Dans cet entretien exclusif, le général Michel Gueu explique sa mission à l’Ouest, donne son avis sur la situation dans le Moyen Cavally et prône la résolution de la crise post-électorale par les Ivoiriens eux-mêmes.
l Mon général, qu’est-ce qui motive votre présence dans la région et plus particulièrement en zone frontalière ?
Je suis venu à Man sur décision du Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro, en ma qualité de commandant du Fuseau ouest dans le cadre de l’opération ‘’Restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire’’. Je suis sur le terrain aujourd’hui pour une mission d’inspection des troupes. Nous avons donc commencé par Pékan et nous venons terminer par Blolequin. Mais il y a aussi nos frères d’armes de la Mission des Nations Unies au Libéria (Minul) qui ont souhaité nous rencontrer et nous avons fait d’une pierre deux coups. Ces frères d’armes étaient conduits par un lieutenant colonel de l’armée française de l’arme blindé- cavalerie comme moi. C’étaient des retrouvailles entre cavaliers. Nous avons eu un entretien très fructueux et constructif. Le compte-rendu, je le réserve au Premier ministre, ministre de la Défense.
l Peut-on tout de même avoir une idée du contenu de l’entretien, ou est-ce confidentiel ?
Il n’y a pas de confidentialité. Nous avons parlé de la situation des réfugiés ivoiriens qui sont au Liberia et que nous sommes près à accueillir. Ce sont nos parents qui ont fui la guerre et se sont retrouvés au Liberia. Nous devons les encourager à rentrer rapidement. Ils ont aussi demandé et que nous avons fait après avoir réussi à neutraliser les mercenaires et miliciens de monsieur Gbagbo. Surtout les mercenaires à qui nous demandons simplement de rentrer dans leur pays. Par contre, les miliciens qui sont ivoiriens, sont nos enfants, nos frères nos cousins etc ; on leur demandera sagement de rentrer en famille. Et de recommencer la vie. Ils ont été mis à l’école, non pas pour prendre les kalachnikovs pour aller se battre, pour aller faire la guerre, mais pour devenir demain, une autorité, une personnalité. Donc les mercenaires rentreront chez eux sans qu’on ne leur face la guerre et nos frères les miliciens rentreront en famille.
l N’y aura-t-il pas des représailles du côté des Forces républicaines contre vos anciens ennemis ?
J’ai déjà commencé la sensibilisation dans ce sens. Vous savez que je suis de Bin-hounyé. Aussi bien chez moi qu’à Zouan-hounien, Danané et partout dans la région, j’ai déjà dit à mes parents de ne pas se venger. Comme le Premier ministre l’a conseillé à tout le monde, la vengeance appartient à Dieu. Ce sont des forces de la République. Il n’y aura donc pas de représailles. Au contraire, nous allons les accueillir à bras ouverts, les encadrer et même les aider à se réinsérer dans le tissu social.
l Général, quel commentaire faites-vous face au triste décor que présente aujourd’hui la ville de Blolequin, avec des cadavres çà et là dans les rue, des maisons et magasins pillés et saccagés ?
Je suis quelque peu désolé. Je ne dirais pas abattu parce que je suis un militaire. Mais abattu tout de même par rapport au spectacle que je viens de voir. Pour quelle raison peut-on tuer ses semblables et laisser les corps se décomposer comme cela dans la nature ? Pour quelle idéologie doit-on éventrer des magasins qui ont été construits à la sueur de leur front et pendant des années par ces commerçants qui perdent tout en une journée ? Je voudrais profiter d’ailleurs de l’occasion pour lancer un appel à tous ces frères de l’Ouest. Qu’ils soient Dan, Wê, surtout ceux des départements de Toulepleu, Blolequin, Guiglo et Duékoué. Il faut qu’ils reviennent à la raison. Qu’ils demandent à Gbagbo Laurent, au lieu de construire une école de guerre chez eux, qu’il vienne construire des instituts de formation agricole, des usines de transformation de matières premières, venir encadrer leurs frères, leurs sœurs et leurs parents pour que nous puissions faire l’harmonie entre les peuples et consolider la cohésion sociale. Je suis désolé de voir ce spectacle et quand je me rends compte que cela a été causé par des fils de la région, des cadres de la région, je dis que cela est tout simplement condamnable.
l Les Forces républicaines viennent de prendre la ville de Blolequin. A quand l’assaut final pour mettre un terme aux souffrances des populations ?
Cela relève de la confidentialité. Vous serez informés quand nous serons à Duékoué, Guiglo et même au-delà.
l La Cedeao vient, à l’issue de son dernier sommet, de solliciter une nouvelle résolution de l’Onu sur la crise ivoirienne alors que sur le terrain, la situation devient de plus en plus intenable. Quelle appréciation faites-vous d’une telle décision ?
Je le dis tous les jours que nous Ivoiriens devons compter sur nous-mêmes. Et que la force républicaine doit compter sur elle-même pour essayer de résoudre cette crise. N’attendons personne, ce ne sera ni la Cedeao, ni l’Union africaine, ni l’Onu qui viendra à notre aide. Si par extraordinaire des forces arrivent d’ailleurs, tant mieux ! Je le répète, comptons sur nous-mêmes pour juguler cette crise.
