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Politique Publié le mercredi 19 janvier 2011 | AFP

Côte d`Ivoire: le temps joue pour Gbagbo, mais au risque d`un conflit dur

© AFP Par DR
Crise ivoirienne: les émissaires de la Cedeao et de l`Ua ont rencontré Gbagbo
Lundi 3 janvier 2011. Abidjan. Photo: le président Gbagbo et
ABIDJAN - Echec des médiations, option militaire hypothétique: les jours passent dans la grave crise ivoirienne et affaiblissent Alassane Ouattara face à son rival Laurent Gbagbo, rompu à la stratégie d`usure, au risque d`une confrontation dure des deux camps.

"Il est trop tôt pour dire que Gbagbo a gagné à l`usure, mais il est clair qu`il joue le temps, c`est une stratégie qu`il a déjà utilisée par le passé", estime Gilles Yabi, analyste à l`International Crisis Group (ICG), après l`échec d`une nouvelle médiation africaine pour tenter de convaincre le chef d`Etat sortant de quitter le pouvoir.

Depuis le présidentielle du 28 novembre, Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel, s`estime président légitime tout comme son rival Alassane Ouattara, proclamé gagnant par la commission électorale.

Ouattara est soutenu par la quasi-totalité de la communauté internationale, qui presse Gbagbo de quitter le pouvoir, ce qu`il refuse. Les deux rivaux campent chacun sur leur position.

Le chef d`Etat sortant a vu défiler au palais présidentiel où il les reçoit une série de médiateurs africains qui n`ont jamais réussi à faire changer sa position d`un iota.

Il vient même de "récuser" le dernier en date venu au nom de l`Union africaine (UA), le Premier ministre kényan Raila Odinga, accusé de "prendre position pour M. Ouattara", selon le camp Gbagbo.

"La stratégie de Gbagbo c`est l`étouffement. La stratégie du boa. La négociation cela l`arrange, et cela étouffe de plus en plus Alassane Ouattara qui est enfermé dans son QG" du Golf hôtel d`Abidjan, soumis depuis un mois et demi à un blocus des forces du camp Gbagbo, relève Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l`Homme (Raddho), joint au téléphone à Dakar.

Mardi, le chef de l`opération de l`ONU en Côte d`Ivoire (Onuci), Choi Young-Jin, avait estimé que la situation au Golf hôtel ne pouvait "plus durer très longtemps".

"Gbagbo n`est pas fatigué, il est capable d`engager un bras de fer", renchérit l`analyste d`ICG. "Le temps joue pour lui, il a planifié son coup et s`est préparé. Cela correspond à son slogan: +Je gagne, ou je gagne+", renchérit M. Tine.

De son côté, sentant certainement que le temps joue contre lui, Alassane Ouattara affirme qu`"on n`est pas parti pour une longue crise", a-t-il dit dans une interview mercredi à TV5.

Alors que Gbagbo est sous la menace d`une intervention militaire de la Communauté des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), M. Ouattara assure que celle-ci est "déjà prévue, organisée. Elle sera programmée". "C`est pour cela que les chefs d`état-major des pays de la Cédéao se sont réunis mardi à
Bamako", selon lui.

Mais, "cette option ne fait pas encore l`unanimité en Afrique de l`Ouest", relève Gilles Yabi, pour qui "il faudrait une justification claire compte tenu des risques".

"S`il s`agit de faire respecter le résultat d`une élection, cela ne sera pas facile à faire comprendre. Si c`est la prévention d`une guerre totale (entre les deux camps) et la protection des civils, cela sera différent", estime-t-il.

"Plus le temps de la crise dure, plus on se retrouve avec la fatalité d`une opération militaire", estime un diplomate à Abidjan, selon qui cette option "permettrait d`éviter que les deux camps ne s`affrontent, et ils en ont les moyens".

"Il y a trop de lenteur, si cela continue comme ça, on va se retrouver avec une guerre qui s`avèrera plus longue, dure et meurtrière que si l`on intervenait maintenant", prévient Alioune Tine.
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