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Politique Publié le vendredi 4 février 2011 | Le Nouveau Courrier

Pour Ban Ki-moon, il est plus juste de compter des morts que de recompter des bulletins

© Le Nouveau Courrier Par DR
Ban ki-moon , Secrétaire général de l`ONU
"Je suis convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il dira non au panel des chefs d`Etat de l`UA", a déclaré Guillaume Soro, qui s`exprimait le mardi 1er février 2011, lors d`une conférence de presse à Ouagadougou. L`ancien premier ministre de Laurent Gbagbo a ajouté qu`il connaissait très bien le mode de fonctionnement de Laurent Gbagbo pour avoir travaillé avec lui : "Je connais très bien M. Gbagbo pour avoir travaillé plus de trois ans avec lui. Je sais qu`il est allé trop loin pour reculer et que, évidemment, c`est sûr (qu`il) opposera une fin de non-recevoir au panel des chefs d`Etat" a-t-il dit pour justifier, moins de deux jours après la décision de l`UA, favorable à une solution pacifique, sa croisade pour une intervention armée en Côte d`Ivoire. Il a d`ailleurs longuement expliqué au cours de cette conférence, en quoi et pourquoi cette option est sans risque en Côte d`Ivoire.
Les propos de Guillaume Soro faisaient certainement écho à ceux d`Alcide Djédjé, ministre des affaires étrangères de la République de Côte d`Ivoire qui a déclaré mardi à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, que "tant que le panel des chefs d`Etat était prêt à se pencher sur le litige postélectoral en respectant la constitution ivoirienne, le gouvernement soutiendrait leur activité dans le pays". "Tout ce qui sera contraire à notre constitution" ne sera pas accepté" a-t-il précisé.
En affirmant que le président "Gbagbo ne partira sous aucune pression de l`UA", l`on peut dire que Guillaume Soro et Morou Ouattara, tous deux membres influents de la rébellion des Forces Nouvelles, auront, pour une fois, dit quelque chose de vrai et de réaliste. Malheureusement, les raisons avancées pour le justifier ne sont qu`une projection de leur propre situation sur Laurent Gbagbo. C`est ce que les psychanalystes appellent la permutation de sentiments ou le refoulement de ses instincts. En effet, qui de la rébellion ou de la Côte d`Ivoire résistante est "allé trop loin pour reculer"?
Après avoir pris les armes pour attaquer "leur" pays, les rebelles d`Alassane Ouattara et de Soro Guillaume ont bénéficié d`une amnistie et participé à toutes les institutions du pays, sans jamais rien céder. Même le désarmement qui aurait dû être réalisé, conformément aux accords de Marcoussis, "dès la formation du gouvernement de réconciliation nationale" de mars 2003, n`a toujours pas eu lieu, au point que les rebelles en armes ont vicié le scrutin du 28 novembre dernier. Soro Guillaume sait que ni les Accords Politiques de Ouagadougou (APO) pourtant endossés par l`ONU, ni les résolutions du Conseil de Sécurité qui ont exigé le désarmement, n`ont eu raison de sa volonté d`imposer Alassane Ouattara à tous les prix.
Ayant tout donné pour obtenir la paix par ce désarmement, le peuple ivoirien est comparable à un combattant qui est couché. Tout ce qui peut lui arriver de mal, c`est de se relever. Il doit choisir entre un effroi sans fin, qui dure depuis 8 ans, ou une probable fin effroyable. Ce peuple est conduit par un homme, qui lui aussi, a tout donné et "à qui, il ne reste que sa dignité et son épouse Simone Ehivet Gbagbo" pour reprendre une analyse chère à une résistante ivoirienne. Cette dignité passe par son respect du Serment prêté et selon lequel, il "s`engage à faire respecter la Constitution".
