Un crime n’est jamais parfait, a-t-on coutume de dire. Les Refondateurs qui ont géré pendant dix ans marqués par la prévarication des deniers publics viennent d’être rattrapés par leur passé peu glorieux à la tête de la Côte d’Ivoire. Ainsi, dans le cadre d’un contrôle des biens mal acquis, le Procureur de la République vient de demander le gel des avoirs de 148 personnes civiles et militaires du régime de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. Ce n’est un secret pour personne, la Refondation s’est illustrée de manière ostentatoire par les scandales et crimes économiques de toutes sortes, de sorte que de nombreux Ivoiriens avaient fini par croire que les détournements de fonds publics étaient quelque chose de banal voire normal. Bien qu’alerté par la presse de l’opposition responsable que constituait à l’époque le RHDP, Laurent Gbagbo a fermé les yeux là-dessus à défaut d’encourager ses camarades qui, pour la plupart, découvraient les délices du pouvoir d’Etat. Quelle aubaine ! Quand les Ivoiriens dénonçaient l’enrichissement illicite des barons de son régime, Gbagbo répondait par cette boutade : « Avant nous, il y a eu d’autres nouveaux riches. On a vu des gens ici en sandale avant l’Indépendance. Quelques années après, ils ont construit des villas en marbres ». Nul doute que ce genre de déclarations est de nature à encourager les crimes économiques. Conséquence, les scandales se sont succédé à un rythme effréné. Ainsi, on peut noter le scandale de la filière café-cacao qui est l’un des plus gros scandales de la refondation. Il s’agit de l’achat d’une usine à Fulton aux Etats-Unis. L’usine en question, introuvable sur le territoire américain a coûté la somme de 100 milliards de Francs CFA au contribuable ivoirien. En termes clairs, de petites gens, au sein du FPI, avaient subtilisé cette manne dans les caisses nationales, pour se la partager. Une étude faite par les bailleurs de fonds a révélé que 242 millions de Francs CFA étaient débloqués chaque mois pour payer les travailleurs de cette usine inexistante. En effet, selon une mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale en septembre 2005, sur environ 125 milliards de francs CFA prélevés sur le dos des planteurs, entre 2002 et 2004, seuls environ 40 milliards de francs CFA ont été régulièrement dépensés au bénéfice de la filière. Une partie de l’argent détourné a servi, selon plusieurs sources, à l’achat d’armes au temps fort de la crise militaro-politique. A peine, cette affaire est-elle portée devant les tribunaux que survient le scandale des déchets toxiques. A l’occasion, la société Trafigura qui a affrété le navire Probokoala, a été obligée par le Gouvernement Gbagbo a lui verser 100 milliards de FCFA. Gbagbo avait promis de dédommager les victimes dont le nombre s’élevait à plus de 100.000. A dire vrai, les malades des déchets toxiques n’ont vu que des broutilles et des menus fretins que le pouvoir a bien voulu leur donner. A peine 4 milliards leur ont distribués quand un bon matin, on a appris que les locaux du Trésor public ont pris feu. Le reste de l’important pactole, un peu plus de 95 milliards, a disparu dans la nature. Et pourtant, Laurent Gbagbo et ses camarades avaient promis de construire des hôpitaux, de nombreux centres de santé, d’acheter des équipements médicaux pour les populations. Au nombre des affaires sales du FPI, on dénombre la gestion opaque du pétrole. Pendant sept ans (de 2000 à 2007), les chiffres du pétrole ont été gardés dans le silence par la Présidence et le ministère des Mines. Si officiellement, on finit par annoncer aux Ivoiriens une production de 50.000 barils par jour, les chiffres réels trahissent les intentions du régime. Car, notre pays produit, selon les chiffres de la Banque mondiale, un peu plus de 90.000 barils par jour. En octobre 2007, les Ivoiriens assistent à la découverte de faux billets de dollars non du domicile d'un ponte de la refondation, en l'occurrence Zirignon Ottro, PCA de la SIR. Ces scandales cités plus haut ne sont que la face visible de l’iceberg. Les Refondateurs à quelque niveau qu’ils se situaient ont « mangé des deux mains » sans vergogne. L’heure des comptes a sonné. Chacun est face à ses responsabilités
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté