La guerre civile en Côte d’Ivoire a commencé en septembre 2002. Les rebelles sont venus du Burkina Faso, pays situé au Nord de la Côte d’Ivoire et patrie du dictateur Blaise Compaoré, qui est au pouvoir depuis 1987, année où il a fait assassiner le légendaire Thomas Sankara, un autre pourfendeur de néocolonialistes, comme Laurent Gbagbo. Blaise Compaoré est l’homme de la France et de la Cia, qui l’ont encouragé dans son homicide et son coup d’État, de façon à interrompre les changements en profondeur entrepris par Thomas Sankara et à remettre le Burkina Faso au service de ses maîtres occidentaux.
N’est-il pas étrange qu’aujourd’hui, le cartel médiatique occidental n’ait d’yeux que pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire et ne nous parle aucunement du dictateur Blaise Compaoré, qui règne pourtant sans partage sur le Burkina Faso depuis 23 ans, alors que la Constitution burkinabée autorise deux mandats de cinq ans et qu’aucune guerre civile, ni aucun autre motif ne justifient le maintien au pouvoir du même homme pendant si longtemps ? Blaise Compaoré a été réélu le 25 novembre 2010, trois jours avant le deuxième tour de l’élection en Côte d’Ivoire. Il a obtenu 80 % des suffrages. Son peuple doit l’adorer n’est-ce pas ? En tout cas, il a intérêt parce que la sécurité des gens qui critiquent le régime est très relative au Burkina Faso. Le célèbre journaliste Norbert Zongo, sujet de quelques mesures d’une chanson d’Alpha Blondy sur l’air d’Au clair de la lune, a été assassiné en 1998 alors qu’il s’intéressait d’un peu trop près à la mort mystérieuse de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère de l’autre.
Vous n’entendrez pas souvent les journalistes de Radio-Canada traiter Blaise Compaoré de tricheur. Les monarques, les dictateurs et les assassins en série figurant sur la liste des bons clients de l’Empire anglo-étasunien et de ses laquais ont bonne presse en Occident, notamment dans les reportages de l’Afp et de Radio-Canada. Les présidents génocidaires peuvent emprisonner ou tuer leurs opposants loin des caméras. Les princes amis peuvent forcer les femmes à porter l’abaya et leur faire subir un triste sort sans que les Paul Martin, Stephen Harper et Christine St-Pierre ressentent la nécessité de bombarder leur pays pour mettre fin aux inégalités.
Le fanatisme récompensé
Mais revenons à la Côte d’Ivoire. La guerre est toujours légitime si elle est déclenchée par un bon client réel ou potentiel de l’Empire anglo-étasunien. Peu importe la situation véritable, les agresseurs sont dépeints comme d’intrépides rebelles et l’État agressé, comme un tas de vilains. Pourtant, le recours injustifié aux armes, qui cause inévitablement la mort et de grandes souffrances parmi la population civile, ne devrait-il pas être immédiatement sanctionné par la soi-disant communauté internationale ? Pourquoi s’interposer et feindre de voir des coupables dans les deux camps, quand l’un d’eux a commencé la guerre sans motif légitime ? Pourquoi reprocher à l’État attaqué d’augmenter ses dépenses militaires ? Quel État ne le ferait pas dans un tel cas ? Pourquoi ne pas tout simplement aider l’État à rétablir l’ordre contre les fanatiques qui, au lieu d’attendre la prochaine élection, décident de prendre les armes alors que le gouvernement du pays n’est coupable d’aucune violation grave des droits de la personne.
Même si la Côte d’Ivoire n’est pas une grande puissance, il reste qu’elle a une armée à laquelle on ne peut résister avec des moyens de fortune. Se constituer une force militaire capable d’occuper une grande partie du territoire national, sans un soutien massif de la population, nécessite des sommes énormes. Il faut non seulement équiper les soldats, mais aussi les payer et les nourrir. En pareil cas, il y a deux moyens de financement : le crime organisé et les alliés étrangers. Les chefs de guerre des Forces nouvelles s’appuient sur les deux. Ils pratiquent l’exploitation illégale et la contrebande du cacao, du coton, du bois, de l’or, de la canne à sucre, du café et des diamants. De plus, ils bénéficient du concours du Burkina Faso, qui leur sert de base arrière, ainsi que des gouvernements des États-Unis et de la France.
