«L`option militaire reste sur la table», a prévenu la Communauté Économique Des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) dans les probables tentatives de règlement de la crise post-électorale en Côte d`Ivoire. Depuis hier lundi 17 janvier, les Chefs d`états-majors des Armées (CEMA) de l`Afrique de l`Ouest sont réunis à Bamako pour tenter d`harmoniser leurs positions si éventuellement l`option militaire était maintenue pour régler la crise ivoirienne. Mais de sources diplomatiques bien informées, cette option armée divise gravement les états-majors des Armées des pays ouest-africains et leurs chefs d`État respectifs. En effet, selon nos sources, les chefs d`états-majors des Armées ouest-africaines ont posé un certain nombre de questions auxquelles leurs chefs d`État n`arrivent pas à trouver des réponses satisfaisantes. Ce qui, du coup, plombe leur ardeur, même chez les plus va-t-en guerre. Trois grandes questions divisent les CEMA ouest-africains et leurs mandants.
QUESTION N°1: LA QUESTION DES CIBLES A FRAPPER
«Quelles sont les cibles à frapper et à neutraliser pour réussir l`intervention militaire?», voilà la première question qui divise. Pour nombre de chefs d`état-majors ouest-africains, le caractère cosmopolite de la Côte d`Ivoire, du point de vue surtout de son peuplement, rend cette mission armée particulièrement délicate, compte tenu de ce que les balles ne trient pas ou ne distinguent pas, sur les théâtres des opérations, les cibles. En effet, la Côte d`Ivoire est à elle seule une ``mini CEDEAO`` tant les populations ouest-africaines y sont représentées en grand nombre, et surtout dans les grandes agglomérations comme Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké et autres. Comment une troupe militaire de la CEDEAO intervenant à Abidjan peut-elle distinguer un pro-Gbagbo d`un pro-Ouattara, sur le terrain? La question des cibles est d`autant plus préoccupante pour les états-majors des Armées ouest-africaines que le risque qu`une troupe armée, aéroportée ou héliportée, tire sur ses ressortissants dans le cadre d`une telle intervention, est très élevé au cours des opérations. Cela renvoie à la deuxième question qui divise.
QUESTION N°2: QUE VONT DIRE LES ARMEES DE LA CEDEAO FACE A LEURS OPINIONS PUBLIQUES?
La question n°2 est d`autant plus importante qu`elle touche le volet de la justification d`une bavure militaire à Abidjan, tout comme celle d`une troupe armée venant attaquer un pays qui ne lui a pas déclaré la guerre. Que vont dire les Armées ouest-africaines à leurs opinions publiques respectives face à une «agression» de la Côte d`Ivoire qui ne leur a pas déclaré la guerre? Pour nos sources, les choses sont si claires que si l`opération militaire de la CEDEAO à Abidjan, dans le but d`enlever le Président Laurent Gbagbo du pouvoir, dérapait, en termes de dommages collatéraux concernant les populations civiles et les populations étrangères présentes ici, que diraient ces armées à leurs opinions publiques respectives? Cette autre préoccupation, selon nos sources, douchent considérablement les uns et les autres. Et puis, une intervention militaire pour un contentieux électoral, cela semble un argument quelque peu spécieux à faire passer dans la mesure où la presque totalité des pays de la CEDEAO, à quelques exceptions près, ont été confrontés à des contentieux électoraux ces dix dernières années. Dans le cas du Nigeria, champion de l`intervention armée au sein de la CEDEAO, qui ne se souvient du contentieux électoral qu`il y a eu entre le candidat Moshood Abiola et le général Sani Abacha et qui ne s`est soldé que dans la mort des deux principaux protagonistes?
QUESTION N°3: ET SI L`OPERATION ARMEE S`ENLISAIT?
La troisième question qui divise CEMA et chefs d`État de l`Afrique de l`Ouest, porte sur la phase militaire elle-même. «Et si l`opération militaire n`était pas un succès de façon éclair et qu`elle traînait finalement dans le temps, que faire?», c`est la préoccupation dérangeante. Sur le principe de l`intervention armée, deux écoles s`affrontent. D`un côté, il y a ceux qui préconisent «l`opération de type commando» tel qu`évoqué par le candidat déclaré élu par la Cei, Alassane Dramane Ouattara, qui consiste à venir enlever du palais présidentiel celui proclamé par le Conseil constitutionnel, pour une destination lointaine. Cette opération est-elle dans les cordes des troupes militaires de la CEDEAO? De l`autre, il y a ceux qui préconisent une opération militaire de type débarquement des troupes, contrôle des points névralgiques, neutralisation des cibles désignées et exfiltration avec retrait des troupes, le tout dans un timing bien huilé. Le hic, c`est que la réalité du terrain à Abidjan a montré ces derniers temps qu`on a affaire à un Laurent Gbagbo qui est bunkerisé derrière sa troupe, et dont la puissance de feu échappe un peu aux observateurs. En effet, lors des derniers événements du 16 décembre dernier, l`appel du Premier ministre d`Alassane Ouattara, Guillaume Kigbafory Soro à prendre la RTI, les observateurs avertis ont remarqué dans les rues d`Abidjan de l`armement qu`ils ne soupçonnaient pas au service des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d`Ivoire. Du coup, ces observateurs ont découvert que malgré l`embargo onusien, le régime Gbagbo est loin d`être désarmé. Comme quoi l`option militaire reste sur la table, mais continue de susciter des controverses...
