Il envoie Affi N’Guessan et non Fologo. C’est le chef de son parti politique et non un officiel de son Etat décrié qui représente Laurent Gbagbo à Addis-Abeba pour la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Une rencontre destinée à entériner les décisions contraignantes du panel des cinq chefs d’Etat sur la sortie pacifique de crise en Côte d’Ivoire. Le choix du chef de la délégation du pouvoir illégal d’Abidjan prouve une chose : Gbagbo a de la suite dans les idées. Et il sait qu’on ne change pas une tactique qui a permis de s’accrocher au pouvoir. En janvier 2003, convié comme partie aux négociations de Marcoussis dans la banlieue parisienne, Gbagbo avait délégué…Affi N’Guessan. L’homme était Premier ministre en titre. Mais aussi et surtout président du Fpi le parti aux affaires. A la suite des accords, le camp Gbagbo s’est rebellé. L’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas signé d’accord. Tel est le prétexte sorti de la besace pour rejeter du revers de la main le gentleman agreement qui devait sortir le pays de l’ornière de la guerre. Le pays est par la suite entré dans les tensions et sommets à n’en point finir. L’essentiel de ces péripéties, le locataire arrivé de façon calamiteuse au palais restait en place. Pour le rendez-vous en terre africaine à Addis-Abeba, Gbagbo sait que sa prétention à demeurer à la tête de la Côte d’Ivoire par la force et la violence ne triomphera pas. Il sait que le choix des Ivoiriens qui ont fait d’Alassane Ouattara le président du pays dans les urnes s’imposera, et que l’Union africaine le lui signifiera. Dès lors, il a opté pour son jeu favori. Se préparer à rejeter ce qui ne l’arrange pas. En fabriquant les prétextes. «Affi était à Addis-Abeba. L’Etat de Côte d’Ivoire n’y était pas ». Comme pour Marcoussis, Gbagbo rejettera tout, et déclarera la guerre à l’Union africaine. Rien de nouveau donc sous le soleil.
D. Al Seni
D. Al Seni