ABIDJAN - Les forces soutenant Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, ont pris lundi la ville de Bloléquin dans l`Ouest, alors qu`à Abidjan des milliers de jeunes partisans du chef d`Etat sortant Laurent Gbagbo voulaient entrer dans l`armée.
Frontalier du Liberia, l`Ouest ivoirien est l`un des théâtres des combats
depuis février entre les deux camps, avec Abidjan où la flambée des violences
nées de la crise post-électorale fait craindre une guerre civile. Près de 440
personnes ont été tuées depuis fin 2010, selon l`ONU.
Après avoir pris dans l`Ouest quatre villes au camp Gbagbo en un mois,
l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) alliée à Alassane Ouattara, qui tient
la moitié nord du pays depuis son putsch raté de 2002, a conquis Bloléquin.
"Les rebelles sont entrés à 04H00 (locales et GMT) à Bloléquin après
d`intenses combats", a indiqué par téléphone à l`AFP un milicien combattant
avec les soldats des Forces de défense et de sécurité (FDS), fidèles à Laurent
Gbagbo.
"Nous avons été attaqués à Doké (localité à une dizaine de km à l`ouest)
avant-hier (samedi), nous les avons repoussés jusqu`à Bloléquin et
actuellement nous avons pris Bloléquin et sommes en train de faire le
ratissage", a dit le porte-parole militaire des FN, Seydou Ouattara.
Avec la prise de Bloléquin, les forces pro-Ouattara sont désormais à
environ 80 km de la ville de Duékoué, important carrefour menant à l`est vers
la capitale politique Yamoussoukro, et au sud vers le port de San Pedro, plus
grand port d`exportation de cacao au monde.
Conséquence des tensions dans la zone, plus de 90.000 Ivoiriens se sont
réfugiés au Liberia depuis le début de la crise en Côte d`Ivoire, dont plus de
la moitié depuis fin février.
Lundi, les services d`immigration libériens ont avoué être désemparés face
à cet afflux de réfugiés.
A Abidjan, plusieurs milliers de jeunes partisans de Laurent Gbagbo ont
afflué lundi vers l`état-major pour s`enrôler dans l`armée, au moment où le
régime est défié par des insurgés pro-Ouattara dans la capitale économique
même.
"J`ai répondu à l`appel du +général+ Blé Goudé, je suis prêt à mourir pour
mon pays et chasser ces rebelles", a dit Théodore, cordonnier.
Charles Blé Goudé, chef des "Jeunes patriotes", les plus fervents partisans
de M. Gbagbo, avait appelé samedi les jeunes "prêts à mourir pour leur patrie"
à "s`enrôler".
Lors d`une cérémonie aux airs de meeting sur un immense terrain dans
l`enceinte du camp de l`état-major, le général Philippe Mangou, patron des
FDS, qui était accompagné de Charles Blé Goudé, s`est adressé à la foule des
volontaires.
"Donnez vos coordonnées" dans un des dix points d`enregistrement et
"repartez tranquillement, on vous convoquera le moment opportun", a-t-il dit,
semblant indiquer que les volontaires ne seraient pas immédiatement intégrés
dans les forces armées.
De nombreux observateurs, craignant d`éventuels dérapages, s`interrogent
sur la formation et l`armement qui seront fournis à ces recrues, peu habituées
à la discipline militaire.
Les craintes sont d`autant plus vives que les violences se multiplient.
Entre 25 et 30 civils ont été tués jeudi, selon l`ONU, lors du pilonnage
par les "forces armées du camp" Gbagbo du quartier d`Abobo (nord d`Abidjan),
bastion des insurgés. Le gouvernement Gbagbo a dénoncé un "complot".
Le Conseil de sécurité de l`ONU a exprimé "son indignation" après la tuerie
de jeudi à Abobo. "De tels crimes ne resteront pas impunis et les auteurs
seront tenus responsables", a-t-il ajouté.
Mais le gouvernement Ouattara a exigé bien davantage des Nations unies,
dont la mission Onuci compte quelque 10.000 hommes dans le pays: il a réclamé
un "recours immédiat à la force légitime" pour "protéger les populations
civiles".
