ouattara, devant le candidat LMP, Laurent Gbagbo, le pays de Félix Houphouët-Boigny est plongé dans la tourmente. Ce pays, autrefois, béni de Dieu, est en proie à la frénésie des jours qui déchantent et des temps qui tanguent. On eût dit un navire ivoire qui chancelle, qui va décidément à vau-l’eau, si rien n’est fait d’ici-là, parce qu’un mauvais perdant, un solitaire, qui a découvert l’or, l’argent et les délices de la République, a choisi d’en confisquer le gouvernail, dans sa logique, maintes fois réitérée, de la solution du pire. Coupé de la réalité du pouvoir, il s’est terré dans le Palais de la République, comptant sur des Généraux, des miliciens et mercenaires étrangers génocidaires, des avocats octogénaires, rétribués à coups de centaines de millions de CFA, pour espérer, vainement, reprendre l’initiative politique qu’il a perdue. En dépit du ballet de six médiateurs africains et de la mise en garde de la Communauté internationale, Laurent Gbagbo fait la sourde oreille, s’il ne se braque pas contre tout le monde. Assurément, il n’est pas aisé de faire entendre raison à quelqu’un qui se met volontairement en situation d’inaptitude et de surdité.
C’est pourquoi, dans cette grisaille politique, faite de demi-vérités et, où certains adoptent la posture du clair-obscur, préférant troubler davantage le ciel et empêchant le brouillard de se dissiper, les Ivoiriens qui paient un lourd tribut à cette crise créée de toutes pièces par Gbagbo, le faux démocrate et mauvais « enfant des élections », attendaient beaucoup de la société civile et principalement des religieux. A vue d’œil, la moisson n’a pas atteint la promesse des fleurs.
De prime abord, la société civile, qui se dit apolitique, pour mieux tempérer les ardeurs d’une certaine classe politique et pour s’inscrire dans la vérité, a opté pour le clair-obscur, refusant de dire cette vérité qui fâche la refondation. A savoir que : Laurent Gbagbo a bel et bien perdu la présidentielle du dimanche 28 novembre dernier. Alors que le peuple attendait un discours de vérité de sa part, la société civile s’englue dans des déclarations de mauvaise inspiration. Avec leur vecteur commun de contorsions, de verbiage creux et de louvoiements intenables, demandant sinon la reprise d’un scrutin transparent, du moins l’instauration d’une transition politique, parce que, in fine, il y a des postes ministériels en vue. La société civile est apparue plus politisée que les hommes politiques. Avec elle, ce n’est pas pour demain, la sortie de l’auberge.
Par ailleurs, les Ivoiriens espéraient beaucoup de l’entrée en scène des hommes de Dieu, pour juguler la fausse palabre engendrée par Laurent Gbagbo et son clan. Comme s’ils venaient à peine de se réveiller, ces « Messagers » de Dieu sur Terre, chargés de conduire les sociétés à l’exactitude et de professer la parole de salut de l’Evangile, n’ont pas voulu être en harmonie avec l’éthique même de leur fonction de diseurs de vérité. Ce fut d’abord le Cardinal Agré, sur qui pesaient déjà de lourds soupçons dans le pourrissement de la vie politique, à propos de l’assassinat du Général Robert Guei, qui s’est illustré gauchement, en prenant fait et cause pour les thèses du chef de file de la Refondation. Par ailleurs, à la suite de pasteurs évangéliques qui pullulent dans les couloirs du Palais présidentiel, pour disent-ils protéger la Côte d’Ivoire, de « Satan », des prêtes catholiques se sont invités dans le débat postélectoral. Non pas pour dire ouvertement à Gbagbo qu’il a perdu le scrutin mais pour ergoter sur la nécessité de « la solution pacifique » et sur l’opposition à une intervention militaire pour rétablir le pouvoir légal incarné par le Président Alassane Ouattara. Ainsi donc, les hommes de Dieu ont choisi de promouvoir le mensonge et de s’éloigner de la vérité, qui reste le socle et la vertu cléricale en religion. Ne voient-ils pas que des citoyens sont assassinés, chaque jour, par des mercenaires étrangers, sur l’autel de la confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo ? Ne savent-ils pas que la préservation de la paix passe par la reconnaissance de sa défaite par le numéro un des refondateurs ? Pourquoi ériger la forfaiture en devoir là où la vérité saute aux yeux ? Les hommes en soutane avaient pourtant des arguments assez solides pour prendre, objectivement, position dans cette crise de démocratie dans notre pays.
En effet, à plusieurs reprises, ils ont échangé avec les différents acteurs du processus électoral qui leur ont donné toutes les assurances sur la bonne organisation du scrutin. Ces derniers ont instruit la Conférence épiscopale sur la sincérité des opérations électorales. Mais, par dessus tout, les évêques des diocèses de Bouaké et Korhogo, dont les localités ont été indexées « comme étant les nids de la fraude à grande échelle », ont publiquement annoncé n’avoir rien vu de notable qui puisse conduire à une infirmation des résultats dans leurs localités. C’est ce que le Préfets des régions de la Vallée du Bandama, des Savanes et du Worodougou, regroupant les sept départements en jeu, ont aussi dit dans leurs rapports respectifs, rédigés le 29 décembre 2010, à l’attention de Tagro Désiré, alors ministre de l’Intérieur.
Mais, Mgr Jean-Pierre Kutwa, chef de l’Eglise catholique et ses pairs, cherchaient-ils noise, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Ils ont décidé d’ignorer toutes les preuves à eux présentées, pour défendre le fauteuil de Laurent Gbagbo. Parti pris ou manque de courage ? Peut-être, les deux à la fois. Que seraient l’Afrique du Sud et certains pays africains si des hommes de Dieu, comme Desmond Tutu ou Isidore de Souza, conscients de leur mission pacificatrice, qui ne peut aller sans la vérité Unique, celle dont le Président Houphouët-Boigny disait qu’elle « est belle quand elle est nue », n’avaient pas pris leur courage pour dénoncer, devant chars et Kalachnikovs, l’injustice et les actes d’obstruction à la bonne marche de la démocratie. Or, ici, nos chers évêques et les politiciens masqués, avançant sous le manteau de la société civile, ont décidé de cacher la vérité pour, selon eux, préserver la paix. Or, l’histoire nous enseigne que l’injustice conduit au désordre. La Côte d’Ivoire est vraiment en difficulté et la responsabilité des religieux, pasteurs et faux dévots, est engagée. Ceux qui rusent avec la vérité, répondront de leurs actes et actions, si le pire arrivait. Dans une compétition électorale, il n’y qu’un seul vainqueur et jamais deux : celui à qui le peuple souverain de Côte d’Ivoire, a donné la majorité de ses voix
PAR CHARLES SANGA

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