En 2002, après avoir raté leur coup d’État, les insurgés ont protesté pour la galerie contre l’interposition des soldats français de l’opération Licorne, les accusant de faire le jeu du gouvernement de Laurent Gbagbo. Mais en réalité, la France a donné un bon coup de pouce aux insurgés en exigeant un cessez-le-feu, alors que les civils avaient fui Bouaké, où les insurgés étaient retranchés, et que les forces ivoiriennes s’apprêtaient à les déloger. Laurent Gbagbo accepta de discuter avec les insurgés dans une situation où bien des chefs d’État occidentaux se seraient montrés sans pitié. Suivit l’Accord de Linas-Marcoussis, en janvier 2003, qui prévoyait la participation des insurgés au gouvernement, ce qui s’est concrétisé, ainsi que leur désarmement complet, ce qui ne s’est jamais produit malgré la répétition dans trois autres accords (Accra, Pretoria et Ouagadougou) de l’exigence de désarmement. Morale de l’histoire : achetez-vous des Kalachnikovs et des lance-roquettes et, peu importe que vous ne défendiez aucune cause digne de ce nom, vous obtiendrez la reconnaissance de votre légitimité.
Soldats français de l’opération Licorne, à Abidjan
Guillaume Soro, le chef de guerre actuellement Premier ministre fantoche d’Alassane Ouattara dans la République hôtelière du Golf, a troqué son treillis et sa mitraillette pour le poste de ministre de la Communication en février 2003. Plus tard, en 2007, il sera nommé Premier ministre par Laurent Gbagbo grâce à l’Accord de Ouagadougou. Certains de ses potes insurgés sont devenus eux aussi ministres, avec chauffeur, limousine et divers autres avantages consentis à leur famille et leurs copains, qui ont eu droit à des postes de fonctionnaire. Ils ont exercé sur la gestion de l’État une influence nuisible pendant que, tranquillement, la force d’occupation onusienne prenait le relai des Français pour, elle aussi, favoriser les insurgés. Elle protège et ravitaille aujourd’hui, le gouvernement hôtelier de Ouattara.
C’est un peu comme si Robert Bourassa avait accepté de nommer Jacques Lanctôt ministre, à l’issue d’une crise d’octobre 1970 où la France se serait interposée entre l’armée canadienne et le Flq. J’aurais bien aimé ça, mais ce n’est pas ainsi que fonctionne la démocratie. Qu’en pensent les détenteurs exclusifs de la vertu, à Ottawa, eux qui exigent aujourd’hui, le départ de Laurent Gbagbo ? S’ils souscrivent désormais au principe de la légitimité militaire en démocratie, je commence demain matin une collecte de fonds pour armer le nouveau Flq et renverser Charest. Au moins, dans le cas du Québec, nous avons une cause juste, contrairement à Ouattara et sa bande de déviants.
Les commanditaires de la guerre civile en Côte d’Ivoire sont les mêmes qui font semblant de s’interposer, mais qui ont toujours eu comme intention de favoriser le renversement de Laurent Gbagbo et son remplacement par Alassane Ouattara, l’homme des États-Unis, comme le disait l’expert Michel Galy sur les ondes de Kernews, le 6 janvier 2010. Ces commanditaires se cachent aujourd’hui, derrière l’écran de fumée de la désinformation. Ni vus, ni connus. Mais quand on se renseigne et on réfléchit un peu, il n’est pas difficile de trouver le mobile et les coupables et de s’extirper de la confusion dans laquelle essaie de nous maintenir le cartel médiatique. À mon avis, la décision de la France de favoriser les insurgés plutôt que le gouvernement Gbagbo a été fortement déterminée par la politique étrangère de Washington, elle-même façonnée selon les intérêts de la ploutocratie internationale, qui a l’argent comme seule patrie. La France a appris à ses dépens, dans le conflit rwandais de 1990 à 1994, qu’elle n’a pas les moyens de s’opposer à la volonté de Washington et de Londres en Afrique, qui ont comme objectif stratégique de bloquer les avancées économiques de la Chine sur ce continent en installant des dirigeants malléables dans les capitales.
