• Ce que recherchent Mamadou Koulibaly, Yao N'Dré, Miaka Oureto
L'image d'un Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel, « ami » de Laurent Gbagbo, haut cadre du Front populaire ivoirien (Fpi), faisant prêter serment à Alassane Ouattara, dans les règles de l'art, le consacrant ainsi président de la République de Côte d'Ivoire, est une couleuvre difficile à avaler par certains caciques du Fpi. Tout comme celle de Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale, donc N°2 du régime, et troisième vice-président du parti, assis au premier rang à cette cérémonie de prestation de serment, perçue comme un acte de trahison. Surtout que le professeur Koulibaly, après sa première audience avec le président Ouattara, le mercredi 20 avril dernier, avait décrié certains faits liés à cette prise de pouvoir, allant même jusqu'à juger les actes posés par le nouveau président d'irréguliers et d'illégaux, parce que dépourvus du sceau constitutionnel. «(...) je lui ai fait part des préoccupations des députés qui aimeraient bien qu'en tout début de mandat, nous puissions nous inscrire dans la légalité constitutionnelle. Donc, que les ordonnances qui sont prises en ce moment puissent faire l'objet d'une autorisation de l'Assemblée nationale et d'une régularisation. Et le président a donné son accord », avait déclaré Mamadou Koulibaly. Le président de l'Assemblée nationale avait par ailleurs lancé une invitation au chef de l'Etat pour un grand oral à l'hémicyle, face aux députés. Une séance qui devrait permettre au président de définir son programme de gouvernement devant le Parlement. Et depuis, plus rien, jusqu'à son apparition aux côtés de Ouattara pendant sa prestation de serment. L'image fait l'objet de débat au sein du Fpi et divise même ce parti en deux tendances. Pour le premier groupe, Paul Yao N'Dré, Mamadou Koulibaly, Miaka Oureto (SG du Fpi également présent à la prestation de serment, ndlr) ne devraient pas travailler avec le pouvoir Ouattara, alors que le président déchu Laurent Gbagbo, son épouse et plusieurs autres cadres de l'ancien régime sont en prison où en exil. Ce groupe estime par ailleurs que Alassane Ouattara est arrivé au palais par un coup d'Etat et que cette image devrait rester collée à son régime. La reconnaissance de son pouvoir par le président de l'Assemblée nationale et la prestation de serment avec le Conseil constitutionnel brisent cependant cette étiquette de coup d'Etat. Du coup, Mamadou Koulibaly qui se positionnait dans l'esprit des frontistes et de beaucoup d'Ivoiriens comme une alternative sûre, après la capture de Laurent Gbagbo, perdait là quelques points chez ces militants et cadres. Idem pour le professeur Yao N'Dré, qui était vu comme le dernier rempart d'un régime sécoué de toute part. Son revirement, après l'onction constitutionnelle qu'il a accordée à Laurent Gbagbo le 04 décembre 2010, est apparu comme le coup fatal porté à son « ami » Gbagbo. Et quand Miaka Oureto, secrétaire général du Fpi, s'en mêle, appelant ses militants à s'adapter au changement de régime et favorable à l'entrée au gouvernement, ces caciques concluent à la haute trahison. « Mamadou Koulibaly n'était pas à la prestation de serment de Gbagbo et il s'est présenté à celui Ouattara. Il n'avait pas besoin de venir, il pouvait rester au Ghana », « Yao N'Dré pouvait démissionner, et non se faire humilier de la sorte. Il s'est dédit et cela n'est pas bon pour un homme de droit de sa dimension. Il devait laisser Ouattara continuer sur sa lancée, même s'il devait le démettre et nommer un autre président au Conseil constitutionnel ». Ce sont là quelques commentaires qui fusent de certains milieux du Fpi.