Entretien réalisé à Blolequin
par Kindo Ousseny
l Mon général, qu’est-ce qui motive votre présence dans la région et plus particulièrement en zone frontalière ?
Je suis venu à Man sur décision du Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro, en ma qualité de commandant du Fuseau ouest dans le cadre de l’opération ‘’Restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire’’. Je suis sur le terrain aujourd’hui pour une mission d’inspection des troupes. Nous avons donc commencé par Pékan et nous venons terminer par Blolequin. Mais il y a aussi nos frères d’armes de la Mission des Nations Unies au Libéria (Minul) qui ont souhaité nous rencontrer et nous avons fait d’une pierre deux coups. Ces frères d’armes étaient conduits par un lieutenant colonel de l’armée française de l’arme blindé- cavalerie comme moi. C’étaient des retrouvailles entre cavaliers. Nous avons eu un entretien très fructueux et constructif. Le compte-rendu, je le réserve au Premier ministre, ministre de la Défense.
l Peut-on tout de même avoir une idée du contenu de l’entretien, ou est-ce confidentiel ?
Il n’y a pas de confidentialité. Nous avons parlé de la situation des réfugiés ivoiriens qui sont au Liberia et que nous sommes près à accueillir. Ce sont nos parents qui ont fui la guerre et se sont retrouvés au Liberia. Nous devons les encourager à rentrer rapidement. Ils ont aussi demandé et que nous avons fait après avoir réussi à neutraliser les mercenaires et miliciens de monsieur Gbagbo. Surtout les mercenaires à qui nous demandons simplement de rentrer dans leur pays. Par contre, les miliciens qui sont ivoiriens, sont nos enfants, nos frères nos cousins etc ; on leur demandera sagement de rentrer en famille. Et de recommencer la vie. Ils ont été mis à l’école, non pas pour prendre les kalachnikovs pour aller se battre, pour aller faire la guerre, mais pour devenir demain, une autorité, une personnalité. Donc les mercenaires rentreront chez eux sans qu’on ne leur face la guerre et nos frères les miliciens rentreront en famille.
l N’y aura-t-il pas des représailles du côté des Forces républicaines contre vos anciens ennemis ?
J’ai déjà commencé la sensibilisation dans ce sens. Vous savez que je suis de Bin-hounyé. Aussi bien chez moi qu’à Zouan-hounien, Danané et partout dans la région, j’ai déjà dit à mes parents de ne pas se venger. Comme le Premier ministre l’a conseillé à tout le monde, la vengeance appartient à Dieu. Ce sont des forces de la République. Il n’y aura donc pas de représailles. Au contraire, nous allons les accueillir à bras ouverts, les encadrer et même les aider à se réinsérer dans le tissu social.
l Général, quel commentaire faites-vous face au triste décor que présente aujourd’hui la ville de Blolequin, avec des cadavres çà et là dans les rue, des maisons et magasins pillés et saccagés ?
Je suis quelque peu désolé. Je ne dirais pas abattu parce que je suis un militaire. Mais abattu tout de même par rapport au spectacle que je viens de voir. Pour quelle raison peut-on tuer ses semblables et laisser les corps se décomposer comme cela dans la nature ? Pour quelle idéologie doit-on éventrer des magasins qui ont été construits à la sueur de leur front et pendant des années par ces commerçants qui perdent tout en une journée ? Je voudrais profiter d’ailleurs de l’occasion pour lancer un appel à tous ces frères de l’Ouest. Qu’ils soient Dan, Wê, surtout ceux des départements de Toulepleu, Blolequin, Guiglo et Duékoué. Il faut qu’ils reviennent à la raison. Qu’ils demandent à Gbagbo Laurent, au lieu de construire une école de guerre chez eux, qu’il vienne construire des instituts de formation agricole, des usines de transformation de matières premières, venir encadrer leurs frères, leurs sœurs et leurs parents pour que nous puissions faire l’harmonie entre les peuples et consolider la cohésion sociale. Je suis désolé de voir ce spectacle et quand je me rends compte que cela a été causé par des fils de la région, des cadres de la région, je dis que cela est tout simplement condamnable.
l Les Forces républicaines viennent de prendre la ville de Blolequin. A quand l’assaut final pour mettre un terme aux souffrances des populations ?
Cela relève de la confidentialité. Vous serez informés quand nous serons à Duékoué, Guiglo et même au-delà.
l La Cedeao vient, à l’issue de son dernier sommet, de solliciter une nouvelle résolution de l’Onu sur la crise ivoirienne alors que sur le terrain, la situation devient de plus en plus intenable. Quelle appréciation faites-vous d’une telle décision ?
Je le dis tous les jours que nous Ivoiriens devons compter sur nous-mêmes. Et que la force républicaine doit compter sur elle-même pour essayer de résoudre cette crise. N’attendons personne, ce ne sera ni la Cedeao, ni l’Union africaine, ni l’Onu qui viendra à notre aide. Si par extraordinaire des forces arrivent d’ailleurs, tant mieux ! Je le répète, comptons sur nous-mêmes pour juguler cette crise.
Entretien réalisé à Blolequin
par Kindo Ousseny