La bavure révélatrice de Bouaké et le massacre de l’Hôtel Ivoire
Un incident entouré de mystère révèle le parti pris des laquais français de l’Empire anglo-étasunien contre le gouvernement Gbagbo. Il s’agit de l’attaque contre le campement français de Bouaké, près du fief des Forces nouvelles, le 6 novembre 2004. Cette attaque réalisée avec deux appareils Soukhoï a fait 9 morts et 37 blessés parmi les soldats français de l’opération Licorne et a tué également un agronome étasunien qui se trouvait dans le campement. Une source bien renseignée de l’appareil judiciaire français m’a confirmé que l’attaque était, selon elle, une bavure consécutive à une commande de la France elle-même, qui voulait se donner un prétexte pour détruire l’aviation ivoirienne et empêcher le gouvernement de Laurent Gbagbo de prendre un avantage décisif contre les insurgés des Forces nouvelles. Malheureusement pour les soldats français, les pilotes biélorusses des Soukhoï, Barys Smahin et Yuri Sushkin, avec leurs copilotes ivoiriens, Diopoh Oupoh et Ange Gnanduillet, ont raté la cible. Ils ont bombardé le lycée Descartes, où étaient les Français, au lieu d’un gymnase voisin où devaient se réunir plusieurs cadres des Forces nouvelles.
Après le bombardement, les Français ont mis à exécution les ordres qui avaient vraisemblablement été donnés à l’avance : ils ont détruit l’aviation ivoirienne et n’ont jamais interrogé les pilotes des Soukhoï, qu’ils ont tout bonnement laissé partir, même s’ils ont eu plusieurs occasions de les arrêter. Évidemment, si on avait inquiété les pilotes, ceux-ci se seraient défendus en révélant la machination. Les corps des soldats français ont été enterrés à la hâte, sans autopsie, ce qui est contraire à la procédure obligatoire lorsqu’on pense qu’il y a eu assassinat. La juge d’instruction Brigitte Raynaud, chargée de l’enquête criminelle après un délai anormalement long de deux mois, s’est heurtée systématiquement au « secret défense » lorsqu’elle a voulu consulter les rapports militaires. Bref, il est évident qu’on a cherché à dissimuler la vérité, comme en fait foi le reportage ci-dessous, diffusé à l’émission «Pièces à conviction», de France 3, le 2 mars 2007.
Au lendemain de l’attaque de Bouaké et de la destruction de l’aviation ivoirienne, les Ivoiriens en colère se sont mis à exiger le départ des troupes françaises. Le mardi 9 novembre 2004, les soldats français ont ouvert le feu sur une foule non armée qui manifestait devant l’Hôtel Ivoire, où ils étaient installés, tuant plusieurs dizaines de civils ivoiriens et en blessant plusieurs centaines. Des tireurs d’élite français embusqués dans leur chambre d’hôtel se sont même amusés à faire des cartons sur des enfants sans défense. Bien entendu, plusieurs milliers de ressortissants français ont dû alors fuir le pays pour échapper à la vindicte populaire. La ministre française de la Défense était à l’époque Michèle Alliot-Marie, une spécialiste du mensonge d’État. Elle est aujourd’hui, ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Bernard Kouchner, qui a terminé en novembre son mandat consistant essentiellement à rapprocher Paris des criminels de Kigali, conformément aux instructions reçues de Washington. Les reportages ci-dessous décrivent le comportement sanguinaire de l’armée française, en novembre 2004, et la dissimulation pratiquée par Mme Alliot-Marie. Le mensonge est du reste la règle plutôt que l’exception parmi les marionnettes politiques de la ploutocratie, qu’elles soient à l’Élysée, à la Maison-Blanche ou sur la promenade Sussex.
