Les raisons de la révocation de Dacoury Tabley, anciennement gouverneur de la Bceao, et ses conséquences sur la vie des populations, la question du cacao, l`intervention de l`Ecomog. Tels sont les points majeurs abordés, hier, en conférence de presse, par Patrick Achi et Amadou Gon Coulibaly, proches d`Alassane Ouattara, le président élu.
Propos liminaires
La crise que vit la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`ouest (Bceao) a une origine. Le ministre des Infrastructures du gouvernement d`Alassane Ouattara, assurant l`intérim des Finances, a rappelé, hier, ce qui s`est passé lors d`une conférence de presse à l`hôtel du Golf, Qg du président élu.
Patrick Achi a soutenu qu`après son élection, le successeur de Laurent Gbagbo a écrit, le 5 décembre, à Philippe-Henri Dacoury Tabley pour lui signifier qu`il devait, désormais, avoir le contrôle des comptes logés à la Bceao. La conférence des chefs d`Etat de la communauté ayant reconnu, le 7 décembre, l`économiste comme président élu, sa requête auprès de Dacoury Tabley devait, en principe, être appliquée avec diligence : « à la rigueur, à partir du 8 ». « Cela n`a pas été le cas malgré les courriers adressés à la direction de la Bceao », a rappelé Patrick Achi qui a souligné que même sur place, à Abidjan, le directeur national de la banque « ne répondait pas aux coups de fil et les courriers restaient sans réponse ». A en croire le conférencier, le statu quo est demeuré jusqu`au 23 décembre, date du Conseil des ministres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Laquelle réunion, statuant sur la question, a « clairement » expliqué que « seule la signature du président Alassane Ouattara » et de ses représentants était reconnue par l`union monétaire. Suite à cela, l`ancien gouverneur a reçu instruction d`en informer les établissements bancaires sur place et le directeur national de la Bceao. La situation n`a pas changé pour autant, a regretté l`intérimaire de Charles Koffi Diby. Qui a ajouté que le 30, le Premier ministre, Guillaume Soro, a demandé à l`argentier du gouvernement d`aller rencontrer « personnellement » M. Dacoury-Tabley pour « discuter avec lui des modalités de mise en œuvre concrètes des dispositions arrêtées le 23 décembre lors du Conseil des ministres de l`Uemoa. Au terme de ce tête-à-tête, a-t-il confié, « le gouverneur a manifesté sa volonté de coopérer ». Pourtant, rien n`a été fait. Intervient alors, le 6 janvier, le Conseil des ministres de l`union à Bamako. Les représentants d`Alassane Ouattara à cette rencontre ont été chargés de rencontrer, à nouveau, le gouverneur pour voir s`il y avait « des difficultés particulières » à appliquer les décisions du Conseil des ministres. Celui-ci a encore réitéré sa volonté d`appliquer les décisions, comme il l`avait promis auparavant au président Ouattara et à son Premier ministre, joints au téléphone. La situation n`a pourtant pas changé ni à Dakar ni à Abidjan. Estimant alors que ce pourrait être le directeur national qui n`applique pas les ordres du gouverneur, le patron du gouvernement a demandé sa révocation le 10 janvier. Et, il a renvoyé, quatre jours après, soit le 14, son ministre du Plan, Albert Mabri Toikeusse, à Dakar « pour une dernière rencontre avec le gouverneur » pour savoir ce qui empêche l`application des décisions prises par ses mandants : « ça n`a pas changé ». « Après avoir épuisé tous les recours de dialogue, d`échange, étant entendu que la révocation du gouverneur n`était pas à l`ordre, il n`a offert aucune autre alternative au gouvernement que de le révoquer. C`est ainsi qu`à la conférence des chefs d`Etat du 22 (décembre), il a démissionné », a-t-il poursuivi son rappel. C`est au moment où le gouverneur par intérim s`apprêtait à nommer un nouveau directeur national, a relaté l`intervenant, que le président d`alors, Laurent Gbagbo, a pris un décret « illégitime et illégal » dans lequel il réquisitionne les agents de la Bceao. En réponse, Dakar a décidé de la fermeture de toutes ses agences en Côte d`Ivoire jusqu`à nouvel ordre, a terminé Patrick Achi.
