Ainsi donc Charles Konan Banny a été nommé président de la commission ''Dialogue, Vérité et Réconciliation''. Charge à lui de répondre aux vœux du président Alassane Dramane Ouattara de faire la lumière sur un certain nombre d'événements majeurs qui ont pesé sur la vie socio-politique nationale. Et en termes d'événements dramatiques, la Côte d'Ivoire en a vécu depuis le coup d'État du 24 décembre 1999, la gestion ''bizarre'' de ce pays avec le Comité National de Salut Public (CNSP, junte militaro-civile au pouvoir en 2000), le fameux coup d'État manqué des 7 et 8 janvier, l'attaque de la nuit du 19 septembre 2002, puis la rébellion armée, et les récents événements post-électoraux de fin 2010 et début 2011, sans oublier tous les crimes et autres exactions. Le choix de Charles Banny en tant que ''Réconciliateur'', tel que voulu par le Chef de l'État, se heurte à l'image du Charles Banny en tant qu'acteur privilégié de la crise ivoirienne de ces 15 dernières années. Charles Konan Banny était Gouverneur de la BCEAO quand les fameux casses des agences principales de Bouaké, Korhogo et Man ont eu lieu en zones sous contrôle de l'ex-rébellion. Jusqu'à ce jour, on n'a jamais su ce qui s'était réellement passé là-bas? Combien les casseurs ont-ils en définitive emporté de ces 3 agences? Qui sont ces casseurs? Jusqu'à ce jour, on n'en sait rien du tout alors que c'est tout de même l'argent de la Côte d'Ivoire. Le même Charles Konan Banny était Premier ministre de ce pays quand en 2006, le scandale des déchets toxiques a éclaté ici. Outré par cet état de fait et soucieux de montrer qu'il n'était mêlé ni de près ni de loin à cette étrange affaire, il avait rendu sa démission en tant que Premier ministre -fait rarissime dans ce pays- au président Laurent Gbagbo, alors Chef de l'État, avant d'être reconduit aussitôt. Jusqu'à ce jour, sur ce scandale, les Ivoiriens ne savent toujours rien. Qui a envoyé ces déchets sur les bords de la lagune Ebrié? Pour quoi faire? Y a-t-il eu transactions financières dans cet déchargement mortel? Rien. Ce sont deux faits sur lesquels les Ivoiriens auraient bien voulu entendre l'acteur Charles Konan Banny. Mais, c'est plutôt le réconciliateur qu'ils verront. Qui parlera alors à sa place? La question demeure...
JMK
JMK