Sarkozy, le collabo
Michèle Alliot-Marie est donc la nouvelle titulaire du poste d’ambassadeur français des États-Unis, dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, créature politique de la ploutocratie, notamment de Paul Desmarais, et ennemi de la souveraineté du Québec. Mme Alliot-Marie s’emploie maintenant à mettre au service des États-Unis et de leur protégé Ouattara son expérience des fausses opérations de maintien de la paix françaises. Or, le comportement obséquieux de Mme Alliot-Marie et de son patron le président à genoux devant l’Empire est loin d’impressionner leurs collègues du gouvernement et de l’Assemblée nationale.
Michèle Alliot-Marie, menteuse d’État et nouvelle titulaire du poste d’ambassadeur français des États-Unis dans le gouvernement Sarkozy.
Des voix commencent à s’élever, en France, au sein même de l’Ump, contre l’à-plat-ventrisme de l’homme des États-Unis à l’Élysée, Nicolas Sarkozy, véritable Pétain des temps modernes et collabo en chef de la francophonie, qui met en péril les intérêts de ses compatriotes en Côte d’Ivoire. Le Président français a réclamé avec véhémence le départ de Laurent Gbagbo, et risque ainsi de nuire aux entreprises françaises comme Bouygues et Bolloré, qui brassent de grosses affaires en Côte d’Ivoire. Il agit en servile porte-parole de Washington et non en président de la République.
Nicolas Sarkozy, l’homme des États-Unis, avec son ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Koucher, qui vient de terminer son mandat consistant à rapprocher Paris des criminels de Kigali, conformément aux instructions reçues de Washington.
Au premier rang des ennemis de la démocratie ivoirienne, des intérêts de la France et de l’indépendance du Québec figure donc le sinistre Nicolas Sarkozy, qui, contrairement à son grand prédécesseur de Gaulle, est dans le même camp qu’Ottawa, où le Premier ministre Harper et le ministre Cannon participent allègrement à la mise au pilori de Laurent Gbagbo. Ottawa a indiqué à l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire de rentrer chez lui. Nullement intimidés, les Ivoiriens ont répliqué en invitant l’ambassadrice du Canada à quitter Abidjan.
L’occasion est belle, pour nous, les indépendantistes québécois, de nous montrer solidaires du peuple ivoirien, contre des adversaires qui sont aussi les nôtres. Nous savons très bien ce que veut dire une élection volée par la fraude puisqu’en 1995, lors du référendum sur la souveraineté, nous nous sommes fait voler notre droit à l’autodétermination par le régime néocolonial d’Ottawa et ses collabos québécois. M. Khadir, Mme David, Mme Marois et M. Duceppe vont-ils se taire ou, pire encore, se mettre à bêler derrière les menteurs de Washington, Paris et Ottawa ? Ils devraient plutôt saisir l’occasion rendre la monnaie de sa pièce à l’énervé de l’Élysée qu’ils ont déjà rabroué, lui qui nous crache dessus pour le plus grand plaisir de son patron Desmarais et de son petit copain Charest. Sachons tendre la main aux Français qui n’en peuvent plus de leur Pétain nouveau genre pour lutter avec eux, contre cet être exécrable et ses riches maitres.
Les Ivoiriens en ont marre de Sarkozy. Les Québécois aussi
La démocratie occidentale factice a fière allure tant qu’il s’agit de choisir entre le valet bleu et le valet rouge de la ploutocratie. Mais, lorsque les fondements du régime d’asservissement sont remis en question, le naturel des faux démocrates revient au galop. Et leur principale arme, après les fusils, est le cartel médiatique. Ne croyons surtout rien de ce que nous racontent les propagandistes conscients ou non qui se font appeler journalistes, à Radio-Canada et dans d’autres médias. Tantôt ignorants, tantôt obnubilés, tantôt complices, ce sont des ennemis de la liberté et du peuple, que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Québec. Quand vient le temps de choisir entre le droit à l’information du public et les intérêts de leurs patrons, ils se rappellent toujours qui paie leur salaire.
PAR Bernard Desgagne
Chronique de Bernard Desgagné
Source: vigile
N’est-il pas étrange qu’aujourd’hui, le cartel médiatique occidental n’ait d’yeux que pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire et ne nous parle aucunement du dictateur Blaise Compaoré, qui règne pourtant sans partage sur le Burkina Faso depuis 23 ans, alors que la Constitution burkinabée autorise deux mandats de cinq ans et qu’aucune guerre civile, ni aucun autre motif ne justifient le maintien au pouvoir du même homme pendant si longtemps ? Blaise Compaoré a été réélu le 25 novembre 2010, trois jours avant le deuxième tour de l’élection en Côte d’Ivoire. Il a obtenu 80 % des suffrages. Son peuple doit l’adorer n’est-ce pas ? En tout cas, il a intérêt parce que la sécurité des gens qui critiquent le régime est très relative au Burkina Faso. Le célèbre journaliste Norbert Zongo, sujet de quelques mesures d’une chanson d’Alpha Blondy sur l’air d’Au clair de la lune, a été assassiné en 1998 alors qu’il s’intéressait d’un peu trop près à la mort mystérieuse de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère de l’autre.
Vous n’entendrez pas souvent les journalistes de Radio-Canada traiter Blaise Compaoré de tricheur. Les monarques, les dictateurs et les assassins en série figurant sur la liste des bons clients de l’Empire anglo-étasunien et de ses laquais ont bonne presse en Occident, notamment dans les reportages de l’Afp et de Radio-Canada. Les présidents génocidaires peuvent emprisonner ou tuer leurs opposants loin des caméras. Les princes amis peuvent forcer les femmes à porter l’abaya et leur faire subir un triste sort sans que les Paul Martin, Stephen Harper et Christine St-Pierre ressentent la nécessité de bombarder leur pays pour mettre fin aux inégalités.
Le fanatisme récompensé
Mais revenons à la Côte d’Ivoire. La guerre est toujours légitime si elle est déclenchée par un bon client réel ou potentiel de l’Empire anglo-étasunien. Peu importe la situation véritable, les agresseurs sont dépeints comme d’intrépides rebelles et l’État agressé, comme un tas de vilains. Pourtant, le recours injustifié aux armes, qui cause inévitablement la mort et de grandes souffrances parmi la population civile, ne devrait-il pas être immédiatement sanctionné par la soi-disant communauté internationale ? Pourquoi s’interposer et feindre de voir des coupables dans les deux camps, quand l’un d’eux a commencé la guerre sans motif légitime ? Pourquoi reprocher à l’État attaqué d’augmenter ses dépenses militaires ? Quel État ne le ferait pas dans un tel cas ? Pourquoi ne pas tout simplement aider l’État à rétablir l’ordre contre les fanatiques qui, au lieu d’attendre la prochaine élection, décident de prendre les armes alors que le gouvernement du pays n’est coupable d’aucune violation grave des droits de la personne.
Même si la Côte d’Ivoire n’est pas une grande puissance, il reste qu’elle a une armée à laquelle on ne peut résister avec des moyens de fortune. Se constituer une force militaire capable d’occuper une grande partie du territoire national, sans un soutien massif de la population, nécessite des sommes énormes. Il faut non seulement équiper les soldats, mais aussi les payer et les nourrir. En pareil cas, il y a deux moyens de financement : le crime organisé et les alliés étrangers. Les chefs de guerre des Forces nouvelles s’appuient sur les deux. Ils pratiquent l’exploitation illégale et la contrebande du cacao, du coton, du bois, de l’or, de la canne à sucre, du café et des diamants. De plus, ils bénéficient du concours du Burkina Faso, qui leur sert de base arrière, ainsi que des gouvernements des États-Unis et de la France.