Bceao
A en croire Patrick Achi, c`est la bagatelle somme de plus de 157 milliards qui ont été frauduleusement retirés du compte de la Côte d`Ivoire entre le 23 décembre et le 22 janvier. La fermeture des agences de la Bceao en Côte d`Ivoire, a-t-il indiqué, permet de mettre fin à cette situation. Toutefois, il a confié que cette situation a de lourdes conséquences pour la vie de la population et le fonctionnement des entreprises. « On court donc à l`assèchement financier total du pays avec les conséquences incalculables… sur les opérateurs économques et sur les populations. On ne pourra pas payer un chèque ni l`encaisser, on ne pourra pas payer un fournisseur », s`est-il inquiété. « Au bout de quelques jours, au bout d`une semaine, vous verrez déjà des choses. Même avoir de la monnaie pour acheter des biens, même si ces biens existent, vous n`en aurez pas (…) On vient de toucher là un point névralgique qui va plus faire souffrir la population », a relevé le conférencier. De l`avis du technicien, cette situation pourrait même conduire à la « fermeture » des banques commerciales qui « ne peuvent pas fonctionner sans banque centrale ». De son avis, il est très peu possible pour le clan Gbagbo de pouvoir se démarquer de la Bceao en créant une sorte de banque nationale. De même que « ne peut fonctionner » le projet de garder l`argent des entreprises dans les comptes du trésor. « Les risques sont mesurés », a-t-il confié relativement au pillage, mercredi, des caisses de la Bceao par le clan Gbagbo. Cela, parce qu`en période de crise, la banque fonctionnait en « flux tendu » ; c`est-à-dire avec le minimum pour faire fonctionner le système. Il espère donc qu`au moment du braquage, la liquidité sur place n`était pas importante.
Café-cacao
Le ministre des Infrastructure a confié que 80% des exportateurs suivent l`interdiction d`exportation. Preuve que la mesure fonctionne. Il a cependant souligné que, loin de vouloir faire du tort à la population, cette interdiction a pour objectif de préserver la notoriété du cacao ivoirien. « Des organisations internationales ont commencé à épingler le cacao ivoirien comme étant un cacao qui finance les violations des droits de l`Homme. Cette image, il ne faut pas la laisser prospérer », a-t-il expliqué en argumentant que cela est l`une des raisons essentielles de cette décision. L`expert a souligné que la commercialisation interne continue de se faire. Ce qui permet aux agriculteurs de commercer avec les acheteurs qui pourront stocker la marchandise le temps que la période de 30 jours d`interdictions s`épuise.
Intervention de l`Ecomog
Pour Amadou Gon Coulibaly qui a co-animé la conférence, la « force légitime » pour déloger l`usurpateur du pouvoir doit être envisagée de toute urgence. « Nous, nous pensons que tout a été fait et que les comportements récents de Laurent Gbagbo montrent que les étapes à franchir pour l`option militaire ont été toutes franchies », s`est exprimé le secrétaire général du gouvernement. « L`unique solution avec une personne de cette nature, a-t-il poursuivi, est l`utilisation de la force légitime ». Et, de révéler que sur ce point, « des travaux sont en cours pour régler définitivement la question».
Sommet UA
Le ministre de l`Agriculture du gouvernement sortant a soutenu qu`a priori, la réunion des chefs d`Etat de l`Union africaine (Ua) ne devrait pas s`opposer à une action militaire. Cela, parce que tout comme la Cedeao, l`Ua a reconnu la victoire d`Alassane Ouattara. Et, à l`instar de l`organisation sous-régionale, elle est d`accord pour que la volonté du peuple soit respectée. « C`est-à-dire que le président prenne fonction de manière effective ». Selon Gon Coulibaly, « tout a été tenté et tout le monde est d`accord que l`utilisation de la force légitime est en dernier recours ». ``Le lion`` estime que cela permettra de sortir de la crise pour aboutir, « le plus tôt possible, à une situation normale ».
Bamba K. Inza
Propos liminaires
La crise que vit la Banque centrale des Etats de l`Afrique de l`ouest (Bceao) a une origine. Le ministre des Infrastructures du gouvernement d`Alassane Ouattara, assurant l`intérim des Finances, a rappelé, hier, ce qui s`est passé lors d`une conférence de presse à l`hôtel du Golf, Qg du président élu.
Patrick Achi a soutenu qu`après son élection, le successeur de Laurent Gbagbo a écrit, le 5 décembre, à Philippe-Henri Dacoury Tabley pour lui signifier qu`il devait, désormais, avoir le contrôle des comptes logés à la Bceao. La conférence des chefs d`Etat de la communauté ayant reconnu, le 7 décembre, l`économiste comme président élu, sa requête auprès de Dacoury Tabley devait, en principe, être appliquée avec diligence : « à la rigueur, à partir du 8 ». « Cela n`a pas été le cas malgré les courriers adressés à la direction de la Bceao », a rappelé Patrick Achi qui a souligné que même sur place, à Abidjan, le directeur national de la banque « ne répondait pas aux coups de fil et les courriers restaient sans réponse ». A en croire le conférencier, le statu quo est demeuré jusqu`au 23 décembre, date du Conseil des ministres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Laquelle réunion, statuant sur la question, a « clairement » expliqué que « seule la signature du président Alassane Ouattara » et de ses représentants était reconnue par l`union monétaire. Suite à cela, l`ancien gouverneur a reçu instruction d`en informer les établissements bancaires sur place et le directeur national de la Bceao. La situation n`a pas changé pour autant, a regretté l`intérimaire de Charles Koffi Diby. Qui a ajouté que le 30, le Premier ministre, Guillaume Soro, a demandé à l`argentier du gouvernement d`aller rencontrer « personnellement » M. Dacoury-Tabley pour « discuter avec lui des modalités de mise en œuvre concrètes des dispositions arrêtées le 23 décembre lors du Conseil des ministres de l`Uemoa. Au terme de ce tête-à-tête, a-t-il confié, « le gouverneur a manifesté sa volonté de coopérer ». Pourtant, rien n`a été fait. Intervient alors, le 6 janvier, le Conseil des ministres de l`union à Bamako. Les représentants d`Alassane Ouattara à cette rencontre ont été chargés de rencontrer, à nouveau, le gouverneur pour voir s`il y avait « des difficultés particulières » à appliquer les décisions du Conseil des ministres. Celui-ci a encore réitéré sa volonté d`appliquer les décisions, comme il l`avait promis auparavant au président Ouattara et à son Premier ministre, joints au téléphone. La situation n`a pourtant pas changé ni à Dakar ni à Abidjan. Estimant alors que ce pourrait être le directeur national qui n`applique pas les ordres du gouverneur, le patron du gouvernement a demandé sa révocation le 10 janvier. Et, il a renvoyé, quatre jours après, soit le 14, son ministre du Plan, Albert Mabri Toikeusse, à Dakar « pour une dernière rencontre avec le gouverneur » pour savoir ce qui empêche l`application des décisions prises par ses mandants : « ça n`a pas changé ». « Après avoir épuisé tous les recours de dialogue, d`échange, étant entendu que la révocation du gouverneur n`était pas à l`ordre, il n`a offert aucune autre alternative au gouvernement que de le révoquer. C`est ainsi qu`à la conférence des chefs d`Etat du 22 (décembre), il a démissionné », a-t-il poursuivi son rappel. C`est au moment où le gouverneur par intérim s`apprêtait à nommer un nouveau directeur national, a relaté l`intervenant, que le président d`alors, Laurent Gbagbo, a pris un décret « illégitime et illégal » dans lequel il réquisitionne les agents de la Bceao. En réponse, Dakar a décidé de la fermeture de toutes ses agences en Côte d`Ivoire jusqu`à nouvel ordre, a terminé Patrick Achi.
