« Vendredi soir aux environs de 16h, nous avons entendu des tirs dans le quartier. Quelques temps après, on apprenait qu’il s’agissait de combats entre le commando invisible et les forces fidèles à Laurent Gbagbo. C’était des tirs à l’arme lourde et à la mitrailleuse. On a entendu des tirs de rafales pendant plusieurs heures avant que des obus se fassent entendre. Vers 19h30, les tirs ont cessé pour reprendre le samedi à 14h30. Vers 20h, les kalachnikovs, mitrailleuses et obus ont retenti de plus belle dans le quartier jusqu’à 20h. Dimanche, très tôt le matin, les Fds qui habitent le quartier à plus de 90% ont évacué leurs familles vers d’autres quartiers. Au moment où je vous parle, leurs domiciles sont encore déserts. Dans certains domiciles, certains ont trouvé qui un cousin, qui un neveu pour veiller sur leus biens. Depuis l’éclatement de ces combats, il règne une insécurité dans ce quartier situé entre Anador et Plateau Dokoui. L’iman de l’une des trois mosquées du quartier a demandé aux fidèles de faire leurs prières à la maison et de ne pas prendre le risque de venir à la mosquée. La vie est désormais très dure pour nous ; les boutiques ouvrent à peine. Et quand elles le font, les marchandises manquent : pas d’huile, pas de pain, pas de sucre, pas de charbon, pas de transferts d’unité ni de pain dans le quartier. Les ravitaillements en produits de grande consommation est arrêté au détriment des habitants. Après une longue accalmie dans la journée de dimanche, les tirs ont repris le lundi. Les kalachnikovs ont retenti toute la matinée pour être soutenu d’obus et autres armes lourdes à partir de 14h20. Il y a même un obus qui est tombé derrière la clôture de Coco service dans un parc de bœufs, tuant plusieurs animaux. La fumée toxique qui s’échappait de l’explosion a noirci le ciel et empêché les habitants de bien respirer. A 20h 33 min, le quartier a été plongé dans le noir par une coupure de l’électricité jusqu’à mardi matin (ndlr, hier). Des bruits qui couraient dans le quartier faisaient état de trois jeunes Dioulas tués. Ceux-ci chercheraient à regagner leurs domiciles après l’éclatement des combats et ont été tués par des combattants qui les auraient accusés d’être des rebelles. Francis, un jeune ivoirien qui vend du garba (ndlr, Attiéké) dans le quartier a pris deux balles dans le bras. Certainement qu’il avait été pris lui aussi pour un rebelle… »
propos recueillis par Stéphane Assamoi
propos recueillis par Stéphane Assamoi