Soro Guillaume sait donc que ce qui ne fera pas céder Gbagbo, ce n`est pas son égo mais la Constitution qu`ils n`ont pas réussi à suspendre à Marcoussis. Soro Guillaume sait que Laurent Gbagbo ne cédera face à l`arbitraire mais seulement dans le cadre d`un arbitrage honnête. Dire que Gbagbo ne cédera pas aux pressions de l`UA, c`est supposer que l`UA n`est donc capable de cet d`un arbitrage honnête et impartial.
Les Ivoiriens accordent aux 5 chefs d`état le bénéfice de la présomption d`innocence et sont convaincus qu`ils ne suivront pas M. Ban Ki-moon pour qui, il est plus facile de compter des morts que de compter des bulletins de vote.
Pour Ban Ki-moon qui avait déjà annoncé les couleurs, dimanche à la presse, juste avant l`ouverture du 16e sommet de l`Union africaine et dont le discours a été distribué, un recompte des voix de l`élection présidentielle en Côte d`Ivoire serait "une grave injustice". Pour M. Ban, le très controversé SG de l`ONU, "Revenir sur les résultats de l`élection serait une grave injustice et établirait un précédent fâcheux". Or l`option arbitraire conduirait à l`option militaire qui renvoi au décompte des morts.
L`on a tenté de nous faire croire que c`est en abdiquant devant la communauté internationale de Choi que Laurent Gbagbo aurait affirmé ou confirmé sa grandeur. Mais une dimension ne s`exprime que par rapport au référentiel dans lequel elle s`exprime. Gbagbo souhaite – certes naïvement mais avec la bonne foi et la conviction de sa culture démocratique et le terreau de sa probité intellectuelle- construire un nouvel ordre de rapports avec l`Occident en vue de donner aux états africains une chance d`émergence. 50 ans durant, le référentiel de l`amitié du cheval et du cavalier, imposé par l`Occident, a consacré le sous-développement de l`Afrique et plus singulièrement de l`Afrique Occidentale Française qui bat les records statistiques en matière de pauvreté et de sous-développement. Abdiquer, ce ne serait pas affirmer sa grandeur, mais ce serait plutôt renoncer à la mission dont l`Afrique attend désormais beaucoup. Dans le Far-West, on ne se distingue pas par la soumission aux hordes armées mais par la bravoure pour instaurer la justice. Et le "brave" est bien souvent malmené avant de parvenir à son acte héroïque.
Les idées d’indépendance, de souveraineté et de liberté pour lesquelles Laurent Gbagbo s`est engagé dans l’action publique restent d’actualité. Et le peuple Ivoirien ne croit pas un seul instant qu’Alassane Ouattara soit le mieux placé pour les faire vivre.
Dans une contribution récente, sous la forme d`une adresse-fiction de Laurent Gbagbo à la nation Ivoirienne, le dramaturge Jean-Louis Sagot-Duvauroux, semblait user de circonstances atténuantes pour regretter la décision du Conseil Constitutionnel. "Nos élections ont-elles été parfaites ? Loin de là ! Il faudra du temps, de l’expérience, du civisme, de l’abnégation et beaucoup de ténacité pour que de tels processus deviennent irréprochables, pour qu’ils prennent la couleur de nos âmes, pour qu’ils contribuent à nous donner vraiment une voix qui soit nôtre, une voix capable de couvrir les siècles d’humiliations" avait-il écrit dans Jeune Afrique. Mais, 50 ans après les indépendances octroyées, n`est-il pas temps, pour les Africains, de se tourner vers ce "civisme, cette abnégation et cette ténacité", indispensables à la création des Nations, qui seules nous sortiront de nos réflexes tribalistes? C`est justement ce civisme, cette abnégation et cette ténacité qui fondent la résistance du peuple ivoirien. Le socle de ces nations ne peut être que la Légalité pour nous départager de nos réflexes d`exigences tribales.
Si la rébellion de Ouattara et Soro le permet, à lundi prochain, In`Challah!!!
Par Sékou Assegoué Godpeace
fraternelleeburnie@yahoo.fr
+225 44 319 422 (Sms sur roaming)
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