La gueule de bois ! Yopougon, la plus grande commune de Côte d’Ivoire, s’est réveillée hier matin avec un visage moins gai et reluisant que d’habitude. Dans cette vaste cité encline d’ordinaire à la joie, l’atmosphère était donc tristounette, un tantinet morose. Les populations, apeurées par les combats de la veille, ont préféré se terrer, pour la plupart, chez elles, redoutant de nouvelles détonations d’armes lourdes et autres rafales de kalachnikov. Surtout des rumeurs annoncent sans cesse que « Yop City » pourrait être le théâtre de nouveaux affrontements armés. En attendant, les habitants sont encore sous le choc. Pour la première fois, depuis décembre dernier, ils ont « senti » de près, cette crise postélectorale née de la volonté de Laurent Gbagbo de s’accrocher au pouvoir, en dépit de son revers dans les urnes. Ce jour-là, cette population en majorité acquise à la cause de l’ancien chef d’Etat a pris, loin des discours enflammés et inutilement belliqueux, la pleine mesure du grave danger que leur mentor fait planer sur la Côte d’Ivoire. Des bruits assourdissants qui déchirent le ciel et surtout les cœurs, des déflagrations qui hérissent les poils de la peau, même ceux des plus insensibles… Bref, « Yop» a eu peur. Très peur même.
Il faut le reconnaître, cette commune avait jusque-là été épargnée par le crépitement des armes. D’ailleurs, pour sa tranquillité, elle avait dû accueillir une foultitude de déplacés fuyant les combats sanglants et effrayants d’Abobo. « J’ai eu la plus grosse frayeur de ma vie hier (ndlr : lundi). Les détonations étaient si fortes que je tremblais de tout mon corps » confesse, Alice, une habitante de Yopougon Andokoi, sous-quartier où se trouve la demeure du Chef d’Etat-major des forces pro-Gbagbo, cible des attaques. « Ce qu’on a entendu hier, si c’est cela la guerre, il vaut mieux prier pour tout ça s’arrête dès maintenant », prévient Louis Essoh, jeune diplômé en quête d’emploi.
Mardi matin, Yop était très tranquille. A l’image d’une cité sans âme qui essaie de renaître timidement, mais… prudemment à la vie. Les grandes artères de la « ville » sont presque désertes. De Toits Rouges à Niangon, en passant par Nouveau Quartier, Sideci ou encore Sicogi. Seuls quelques rares véhicules personnels et autres taxis communaux circulent et doivent impérativement se soumettre à la fouille des Jeunes Patriotes aux multiples check-points érigés, dans une anarchie totale. Les minibus communément appelés « Gbaka » sont invisibles. A Toits Rouges, par exemple, beaucoup de commerces sont restés fermés. Les grilles solidement baissées et bouclées. Même des salons de coiffure sont restés clos. Autre constat, la non ouverture de la quasi-totalité des boutiques tenues par les Mauritaniens. Renseignements pris, craignant des représailles des partisans de Laurent Gbagbo après les conclusions du Panel de l’UA, présidé par le président de Mauritanie, qui confirment l’élection d’Alassane Ouattara, ils ont choisis sagement de trouver refuge dans les locaux de leur ambassade, à Abidjan. « La reprise est vraiment timide. Beaucoup de magasins n’ont pas ouvert. Seule une poignée de taxis roulent. Et encore, ils ne vont pas loin. Tout le monde joue la carte de la prudence », fait remarquer Moussa D., transporteur qui réside à Ananeraie. « Moi je n’ai pas vendu, parce que j’ai eu peur que ça continue aujourd’hui (ndlr: mardi) » concède Rodrigue K., jeune vendeurs de vêtements.
C’est vrai, les affrontements de lundi sont encore dans les esprits. Par petits groupes et surtout par affinités politiques, hommes et femmes ressassent sans cesse le sujet, selon qu’ils soient pro-Gbagbo ou pro-Ouattara.
Dans chaque camp, on fait la lecture de la situation, sous naturellement son prisme politique, mais en ayant surtout la peur au ventre de vivre la même situation qu’à Abobo. « Surtout pas ça. Sinon, on va mourir de peur », lâche, avec une pointe d’ironie, Alexandre, étudiant, qui a fui Abobo.
Y. Sangaré
Il faut le reconnaître, cette commune avait jusque-là été épargnée par le crépitement des armes. D’ailleurs, pour sa tranquillité, elle avait dû accueillir une foultitude de déplacés fuyant les combats sanglants et effrayants d’Abobo. « J’ai eu la plus grosse frayeur de ma vie hier (ndlr : lundi). Les détonations étaient si fortes que je tremblais de tout mon corps » confesse, Alice, une habitante de Yopougon Andokoi, sous-quartier où se trouve la demeure du Chef d’Etat-major des forces pro-Gbagbo, cible des attaques. « Ce qu’on a entendu hier, si c’est cela la guerre, il vaut mieux prier pour tout ça s’arrête dès maintenant », prévient Louis Essoh, jeune diplômé en quête d’emploi.
Mardi matin, Yop était très tranquille. A l’image d’une cité sans âme qui essaie de renaître timidement, mais… prudemment à la vie. Les grandes artères de la « ville » sont presque désertes. De Toits Rouges à Niangon, en passant par Nouveau Quartier, Sideci ou encore Sicogi. Seuls quelques rares véhicules personnels et autres taxis communaux circulent et doivent impérativement se soumettre à la fouille des Jeunes Patriotes aux multiples check-points érigés, dans une anarchie totale. Les minibus communément appelés « Gbaka » sont invisibles. A Toits Rouges, par exemple, beaucoup de commerces sont restés fermés. Les grilles solidement baissées et bouclées. Même des salons de coiffure sont restés clos. Autre constat, la non ouverture de la quasi-totalité des boutiques tenues par les Mauritaniens. Renseignements pris, craignant des représailles des partisans de Laurent Gbagbo après les conclusions du Panel de l’UA, présidé par le président de Mauritanie, qui confirment l’élection d’Alassane Ouattara, ils ont choisis sagement de trouver refuge dans les locaux de leur ambassade, à Abidjan. « La reprise est vraiment timide. Beaucoup de magasins n’ont pas ouvert. Seule une poignée de taxis roulent. Et encore, ils ne vont pas loin. Tout le monde joue la carte de la prudence », fait remarquer Moussa D., transporteur qui réside à Ananeraie. « Moi je n’ai pas vendu, parce que j’ai eu peur que ça continue aujourd’hui (ndlr: mardi) » concède Rodrigue K., jeune vendeurs de vêtements.
C’est vrai, les affrontements de lundi sont encore dans les esprits. Par petits groupes et surtout par affinités politiques, hommes et femmes ressassent sans cesse le sujet, selon qu’ils soient pro-Gbagbo ou pro-Ouattara.
Dans chaque camp, on fait la lecture de la situation, sous naturellement son prisme politique, mais en ayant surtout la peur au ventre de vivre la même situation qu’à Abobo. « Surtout pas ça. Sinon, on va mourir de peur », lâche, avec une pointe d’ironie, Alexandre, étudiant, qui a fui Abobo.
Y. Sangaré