Par Evelyne AKA
Frontalier du Liberia, l`Ouest ivoirien est l`un des théâtres des combats
depuis février entre les deux camps, avec Abidjan où la flambée des violences
nées de la crise post-électorale fait craindre une guerre civile. Près de 440
personnes ont été tuées depuis fin 2010, selon l`ONU.
Après avoir pris dans l`Ouest quatre villes au camp Gbagbo en un mois,
l`ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) alliée à Alassane Ouattara, qui tient
la moitié nord du pays depuis son putsch raté de 2002, a conquis Bloléquin.
"Les rebelles sont entrés à 04H00 (locales et GMT) à Bloléquin après
d`intenses combats", a indiqué par téléphone à l`AFP un milicien combattant
avec les soldats des Forces de défense et de sécurité (FDS), fidèles à Laurent
Gbagbo.
"Nous avons été attaqués à Doké (localité à une dizaine de km à l`ouest)
avant-hier (samedi), nous les avons repoussés jusqu`à Bloléquin et
actuellement nous avons pris Bloléquin et sommes en train de faire le
ratissage", a dit le porte-parole militaire des FN, Seydou Ouattara.
Avec la prise de Bloléquin, les forces pro-Ouattara sont désormais à
environ 80 km de la ville de Duékoué, important carrefour menant à l`est vers
la capitale politique Yamoussoukro, et au sud vers le port de San Pedro, plus
grand port d`exportation de cacao au monde.
Conséquence des tensions dans la zone, plus de 90.000 Ivoiriens se sont
réfugiés au Liberia depuis le début de la crise en Côte d`Ivoire, dont plus de
la moitié depuis fin février.
Lundi, les services d`immigration libériens ont avoué être désemparés face
à cet afflux de réfugiés.
A Abidjan, plusieurs milliers de jeunes partisans de Laurent Gbagbo ont
afflué lundi vers l`état-major pour s`enrôler dans l`armée, au moment où le
régime est défié par des insurgés pro-Ouattara dans la capitale économique
même.
"J`ai répondu à l`appel du +général+ Blé Goudé, je suis prêt à mourir pour
mon pays et chasser ces rebelles", a dit Théodore, cordonnier.
Charles Blé Goudé, chef des "Jeunes patriotes", les plus fervents partisans
de M. Gbagbo, avait appelé samedi les jeunes "prêts à mourir pour leur patrie"
à "s`enrôler".
Lors d`une cérémonie aux airs de meeting sur un immense terrain dans
l`enceinte du camp de l`état-major, le général Philippe Mangou, patron des
FDS, qui était accompagné de Charles Blé Goudé, s`est adressé à la foule des
volontaires.
"Donnez vos coordonnées" dans un des dix points d`enregistrement et
"repartez tranquillement, on vous convoquera le moment opportun", a-t-il dit,
semblant indiquer que les volontaires ne seraient pas immédiatement intégrés
dans les forces armées.
De nombreux observateurs, craignant d`éventuels dérapages, s`interrogent
sur la formation et l`armement qui seront fournis à ces recrues, peu habituées
à la discipline militaire.
Les craintes sont d`autant plus vives que les violences se multiplient.
Entre 25 et 30 civils ont été tués jeudi, selon l`ONU, lors du pilonnage
par les "forces armées du camp" Gbagbo du quartier d`Abobo (nord d`Abidjan),
bastion des insurgés. Le gouvernement Gbagbo a dénoncé un "complot".
Le Conseil de sécurité de l`ONU a exprimé "son indignation" après la tuerie
de jeudi à Abobo. "De tels crimes ne resteront pas impunis et les auteurs
seront tenus responsables", a-t-il ajouté.
Mais le gouvernement Ouattara a exigé bien davantage des Nations unies,
dont la mission Onuci compte quelque 10.000 hommes dans le pays: il a réclamé
un "recours immédiat à la force légitime" pour "protéger les populations
civiles".
Par Evelyne AKA