Bceao
A en croire Patrick Achi, c`est la bagatelle somme de plus de 157 milliards qui ont été frauduleusement retirés du compte de la Côte d`Ivoire entre le 23 décembre et le 22 janvier. La fermeture des agences de la Bceao en Côte d`Ivoire, a-t-il indiqué, permet de mettre fin à cette situation. Toutefois, il a confié que cette situation a de lourdes conséquences pour la vie de la population et le fonctionnement des entreprises. « On court donc à l`assèchement financier total du pays avec les conséquences incalculables… sur les opérateurs économques et sur les populations. On ne pourra pas payer un chèque ni l`encaisser, on ne pourra pas payer un fournisseur », s`est-il inquiété. « Au bout de quelques jours, au bout d`une semaine, vous verrez déjà des choses. Même avoir de la monnaie pour acheter des biens, même si ces biens existent, vous n`en aurez pas (…) On vient de toucher là un point névralgique qui va plus faire souffrir la population », a relevé le conférencier. De l`avis du technicien, cette situation pourrait même conduire à la « fermeture » des banques commerciales qui « ne peuvent pas fonctionner sans banque centrale ». De son avis, il est très peu possible pour le clan Gbagbo de pouvoir se démarquer de la Bceao en créant une sorte de banque nationale. De même que « ne peut fonctionner » le projet de garder l`argent des entreprises dans les comptes du trésor. « Les risques sont mesurés », a-t-il confié relativement au pillage, mercredi, des caisses de la Bceao par le clan Gbagbo. Cela, parce qu`en période de crise, la banque fonctionnait en « flux tendu » ; c`est-à-dire avec le minimum pour faire fonctionner le système. Il espère donc qu`au moment du braquage, la liquidité sur place n`était pas importante.
Café-cacao
Le ministre des Infrastructure a confié que 80% des exportateurs suivent l`interdiction d`exportation. Preuve que la mesure fonctionne. Il a cependant souligné que, loin de vouloir faire du tort à la population, cette interdiction a pour objectif de préserver la notoriété du cacao ivoirien. « Des organisations internationales ont commencé à épingler le cacao ivoirien comme étant un cacao qui finance les violations des droits de l`Homme. Cette image, il ne faut pas la laisser prospérer », a-t-il expliqué en argumentant que cela est l`une des raisons essentielles de cette décision. L`expert a souligné que la commercialisation interne continue de se faire. Ce qui permet aux agriculteurs de commercer avec les acheteurs qui pourront stocker la marchandise le temps que la période de 30 jours d`interdictions s`épuise.
Intervention de l`Ecomog
Pour Amadou Gon Coulibaly qui a co-animé la conférence, la « force légitime » pour déloger l`usurpateur du pouvoir doit être envisagée de toute urgence. « Nous, nous pensons que tout a été fait et que les comportements récents de Laurent Gbagbo montrent que les étapes à franchir pour l`option militaire ont été toutes franchies », s`est exprimé le secrétaire général du gouvernement. « L`unique solution avec une personne de cette nature, a-t-il poursuivi, est l`utilisation de la force légitime ». Et, de révéler que sur ce point, « des travaux sont en cours pour régler définitivement la question».
Sommet UA
Le ministre de l`Agriculture du gouvernement sortant a soutenu qu`a priori, la réunion des chefs d`Etat de l`Union africaine (Ua) ne devrait pas s`opposer à une action militaire. Cela, parce que tout comme la Cedeao, l`Ua a reconnu la victoire d`Alassane Ouattara. Et, à l`instar de l`organisation sous-régionale, elle est d`accord pour que la volonté du peuple soit respectée. « C`est-à-dire que le président prenne fonction de manière effective ». Selon Gon Coulibaly, « tout a été tenté et tout le monde est d`accord que l`utilisation de la force légitime est en dernier recours ». ``Le lion`` estime que cela permettra de sortir de la crise pour aboutir, « le plus tôt possible, à une situation normale ».
Bamba K. Inza