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Politique Publié le samedi 22 janvier 2011 | Nord-Sud

Tentative de confiscation du pouvoir : Non, Gbagbo n`est pas la Côte d`Ivoire !

© Nord-Sud
Audience : du Président Laurent GBAGBO et le chef de l`Union Africaine Mr Jean PING.
Audience : du Président Laurent GBAGBO et le chef de l`Union Africaine Mr Jean PING en sa résidence à Abidjan le 17 décembre 2010.
Plus rien ne fera reculer Laurent Gbagbo dans sa tentative de confiscation du pouvoir. Même si les arguments développés ne résistent pas à un tout petit peu à la lucidité.

Souveraineté. Voilà le refrain favori du camp Gbagbo dans sa campagne de légitimation de la confiscation du pouvoir. Respecter la souveraineté de la Côte d`Ivoire, signifie qu`il faut respecter la décision du Conseil constitutionnel, qui proclame Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin du 28 novembre ? Des voix plus autorisées, notamment celle de l`éminent juriste Francis Wodié, ont battu en brèche cette argumentation en démontrant que Paul Yao-N`dré et ses conseillers avaient tordu le cou au droit pour sauver la mise à l`ami Gbagbo.

Ce dont il est question ici, c`est cette manipulation qui tend à ramener le peuple de Côte d`Ivoire à la personne de l`ancien chef de l`Etat. Ceux qui s`empressent de proclamer leur soutien au perdant du 28 novembre, au motif qu`ils respectent les institutions ivoiriennes, devraient se laisser aller à un petit examen de conscience. Quelle Côte d`Ivoire veut-on laisser en héritage à ses enfants lorsqu`on nie l`évidence qui est que la souveraineté n`appartient qu`au peuple ivoirien et non à un individu ? Le peuple souverain de Côte d`Ivoire s`est-il prononcé le 31 octobre, puis le 28 novembre 2010 ? Alassane Ouattara est-il sorti victorieux de la compétition ? La Constitution que le peuple s`est librement donnée n`imposait-elle pas à Yao-N`dré de décider une reprise du scrutin au lieu de son annulation dans 13 départements ?

Selon que l`on réponde par l`affirmative ou la négative à ces questions, l`on reconnaît ou non au peuple le droit inaliénable de disposer de sa souveraineté. Laurent Gbagbo qui aime à rappeler qu`il a été élu, en 2000, par le peuple pour cinq ans doit tout simplement accepter aujourd`hui que ce même peuple lui a retiré sa confiance. Que ce soit au profit de son irréductible ennemi ou pas. Et, en fait d`invasion du pays par des armées étrangères, c`est le peuple souverain qui se donne aujourd`hui les moyens pour faire respecter son choix. Il démontre par-là qu`il peut confier des responsabilités temporaires à un des siens, mais cela ne le réduit pas à la personne de ce citoyen.

Félix Houphouet-Boigny a rendu de grands services à la Côte d`Ivoire qu`il a conduite vers l`indépendance et à une relative prospérité économique. Mais, le ``Vieux`` n`était pas le peuple ivoirien. Henri Konan Bédié a géré le pays pendant sept ans ; il n`était pas le peuple ivoirien. Lui-même l`a démontré en acceptant d`aller en exil quand il est apparu que le peuple ne descendrait pas dans la rue pour le protéger du coup d`Etat.

Le général Robert Guéi n`était pas non plus le peuple même s`il a été acclamé en décembre 1999.

Donc, comme ses prédécesseurs, Laurent Gbagbo ne peut pas être le peuple de Côte d`Ivoire.

Après lui, les Ivoiriens briseront les barrières artificielles érigées entre eux et continueront à vivre ensemble. Ils fréquenteront les mêmes lieux de culte et les mêmes marchés. Ils vibreront ensemble devant les prouesses des Eléphants, face à leur drapeau national, etc. Enfin, tous les cinq ans, ils se donneront rendez-vous dans les urnes pour que le peuple demeure souverain.

Kesy B. Jacob
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