En 2002, après avoir raté leur coup d’État, les insurgés ont protesté pour la galerie contre l’interposition des soldats français de l’opération Licorne, les accusant de faire le jeu du gouvernement de Laurent Gbagbo. Mais en réalité, la France a donné un bon coup de pouce aux insurgés en exigeant un cessez-le-feu, alors que les civils avaient fui Bouaké, où les insurgés étaient retranchés, et que les forces ivoiriennes s’apprêtaient à les déloger. Laurent Gbagbo accepta de discuter avec les insurgés dans une situation où bien des chefs d’État occidentaux se seraient montrés sans pitié. Suivit l’Accord de Linas-Marcoussis, en janvier 2003, qui prévoyait la participation des insurgés au gouvernement, ce qui s’est concrétisé, ainsi que leur désarmement complet, ce qui ne s’est jamais produit malgré la répétition dans trois autres accords (Accra, Pretoria et Ouagadougou) de l’exigence de désarmement. Morale de l’histoire : achetez-vous des Kalachnikovs et des lance-roquettes et, peu importe que vous ne défendiez aucune cause digne de ce nom, vous obtiendrez la reconnaissance de votre légitimité.
Soldats français de l’opération Licorne, à Abidjan
Guillaume Soro, le chef de guerre actuellement Premier ministre fantoche d’Alassane Ouattara dans la République hôtelière du Golf, a troqué son treillis et sa mitraillette pour le poste de ministre de la Communication en février 2003. Plus tard, en 2007, il sera nommé Premier ministre par Laurent Gbagbo grâce à l’Accord de Ouagadougou. Certains de ses potes insurgés sont devenus eux aussi ministres, avec chauffeur, limousine et divers autres avantages consentis à leur famille et leurs copains, qui ont eu droit à des postes de fonctionnaire. Ils ont exercé sur la gestion de l’État une influence nuisible pendant que, tranquillement, la force d’occupation onusienne prenait le relai des Français pour, elle aussi, favoriser les insurgés. Elle protège et ravitaille aujourd’hui, le gouvernement hôtelier de Ouattara.
C’est un peu comme si Robert Bourassa avait accepté de nommer Jacques Lanctôt ministre, à l’issue d’une crise d’octobre 1970 où la France se serait interposée entre l’armée canadienne et le Flq. J’aurais bien aimé ça, mais ce n’est pas ainsi que fonctionne la démocratie. Qu’en pensent les détenteurs exclusifs de la vertu, à Ottawa, eux qui exigent aujourd’hui, le départ de Laurent Gbagbo ? S’ils souscrivent désormais au principe de la légitimité militaire en démocratie, je commence demain matin une collecte de fonds pour armer le nouveau Flq et renverser Charest. Au moins, dans le cas du Québec, nous avons une cause juste, contrairement à Ouattara et sa bande de déviants.
Les commanditaires de la guerre civile en Côte d’Ivoire sont les mêmes qui font semblant de s’interposer, mais qui ont toujours eu comme intention de favoriser le renversement de Laurent Gbagbo et son remplacement par Alassane Ouattara, l’homme des États-Unis, comme le disait l’expert Michel Galy sur les ondes de Kernews, le 6 janvier 2010. Ces commanditaires se cachent aujourd’hui, derrière l’écran de fumée de la désinformation. Ni vus, ni connus. Mais quand on se renseigne et on réfléchit un peu, il n’est pas difficile de trouver le mobile et les coupables et de s’extirper de la confusion dans laquelle essaie de nous maintenir le cartel médiatique. À mon avis, la décision de la France de favoriser les insurgés plutôt que le gouvernement Gbagbo a été fortement déterminée par la politique étrangère de Washington, elle-même façonnée selon les intérêts de la ploutocratie internationale, qui a l’argent comme seule patrie. La France a appris à ses dépens, dans le conflit rwandais de 1990 à 1994, qu’elle n’a pas les moyens de s’opposer à la volonté de Washington et de Londres en Afrique, qui ont comme objectif stratégique de bloquer les avancées économiques de la Chine sur ce continent en installant des dirigeants malléables dans les capitales.
La bavure révélatrice de Bouaké et le massacre de l’Hôtel Ivoire
Un incident entouré de mystère révèle le parti pris des laquais français de l’Empire anglo-étasunien contre le gouvernement Gbagbo. Il s’agit de l’attaque contre le campement français de Bouaké, près du fief des Forces nouvelles, le 6 novembre 2004. Cette attaque réalisée avec deux appareils Soukhoï a fait 9 morts et 37 blessés parmi les soldats français de l’opération Licorne et a tué également un agronome étasunien qui se trouvait dans le campement. Une source bien renseignée de l’appareil judiciaire français m’a confirmé que l’attaque était, selon elle, une bavure consécutive à une commande de la France elle-même, qui voulait se donner un prétexte pour détruire l’aviation ivoirienne et empêcher le gouvernement de Laurent Gbagbo de prendre un avantage décisif contre les insurgés des Forces nouvelles. Malheureusement pour les soldats français, les pilotes biélorusses des Soukhoï, Barys Smahin et Yuri Sushkin, avec leurs copilotes ivoiriens, Diopoh Oupoh et Ange Gnanduillet, ont raté la cible. Ils ont bombardé le lycée Descartes, où étaient les Français, au lieu d’un gymnase voisin où devaient se réunir plusieurs cadres des Forces nouvelles.
Après le bombardement, les Français ont mis à exécution les ordres qui avaient vraisemblablement été donnés à l’avance : ils ont détruit l’aviation ivoirienne et n’ont jamais interrogé les pilotes des Soukhoï, qu’ils ont tout bonnement laissé partir, même s’ils ont eu plusieurs occasions de les arrêter. Évidemment, si on avait inquiété les pilotes, ceux-ci se seraient défendus en révélant la machination. Les corps des soldats français ont été enterrés à la hâte, sans autopsie, ce qui est contraire à la procédure obligatoire lorsqu’on pense qu’il y a eu assassinat. La juge d’instruction Brigitte Raynaud, chargée de l’enquête criminelle après un délai anormalement long de deux mois, s’est heurtée systématiquement au « secret défense » lorsqu’elle a voulu consulter les rapports militaires. Bref, il est évident qu’on a cherché à dissimuler la vérité, comme en fait foi le reportage ci-dessous, diffusé à l’émission «Pièces à conviction», de France 3, le 2 mars 2007.
Au lendemain de l’attaque de Bouaké et de la destruction de l’aviation ivoirienne, les Ivoiriens en colère se sont mis à exiger le départ des troupes françaises. Le mardi 9 novembre 2004, les soldats français ont ouvert le feu sur une foule non armée qui manifestait devant l’Hôtel Ivoire, où ils étaient installés, tuant plusieurs dizaines de civils ivoiriens et en blessant plusieurs centaines. Des tireurs d’élite français embusqués dans leur chambre d’hôtel se sont même amusés à faire des cartons sur des enfants sans défense. Bien entendu, plusieurs milliers de ressortissants français ont dû alors fuir le pays pour échapper à la vindicte populaire. La ministre française de la Défense était à l’époque Michèle Alliot-Marie, une spécialiste du mensonge d’État. Elle est aujourd’hui, ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Bernard Kouchner, qui a terminé en novembre son mandat consistant essentiellement à rapprocher Paris des criminels de Kigali, conformément aux instructions reçues de Washington. Les reportages ci-dessous décrivent le comportement sanguinaire de l’armée française, en novembre 2004, et la dissimulation pratiquée par Mme Alliot-Marie. Le mensonge est du reste la règle plutôt que l’exception parmi les marionnettes politiques de la ploutocratie, qu’elles soient à l’Élysée, à la Maison-Blanche ou sur la promenade Sussex.
