Vingt-quatre heure après avoir dit le droit, le président du Conseil constitutionnel a fait prêté serment le président de la République vendredi dernier à la salle des « Pas perdus » du palais présidentiel. Solennellement devant toute la Nation, le président Alassane Dramane Ouattara a dit la formule consacrée qui fait de lui désormais le seul et unique président de la Côte d’Ivoire. Cette prestation de serment vient adouber ce que le peuple souverain de Côte d’Ivoire avait décidé depuis le 28 novembre 2010. Les vaillantes populations ivoiriennes avaient opté pour le changement. C’est la raison pour laquelle elles se sont rendues massivement aux urnes lors des deux tours de l’élection présidentielle. Au premier tour, le taux de participation était de 85%. Au second tour, malgré le couvre-feu instauré par Laurent Gbagbo à la veille et les menaces de violence généralisée, les populations ivoiriennes ont tenu quand même a participé massivement au scrutin. Le taux de participation de 81% au second qui l’atteste est un record absolu jamais réalisé dans le monde. Les Ivoiriens, par cette participation exceptionnelle, venaient de donner un message clair au monde entier. Le peuple souverain a parlé. Et a décidé que le docteur Alassane Dramane Ouattara doit être celui-là qui doit conduire les destinées de la Côte d’Ivoire dans les cinq prochaines années. Le score a été sans appel. Alassane Ouattara a obtenu plus de 8 points d’avance sur son adversaire (54,10% contre 45,90%). Des résultats proclamés par la Commission électorale indépendante le 2 décembre 2010. Malgré toutes les tentatives du FPI pour empêcher leur proclamation. Malheureusement, au moment où les Ivoiriens attendaient que la loi confirme la légitimité obtenu par le candidat du RHDP dans les urnes, le Conseil constitutionnel, contre toutes attentes, refuse de dire le droit. Pire, il prend sur lui-même de conférer cette légitimité à celui à qui le peuple a décidé de la retirer. Celui qui est chargé de veiller sur la constitutionnalité des textes de loi de la Côte d’Ivoire avait non seulement ignoré la légitimité donnée à Ouattara par le peuple. Mais aussi, il s’était résolu à légaliser le hold-up électoral perpétré par son adversaire. En se basant sur des motifs qui n’ont aucun fondement en droit. Paul Yao N’Dré, le président du Conseil constitutionnel dans ses arrêts du 3 et 4 décembre est sorti carrément du droit. Créant par la même occasion une crise postélectorale sans précédent où le peuple de Côte d’Ivoire qui avait pourtant clairement tranché, s’est retrouvé avec deux leaders dont l’un qui bénéficiait de sa confiance et l’autre qui se targuait de la légalité qui lui a complaisamment octroyé le Conseil constitutionnel. Aujourd’hui, comme le disait si bien le président de la République, Alassane Dramane Ouattara, la décision prise le jeudi dernier par le président Paul Yao N’Dré, « le réconcilier avec son serment et sa conscience ». Le contentieux de l’élection présidentielle est désormais vidé. La légitimité a enfin rejoint la légalité. Le choix du peuple est finalement respecté et reconnu par le droit. Mais à quel prix ? La Côte d’Ivoire n’en avait pas besoin.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly