Entre deux solutions délicates, il faut choisir la moins injuste. C’est le sens de la sortie, samedi, au sommet d’Addis-Abeba, du Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon. « Revenir sur les résultats de l`élection serait une grave injustice et établirait un précédent fâcheux », a réagi M. Ban, face aux lobbyistes qui manœuvraient dans les couloirs du sommet pour la prise en compte de l’exigence du camp de Laurent Gbagbo. Le fâcheux précédent que cette option créé est que, dorénavant, il faudra compter avec le recomptage des voix. Et, en cette année électorale pour l’Afrique, il y a de quoi s’inquiéter de l’effet de mode que prendrait un tel risque de recomptage de voix. Dans le cas ivoirien, cette trouvaille de La majorité présidentielle est d’autant plus aberrante qu’elle s’apparente à une manœuvre dilatoire. Car, dans le fond, ce n’est pas à cet exercice que s’est livré le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en certifiant le scrutin du 28 novembre dernier ? Sur la base des récriminations faites par le camp de Laurent Gbagbo, Y.J. Choi avait fait l’addition des voix récoltées par les deux candidats de la présidentielle et, abouti à la conclusion que le vainqueur est Alassane Ouattara. Qui, mieux que les Nations Unies dont le rôle a été validé par tous les acteurs de la crise ivoirienne, peut certifier le processus électoral ivoirien ? Au-delà de tout parti pris, il ne faut pas perdre de vue que c’est de loin l’organisme qui s’est le plus investi dans le règlement de la crise en Côte d’Ivoire. En plus d’y avoir déployé des forces d’interposition et de maintien de la paix, l’Onu a injecté dans le processus électoral (avec l’Union européenne et le Japon), d’importants moyens matériels et financiers. En liaison avec les observateurs de l’Union africaine et les superviseurs de la Commission électorale indépendante (Cei), elle a eu un regard bien informé sur le déroulement du scrutin sur l’ensemble du territoire national. Il faut donc comprendre que si elle est critiquée, c’est parce que Laurent Gbagbo et son clan sont de mauvais perdants.
Marc Dossa
Marc Dossa