Les populations de la commune d'Abobo, l'un des quartiers populaires d'Abidjan, ont passé une nuit très mouvementée le mardi dernier. Ils ont été tirés de leur sommeil par des tirs nourris à l'arme lourde. Les crépitements des armes, qui ont débuté peu après minuit, se sont poursuivis jusqu'au petit matin. Selon des sources policières, cinq policiers et un civil ont trouvé la mort dans cette autre manœuvre des Forces de défense et de sécurité après celle qui s'est déroulée le mardi matin (5 heures) à PK 18 toujours à Abobo. " Nous avons été attaqués à l'arme lourde ", nous a dit un élément des forces de l'ordre que nous avons eu au téléphone. Plusieurs habitants de la commune, que nous avons également joints au téléphone, ont confirmé les tirs à l'arme lourde et à l'arme légère toute la nuit du mardi à mercredi. Les affrontements, indiquent des habitants de la commune, ont baissé d'intensité, voire cessé vers 7 heures. Mais, un accrochage entre un chauffeur de taxi et des policiers au rond point de la mairie a replongé la commune dans les instants de braise. Des jeunes gens ont fait front aux forces de l'ordre qui passaient à tabac le conducteur d’un taxi. Des échauffourées qui s'en sont suivies, plusieurs véhicules dont des cargos (transport de troupes) ont été calcinés. La conduite des opérations d'hier nuit, n'a pas été du goût de plusieurs éléments des forces de sécurité. Nos sources soulignent qu'ils n'ont pas hésité, surtout ceux de la force d'élite de la police nationale (Bae), à dire leur mécontentement à leurs chefs hiérarchiques qu'ils accusent de les avoir amenés à l'abattoir. Il ressort des indiscrétions que les renforts attendus à Abobo, ne sont pas arrivés. Toute chose qui a pesé dans le bilan lourd qu'ils ont enregistré. Aussi est-on en droit de s'interroger sur les raisons profondes qui motivent la détermination des Forces de défense et de sécurité à pénétrer coûte que coûte dans Abobo. Deux opérations d'envergure ont, en effet, été menées mardi et mercredi, dans cette commune. Le bilan de ces deux opérations est sans appel. Les forces de l'ordre enregistrent de nombreuses pertes en vie humaine en leur sein. Qu'est-ce qui peut bien justifier une telle détermination des Fds qui les conduit pourtant à la mort ? Des langues n'hésitent pas à soutenir que tout ceci est fait à cause de Blé Goudé qui veut à tout prix tenir un meeting à Abobo, commune dont des jeunes l'ont déjà averti qu'il n'était pas le bienvenu.
Paul Koffi
Paul Koffi