Réalisme politique
Ces commentaires ne sont toutefois pas sans réponse. En effet, face à ceux qui pensent qu'il faut tourner le dos au nouveau régime, il y a le second groupe, qui lui maintient qu'il faut éviter la politique de la chaise vide. « Que proposent ceux qui critiquent l'attitude de Mamadou Koulibaly, de Yao N'Dré et de Miaka Oureto ? », interrogent-ils. Ici, l'on estime qu'il ne faut pas faire le jeu de l'adversaire, et qu'il faut tout mettre en oeuvre pour faire vivre le Front populaire ivoirien. Ce deuxième groupe de militants et de cadres est convaincu qu'après la prise de pouvoir d'Alassane Ouattara, ponctuée par la chute du régime Gbagbo, il existe une volonté cachée de museler définitivement le Fpi. Ils expliquent cette position par la destruction du siège de leur parti à Marcory zone 4, l'assignation à résidence ou l'exil forcé pour la quasi totalité des cadres, l'impossibilité constatée pour les journaux proches de l'ancien régime de revenir sur le marché. « Face à cette situation où le président de la République (Gbagbo) est pris, le président du parti Affi N'Guessan est en prison, la premier vice-président Sangaré Aboudramane, et la deuxième Simone Gbagbo sont en résidence surveillée, ainsi que tous les cadres, il fallait trouver une alternative pour ne pas que le parti meure », a expliqué un baron du parti, sous couvert de l'anonymat. Pour lui et bien d'autres, l'attitude de Mamadou Koulibaly, de Yao N'Dré et Miaka Oureto doit être comprise comme une bouée de sauvetage pour le navire Fpi. « Il fallait trouver la formule pour revenir dans le débat politique, et mettre fin à la traque des cadres et des militants. En parlant avec le président Ouattara, Mamadou Koulibaly, 3è vice-président du Fpi, Miaka Oureto, SG, et Yao N'Dré sont comme des émissaires du parti auprès des nouvelles autorités. A partir de là, tout peut se négocier, notamment la libération de Gbagbo et tous les autres ». Ce cadre de la Réfondation trouvent que Mamadou Koulibaly et les autres ont fait ce qu'on appelle en politique, « la saine appréciation des réalités du moment ». L'entrée au gouvernement prônée par Miaka Oureto constitue l'une de ces réalités du moment que le Fpi ne veut pas manquer. Convaincu que la politique de la chaise vide est plus nocive que salutaire, les refondateurs veulent être présents dans les instances de l'Etat pour mieux jouer leur désormais rôle de parti d'opposition. De plus leur présence physique sur la scène politique, estime ce groupe, va leur permettre de mieux négocier des postes pendant les élections générales à venir.
Hamadou ZIAO
L'image d'un Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel, « ami » de Laurent Gbagbo, haut cadre du Front populaire ivoirien (Fpi), faisant prêter serment à Alassane Ouattara, dans les règles de l'art, le consacrant ainsi président de la République de Côte d'Ivoire, est une couleuvre difficile à avaler par certains caciques du Fpi. Tout comme celle de Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale, donc N°2 du régime, et troisième vice-président du parti, assis au premier rang à cette cérémonie de prestation de serment, perçue comme un acte de trahison. Surtout que le professeur Koulibaly, après sa première audience avec le président Ouattara, le mercredi 20 avril dernier, avait décrié certains faits liés à cette prise de pouvoir, allant même jusqu'à juger les actes posés par le nouveau président d'irréguliers et d'illégaux, parce que dépourvus du sceau constitutionnel. «(...) je lui ai fait part des préoccupations des députés qui aimeraient bien qu'en tout début de mandat, nous puissions nous inscrire dans la légalité constitutionnelle. Donc, que les ordonnances qui sont prises en ce moment puissent faire l'objet d'une autorisation de l'Assemblée nationale et d'une régularisation. Et le président a donné son accord », avait déclaré Mamadou Koulibaly. Le président de l'Assemblée nationale avait par ailleurs lancé une invitation au chef de l'Etat pour un grand oral à l'hémicyle, face aux députés. Une séance qui devrait permettre au président de définir son programme de gouvernement devant le Parlement. Et depuis, plus rien, jusqu'à son apparition aux côtés de Ouattara pendant sa prestation de serment. L'image fait l'objet de débat au sein du Fpi et divise même ce parti en deux tendances. Pour le premier groupe, Paul Yao N'Dré, Mamadou Koulibaly, Miaka Oureto (SG du Fpi également présent à la prestation de serment, ndlr) ne devraient pas travailler avec le pouvoir Ouattara, alors que le président déchu Laurent Gbagbo, son épouse et plusieurs autres cadres de l'ancien régime sont en prison où en exil. Ce groupe estime par ailleurs que Alassane Ouattara est arrivé au palais par un coup d'Etat et que cette image devrait rester collée à son régime. La reconnaissance de son pouvoir par le président de l'Assemblée nationale et la prestation de serment avec le Conseil constitutionnel brisent cependant cette étiquette de coup d'Etat. Du coup, Mamadou Koulibaly qui se positionnait dans l'esprit des frontistes et de beaucoup d'Ivoiriens comme une alternative sûre, après la capture de Laurent Gbagbo, perdait là quelques points chez ces militants et cadres. Idem pour le professeur Yao N'Dré, qui était vu comme le dernier rempart d'un régime sécoué de toute part. Son revirement, après l'onction constitutionnelle qu'il a accordée à Laurent Gbagbo le 04 décembre 2010, est apparu comme le coup fatal porté à son « ami » Gbagbo. Et quand Miaka Oureto, secrétaire général du Fpi, s'en mêle, appelant ses militants à s'adapter au changement de régime et favorable à l'entrée au gouvernement, ces caciques concluent à la haute trahison. « Mamadou Koulibaly n'était pas à la prestation de serment de Gbagbo et il s'est présenté à celui Ouattara. Il n'avait pas besoin de venir, il pouvait rester au Ghana », « Yao N'Dré pouvait démissionner, et non se faire humilier de la sorte. Il s'est dédit et cela n'est pas bon pour un homme de droit de sa dimension. Il devait laisser Ouattara continuer sur sa lancée, même s'il devait le démettre et nommer un autre président au Conseil constitutionnel ». Ce sont là quelques commentaires qui fusent de certains milieux du Fpi.
Réalisme politique
Ces commentaires ne sont toutefois pas sans réponse. En effet, face à ceux qui pensent qu'il faut tourner le dos au nouveau régime, il y a le second groupe, qui lui maintient qu'il faut éviter la politique de la chaise vide. « Que proposent ceux qui critiquent l'attitude de Mamadou Koulibaly, de Yao N'Dré et de Miaka Oureto ? », interrogent-ils. Ici, l'on estime qu'il ne faut pas faire le jeu de l'adversaire, et qu'il faut tout mettre en oeuvre pour faire vivre le Front populaire ivoirien. Ce deuxième groupe de militants et de cadres est convaincu qu'après la prise de pouvoir d'Alassane Ouattara, ponctuée par la chute du régime Gbagbo, il existe une volonté cachée de museler définitivement le Fpi. Ils expliquent cette position par la destruction du siège de leur parti à Marcory zone 4, l'assignation à résidence ou l'exil forcé pour la quasi totalité des cadres, l'impossibilité constatée pour les journaux proches de l'ancien régime de revenir sur le marché. « Face à cette situation où le président de la République (Gbagbo) est pris, le président du parti Affi N'Guessan est en prison, la premier vice-président Sangaré Aboudramane, et la deuxième Simone Gbagbo sont en résidence surveillée, ainsi que tous les cadres, il fallait trouver une alternative pour ne pas que le parti meure », a expliqué un baron du parti, sous couvert de l'anonymat. Pour lui et bien d'autres, l'attitude de Mamadou Koulibaly, de Yao N'Dré et Miaka Oureto doit être comprise comme une bouée de sauvetage pour le navire Fpi. « Il fallait trouver la formule pour revenir dans le débat politique, et mettre fin à la traque des cadres et des militants. En parlant avec le président Ouattara, Mamadou Koulibaly, 3è vice-président du Fpi, Miaka Oureto, SG, et Yao N'Dré sont comme des émissaires du parti auprès des nouvelles autorités. A partir de là, tout peut se négocier, notamment la libération de Gbagbo et tous les autres ». Ce cadre de la Réfondation trouvent que Mamadou Koulibaly et les autres ont fait ce qu'on appelle en politique, « la saine appréciation des réalités du moment ». L'entrée au gouvernement prônée par Miaka Oureto constitue l'une de ces réalités du moment que le Fpi ne veut pas manquer. Convaincu que la politique de la chaise vide est plus nocive que salutaire, les refondateurs veulent être présents dans les instances de l'Etat pour mieux jouer leur désormais rôle de parti d'opposition. De plus leur présence physique sur la scène politique, estime ce groupe, va leur permettre de mieux négocier des postes pendant les élections générales à venir.
Hamadou ZIAO