Sarkozy, le collabo
Michèle Alliot-Marie est donc la nouvelle titulaire du poste d’ambassadeur français des États-Unis, dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, créature politique de la ploutocratie, notamment de Paul Desmarais, et ennemi de la souveraineté du Québec. Mme Alliot-Marie s’emploie maintenant à mettre au service des États-Unis et de leur protégé Ouattara son expérience des fausses opérations de maintien de la paix françaises. Or, le comportement obséquieux de Mme Alliot-Marie et de son patron le président à genoux devant l’Empire est loin d’impressionner leurs collègues du gouvernement et de l’Assemblée nationale.
Michèle Alliot-Marie, menteuse d’État et nouvelle titulaire du poste d’ambassadeur français des États-Unis dans le gouvernement Sarkozy.
Des voix commencent à s’élever, en France, au sein même de l’Ump, contre l’à-plat-ventrisme de l’homme des États-Unis à l’Élysée, Nicolas Sarkozy, véritable Pétain des temps modernes et collabo en chef de la francophonie, qui met en péril les intérêts de ses compatriotes en Côte d’Ivoire. Le Président français a réclamé avec véhémence le départ de Laurent Gbagbo, et risque ainsi de nuire aux entreprises françaises comme Bouygues et Bolloré, qui brassent de grosses affaires en Côte d’Ivoire. Il agit en servile porte-parole de Washington et non en président de la République.
Nicolas Sarkozy, l’homme des États-Unis, avec son ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Koucher, qui vient de terminer son mandat consistant à rapprocher Paris des criminels de Kigali, conformément aux instructions reçues de Washington.
Au premier rang des ennemis de la démocratie ivoirienne, des intérêts de la France et de l’indépendance du Québec figure donc le sinistre Nicolas Sarkozy, qui, contrairement à son grand prédécesseur de Gaulle, est dans le même camp qu’Ottawa, où le Premier ministre Harper et le ministre Cannon participent allègrement à la mise au pilori de Laurent Gbagbo. Ottawa a indiqué à l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire de rentrer chez lui. Nullement intimidés, les Ivoiriens ont répliqué en invitant l’ambassadrice du Canada à quitter Abidjan.
L’occasion est belle, pour nous, les indépendantistes québécois, de nous montrer solidaires du peuple ivoirien, contre des adversaires qui sont aussi les nôtres. Nous savons très bien ce que veut dire une élection volée par la fraude puisqu’en 1995, lors du référendum sur la souveraineté, nous nous sommes fait voler notre droit à l’autodétermination par le régime néocolonial d’Ottawa et ses collabos québécois. M. Khadir, Mme David, Mme Marois et M. Duceppe vont-ils se taire ou, pire encore, se mettre à bêler derrière les menteurs de Washington, Paris et Ottawa ? Ils devraient plutôt saisir l’occasion rendre la monnaie de sa pièce à l’énervé de l’Élysée qu’ils ont déjà rabroué, lui qui nous crache dessus pour le plus grand plaisir de son patron Desmarais et de son petit copain Charest. Sachons tendre la main aux Français qui n’en peuvent plus de leur Pétain nouveau genre pour lutter avec eux, contre cet être exécrable et ses riches maitres.
Les Ivoiriens en ont marre de Sarkozy. Les Québécois aussi
La démocratie occidentale factice a fière allure tant qu’il s’agit de choisir entre le valet bleu et le valet rouge de la ploutocratie. Mais, lorsque les fondements du régime d’asservissement sont remis en question, le naturel des faux démocrates revient au galop. Et leur principale arme, après les fusils, est le cartel médiatique. Ne croyons surtout rien de ce que nous racontent les propagandistes conscients ou non qui se font appeler journalistes, à Radio-Canada et dans d’autres médias. Tantôt ignorants, tantôt obnubilés, tantôt complices, ce sont des ennemis de la liberté et du peuple, que ce soit en Côte d’Ivoire ou au Québec. Quand vient le temps de choisir entre le droit à l’information du public et les intérêts de leurs patrons, ils se rappellent toujours qui paie leur salaire.
PAR Bernard Desgagne
Chronique de Bernard Desgagné
Source: vigile