Sapicoci - Café- cacao: suspension des exportations - Le SAPICOCI réagit: « Epargnez-nous de vos palabres, laissez-nous gagner notre pain! »

L`injonction faite aux exportateurs par M. Guillaume Soro, le Premier ministre de M. Alassane Ouattara d` arrêter immédiatement toute exportation de café et de cacao du 24 janvier au 23 février 2011, provoque de nombreuses réactions chez les opérateurs économiques et les producteurs. Réuni à San Pedro, le SAPICOCI a aussi réagi.

C`est à San Pedro, la plus grande région productrice de fèves, que le Syndicat Agricole des Producteurs Individuels et Coopératives de Côte d`Ivoire (SAPICOCI), s`est réuni pour se prononcer sur l`appel du Premier ministre Soro. Sous la conduite de son président national M. Yao Kouamé Joseph, le syndicat a fait le tour d`horizon de l`actualité socio politique du pays. Les producteurs ont tenu à exprimer toute leur inquiétude face à la situation qui prévaut. Ils ont déploré la tournure dramatique prise par les élections. « Nous avons fondé beaucoup d`espoir sur ces élections censées nous sortir de cette crise dans laquelle le pays est plongée depuis 2002. Nous avons salué l`Accord politique de Ouagadougou à la suite duquel le président Laurent Gbagbo a nommé M. Guillaume Soro, Premier ministre. Celui- ci a même publiquement demandé pardon au peuple de Côte d`Ivoire pour tout ce qui s`est passé. C`est donc avec beaucoup de soulagement que nous avons accueilli le scrutin du 28 novembre 2010, qui a vu une très forte participation des Ivoiriens en général et nous les paysans en particulier, qui avions payé le prix le plus fort durant cette longue crise ». Le président du SAPICOCI s`est dit très déçu par la tournure prise par ces élections depuis la proclamation des résultats du deuxième tour. C`est pour cela que le syndicat qu`il dirige a solennellement appelé les protagonistes de cette crise post- électorale à avoir pitié du peuple. Le syndicat des producteurs individuels a appelé outre MM. Gbagbo et Alassane Ouattara, les autres leaders politiques notamment l`ex- président Bédié, à se donner la main pour sortir le pays de cette crise. Pour ce qui est de l`injonction du Premier ministre Guillaume Soro, le président du SAPICOCI a indiqué que les planteurs ne font pas de la politique, par conséquent ils souhaitent que les hommes politiques les épargnent de leurs querelles. « Notre seul gagne- pain, ce sont nos produits. Si on nous empêche de les vendre, de quoi vivrions nous? » s`est interrogé M. Yao Kouamé Joseph, qui a rappelé aux hommes politiques que l`économie de la Côte d`Ivoire repose avant tout sur l`agriculture, en l`occurrence le café et le cacao. Rappelant les souffrances et les énormes préjudices que la crise actuelle a causés aux planteurs, le président du SAPICOCI a demandé à MM. Soro et Ouattara de lever cette mesure qui interdit l`exportation du café- cacao, car elle ne ferait qu`accroître les souffrances des paysans. Par conséquent, le SAPICOCI par sa voix affirme n`être pas prêt à accepter ce sacrifice de trop. Les producteurs individuels ont saisi l`occasion pour réitérer leur soutien au président du Comité de gestion de la filière café- cacao, M. Gilbert Ano Nguessan, et le prient de continuer à défendre leur cause auprès des autorités politiques. Le syndicat a également réagi à une éventuelle intervention de la Force ouest- africaine (ECOMOG). Le président Yao Kouamé Joseph ne voit pas du tout d`un bon œil, cette initiative qui selon lui, ne fera qu`empirer la situation. « Au lieu de faire intervenir l`ECOMOG qui va causer de nombreux dégâts en Côte d`Ivoire, pourquoi les leaders politiques ne s`asseyeraient- ils pas autour d`une table ronde pour discuter, s`ils pensent vraiment aimer ce pays? » M. Yao n`a pas manqué au cours de cette réunion, d`interpeller également la jeunesse des différents partis. Il a exhorté M. Charles Blé Goudé et ses autres frères des autres partis, KKB, Yayoro et les autres, à se donner la main pour trouver une issue heureuse à la crise.

C.A.

Légende photo: M. Yao Kouamé Joseph, le président du SAPICOCI, estime que l`appel du Premier ministre Soro n`arrange guère la situation déjà très précaire des producteurs.