JMK AHOUSSOU
QUESTION N°1: LA QUESTION DES CIBLES A FRAPPER
«Quelles sont les cibles à frapper et à neutraliser pour réussir l`intervention militaire?», voilà la première question qui divise. Pour nombre de chefs d`état-majors ouest-africains, le caractère cosmopolite de la Côte d`Ivoire, du point de vue surtout de son peuplement, rend cette mission armée particulièrement délicate, compte tenu de ce que les balles ne trient pas ou ne distinguent pas, sur les théâtres des opérations, les cibles. En effet, la Côte d`Ivoire est à elle seule une ``mini CEDEAO`` tant les populations ouest-africaines y sont représentées en grand nombre, et surtout dans les grandes agglomérations comme Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké et autres. Comment une troupe militaire de la CEDEAO intervenant à Abidjan peut-elle distinguer un pro-Gbagbo d`un pro-Ouattara, sur le terrain? La question des cibles est d`autant plus préoccupante pour les états-majors des Armées ouest-africaines que le risque qu`une troupe armée, aéroportée ou héliportée, tire sur ses ressortissants dans le cadre d`une telle intervention, est très élevé au cours des opérations. Cela renvoie à la deuxième question qui divise.
QUESTION N°2: QUE VONT DIRE LES ARMEES DE LA CEDEAO FACE A LEURS OPINIONS PUBLIQUES?
La question n°2 est d`autant plus importante qu`elle touche le volet de la justification d`une bavure militaire à Abidjan, tout comme celle d`une troupe armée venant attaquer un pays qui ne lui a pas déclaré la guerre. Que vont dire les Armées ouest-africaines à leurs opinions publiques respectives face à une «agression» de la Côte d`Ivoire qui ne leur a pas déclaré la guerre? Pour nos sources, les choses sont si claires que si l`opération militaire de la CEDEAO à Abidjan, dans le but d`enlever le Président Laurent Gbagbo du pouvoir, dérapait, en termes de dommages collatéraux concernant les populations civiles et les populations étrangères présentes ici, que diraient ces armées à leurs opinions publiques respectives? Cette autre préoccupation, selon nos sources, douchent considérablement les uns et les autres. Et puis, une intervention militaire pour un contentieux électoral, cela semble un argument quelque peu spécieux à faire passer dans la mesure où la presque totalité des pays de la CEDEAO, à quelques exceptions près, ont été confrontés à des contentieux électoraux ces dix dernières années. Dans le cas du Nigeria, champion de l`intervention armée au sein de la CEDEAO, qui ne se souvient du contentieux électoral qu`il y a eu entre le candidat Moshood Abiola et le général Sani Abacha et qui ne s`est soldé que dans la mort des deux principaux protagonistes?
QUESTION N°3: ET SI L`OPERATION ARMEE S`ENLISAIT?
La troisième question qui divise CEMA et chefs d`État de l`Afrique de l`Ouest, porte sur la phase militaire elle-même. «Et si l`opération militaire n`était pas un succès de façon éclair et qu`elle traînait finalement dans le temps, que faire?», c`est la préoccupation dérangeante. Sur le principe de l`intervention armée, deux écoles s`affrontent. D`un côté, il y a ceux qui préconisent «l`opération de type commando» tel qu`évoqué par le candidat déclaré élu par la Cei, Alassane Dramane Ouattara, qui consiste à venir enlever du palais présidentiel celui proclamé par le Conseil constitutionnel, pour une destination lointaine. Cette opération est-elle dans les cordes des troupes militaires de la CEDEAO? De l`autre, il y a ceux qui préconisent une opération militaire de type débarquement des troupes, contrôle des points névralgiques, neutralisation des cibles désignées et exfiltration avec retrait des troupes, le tout dans un timing bien huilé. Le hic, c`est que la réalité du terrain à Abidjan a montré ces derniers temps qu`on a affaire à un Laurent Gbagbo qui est bunkerisé derrière sa troupe, et dont la puissance de feu échappe un peu aux observateurs. En effet, lors des derniers événements du 16 décembre dernier, l`appel du Premier ministre d`Alassane Ouattara, Guillaume Kigbafory Soro à prendre la RTI, les observateurs avertis ont remarqué dans les rues d`Abidjan de l`armement qu`ils ne soupçonnaient pas au service des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d`Ivoire. Du coup, ces observateurs ont découvert que malgré l`embargo onusien, le régime Gbagbo est loin d`être désarmé. Comme quoi l`option militaire reste sur la table, mais continue de susciter des controverses...
JMK AHOUSSOU