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Économie Publié le mercredi 23 mars 2011 | Le Temps

Les banques coloniales françaises en Côte d’Ivoire et le terrorisme bancaire

La création d’une monnaie nationale est la clef du développement d’une économie; en créant la monnaie pour la prêter aux particuliers et aux entreprises, la banque centrale et/ou l ‘Etat suscite le développement économique par la consommation et par l’investissement.
Les Etats membres de l’Uemoa ne peuvent pas être indépendant parce qu’ils sont pris dans l’engrenage du Fcfa et du Trésor français. La Bceao est une succursale de la banque de France et ont sur les gouvernements le pouvoir de contrôler l’exécution du budget ; les plans de développement, les modalités de financier en vigueur, jusqu’au point d’apprécier l’opportunité de l’investissement d’une entreprise.

Le Trésor français opère dans les Etats membres de l’Uemoa à travers les banques coloniales. En Côte d’Ivoire, la Biao, la Sgbci, la Bicici, et la Sib sont considérées comme des banques coloniales et jouent pleinement le rôle de la banque de France. Ces banques sont gérées de l’extérieure avec des méthodes de management et risk analysis français.

Ces banques adorent prêter aux fonctionnaires ivoiriens (avance sur salaire, prêts scolaires…etc.) qui consomment les produits importés de la France. En générale, ces banques refusent de prêter aux operateurs et aux agriculteurs sous prétexte qu’ils n’offrent pas de garanties.

Le crédit de campagne par lequel ces banques coloniales prêtent de l’argent a certains négociants pour acheter et commercialiser le café et le cacao est la méthode de financement préférée par ces banques. Elles refusent de financer la production parce qu’elles estiment que les planteurs de café et de cacao pourront s’enrichir et devenir difficile à contrôler.

L’épargne locale, prêtée aux entreprises cotées à la bourse des valeurs d’Abidjan (par le crédit ou par l’achat d’actions sur les marchés financiers) suscite le développement économique. Or, en Côte d’Ivoire, la bourse des valeurs ne joue pas pleinement son rôle de collecte d’épargne locale. Cela non à cause de la faiblesse de l’épargne locale mais à cause du refus des entreprises, dont la maison mère se trouve en France de céder une part de leurs actions aux investisseurs ivoiriens.
Par contre, les entreprises françaises peuvent ouvrir les succursales en Côte d’Ivoire qui disposeront, du crédit des banques coloniales. Sous la coupe de la banque de France, lesquelles peuvent se refinancer par l’intermédiaire de la Bceao auprès de la banque de France.

Pourtant, les Ivoiriens épargnent mais la marge des banques sur le crédit est excessive. En résumé, les banques coloniales rémunèrent peu l’épargne des Ivoiriens et quand on leur prête, c’est à des taux élevés.

Ces banques coloniales sont des instruments de l’impérialisme français en Côte d’Ivoire. La nationalisation de ces banques représentera à long terme une bouffée d’oxygène pour l’économie ivoirienne. Ces banques coloniales n’ont pas été créées pour promouvoir la productivité mais a exploiter les ressources utiles a la France ; a faire jouer à la Côte d’Ivoire le rôle de réserve de matière première et de débouchés pour les produits manufacturés.

Nationalisation et terrorisme bancaire

Selon un sondage paru lundi 23 février, 64% des Américains se déclarent favorables au plan de relance de 787 milliards de dollars décidé par Barack Obama. Mais sur la toile, l’air des experts est plus mitigé, notamment concernant une nationalisation des banque américaines.

Depuis que le mot “nationalisation” a été prononcé par quelques illustres économistes de la blogosphère se fendent à tous une analyse de la situation. Sur le Huffington Post, Raymond J. Leurs, chercheur en économie, estime que la nationalisation des banques est essentielle : elle restaurait une forme de transparence et, par la même occasion, la confiance des citoyens dans le système bancaire.
Il va de même pour le prix Nobel de l’économie Paul Krugman, qui considère sur son blog qu’une brève implication de l’Etat dans les banques est l’unique solution a la crise actuelle.

Une analyse que Greg Mankiw contredit formellement sur son blog : pour lui, les craintes qu’inspire une nationalisation des banques sont justifiées. “Pourquoi les gens ont-ils peur de l’idée de la nationalisation ? La première raison est qu’elle montre à quel point la situation est sérieuse. La deuxième raison, plus solide celle-ci est que cette solution pointe dans la mauvaise direction. Je ne veux absolument pas que ce soit le gouvernement qui décide qui mérite d’avoir des crédits ou pas, et quels sont les investissements qui méritent d’être financés ou pas. C’est un pas vers le capitalisme de copinage ; ou ceux qui ont des liens politiques sont en poole position’’.

L’analyse de l’illustre économiste Greg Mankiw nous oriente dans un débat de copinage, de corruption, et de mauvaise gérance des deniers publics. Pour nous qui connaissons le président Laurent Gbagbo, nous sommes sereins et convaincus que le président élu par le peuple de Côte d’Ivoire prône toujours la bonne gouvernance et lutte contre le favoritisme, népotisme et le clanisme. Le capitalisme de copinage dont parle l’économiste Greg Mankiw ne sera pas de norme dans le nouveau système bancaire ivoirien.

Le président Laurent Gbagbo n’avait pas d’autres possibilités que de nationaliser ces banques coloniales. S’il n’avait pas nationaliser ces banques coloniales, le système bancaire s’écroulerait comme un château de cartes, et la Côte d’Ivoire se retrouverait dans une situation analogue à celle qui avait suivi la crise des années 1930 en Amérique : une profonde récession, la multiplication des faillites d’entreprises ivoiriennes, l’explosion du nombre de chômeurs, la baisse des salaires, et des minimaux sociaux.

Ces banques coloniales en Côte d’Ivoire n’avaient pas connu une faillite de type Lehmann aux Etats-Unis. Ces établissements financiers recevaient et plaçaient les trésoreries des particuliers et des entreprises dans les opérations de bourses et les fonds spéculatifs. La fermeture de ces banques est considérée comme un acte de terrorisme bancaire contre les Ivoiriens parce qu’ils n’avaient pas informé le gouvernement de leur décision.

A mon avis, au lieu de tout simplement nationaliser ces banques coloniales, il aurait fallu les fusionner, et les transformer en banque nationale de crédit qui aurait non seulement repris directement les emprunts de particuliers en difficulté, mais aussi assurer la continuité du financement des (prêts) aux Pme /Pmi.

Le problème reste le positionnement de chaque Ivoirien. Les banques nationalisées ne changeront pas de modèle si nous n’en changeons pas nous-mêmes. Je conseille aux Ivoiriens de choisir les banques qui sont en train d’effectuer un travail éthique. Car, au fond c’est bien cela que on pourrait espérer dans la nationalisation. Un espoir de justice de comportement envers tous, et une équité de traitement. Mais si les Ivoiriens restent les mêmes, nationaliser ou pas les banques resteront les mêmes.

Nash Kpokou, Ph.D
Economist & International Business Consultant
Kansas City- Missouri
nkpokou@hotmail.com
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