Raïla Odinga, le Premier ministre kenyan et médiateur de l’Union Africaine dans la fausse crise créée par l’ancien président Laurent Gbagbo, nourrissait beaucoup d’espoirs en revenant dans notre pays. Dès son « accueil », particulièrement bruyant, par les jeunes dits patriotes de l’ancien régime, on savait que le séjour de l’envoyé spécial de Jean Ping ne serait pas de tout repos. C’est pourquoi, le lundi dernier, après sa première rencontre avec Laurent Gbagbo, les Ivoiriens ont été surpris d’entendre Odinga parler de « progrès notables ». A la vérité, à l’instar de « l’étranger qui a les gros yeux mais qui ne voit pas », le médiateur s’était mépris sur la personnalité à équivoque du chef de file de la refondation, qui est passé maître dans l’art de la duplicité, du double langage et du clair-obscur. C’est donc un homme désabusé qui a quitté notre pays, avec à l’esprit, la certitude que Laurent Gbagbo est un homme à paroles, de qui l’on ne peut rien obtenir. A son grand étonnement, Odinga a constaté qu’en dépit de la promesse de Gbagbo, le blocus de l’hôtel du Golf qui abrite le nouveau pouvoir, n’a pas été levé. Comme si cela ne suffisait pas, l’envoyé de l’UA, pour avoir dit ses quatre vérités à l’ancien chef d’Etat, a été pris en chasse par les mandarins de la refondation, qui n’ont pas hésité à le présenter comme un acteur et non plus comme un médiateur. Prestement, dans leur logique de diversion, ils l’ont « récusé » et ont demandé la fin de sa mission, comme si Raïla Odinga avait encore le cœur à l’ouvrage, après avoir vécu les reniements spectaculaires du « Seplou » de Mama. Pour ceux qui en douteraient encore, la preuve est là pour montrer que c’est véritablement une perte de temps que de vouloir raisonner Laurent Gbagbo. Ses promesses et engagements ne valent que pour ceux qui veulent bien lui donner du crédit. Près de deux mois que cela dure ! C’est un truisme que seul, l’usage de la force pourra mettre un terme à la comédie de Gbagbo. L’homme n’a d’entendement que pour les rapports de force. En effet, vouloir raisonner le camarade socialiste avec le verbe, équivaut à casser le thermomètre pour espérer faire baisser la température du malade. Il faut une thérapie de choc pour neutraliser l’ennemi de la paix et de la démocratie
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga