Le délitement au sein de l’armée se poursuit. Après Bloléquin, la ville de Duékoué était sur le point de tomber hier aux mains des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. La ville la plus stratégique de l’ouest a été pénétrée presque sans combats réels. Les forces encore loyales à Laurent Gbagbo avaient déjà déserté la localité, laissée à la merci des miliciens. L’arrivée des FRCI a pu mettre fin aux pillages, viols et autres tueries perpétrés par les hommes de Julien Mompoho de l’AP-Wê, Yao Yao du Flgo et les miliciens libériens LIMA qui écumaient les rues et ruelles de la ville. Au-delà de cette nouvelle avancée militaire des FRCI, il faut voir dans l’attitude des derniers FDS de Duékoué la volonté de soldats conscients du changement du camp de la légitimité. Les ex- FDS savent qu’aujourd’hui, se faire tuer pour Laurent Gbagbo, est un sacrifice inutile. L’ancien président depuis le 28 novembre n’incarne plus la légitimité et la République. Laurent Gbagbo qui doit quitter le pouvoir s’est engouffré dans une voie suicidaire dans laquelle il veut entraîner le maximum de ses compatriotes. Non pas par amour de la patrie comme il le prétend, mais plutôt par orgueil et pour des considérations tribales. Le combat de Laurent Gbagbo n’est plus celui de la Côte d’Ivoire qui aspire aujourd’hui à la paix. Mais celui de lui et de son clan qui redoutent l’après-pouvoir, après avoir commis les crimes les plus atroces et inhumains que la Côte d’Ivoire ait connu dans son histoire. Au fur et à mesure que le temps passe, la raison commence à gagner les hommes de troupe. Nourris à la mamelle de la haine tribale, les hommes du général Philipe Mangou comprennent que, s’ils n’y prennent garde, ils risquent d’être sacrifiés sur l’autel des intérêts claniques d’un régime fini et vomi par la grande partie des Ivoiriens. Ils ont compris que le combat dans lequel on veut les entraîner n’a rien de patriotique. Et refusent donc de se faire tuer dans de telles circonstances. Le comportement des ex-FDS encore loyales à Laurent Gbagbo est une reconnaissance de la légitimité du président Alassane Ouattara. Un refus de cautionner l’imposture qui n’a que trop duré. Le temps de la remise en cause a sonné et les hommes des Forces armées régulières de Côte d’Ivoire entendent faire leur aggiornamento. Pour épouser les valeurs de la nouvelle armée républicaine de Côte d’Ivoire avec leurs frères d’arme des ex-Forces nouvelles. C’est la raison pour laquelle il ne peut y avoir de véritables combats entre eux. Après donc Duékoué, il est sûr que d’autres ralliements se feront dans les rangs des hommes du général Philipe Mangou
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly