Charles Konan Banny, président de la Commission Dialogue, Vérité, Réconciliation: "Le commandant Abéhi est-là. Il se met à la disposition de la République"

Investi d’une mission de réconciliation nationale, l’ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny, s’est déjà mis à la tâche. C’est dans le cadre de sa mission qu’il a initié, hier, une rencontre entre Guillaume Soro et le patron du groupe d’escadron blindé de la gendarmerie nationale basée à Agban, le commandant Abéhi Jean-Noël. M. Banny était accompagné, pour la circonstance, de nanan N’Goran Koffi II, chef du canton faafouê de Gossan et de M. Konan Lucien, représentant le porte-parole de la couronne baoulé.
Le 06 mai dernier, le nouveau président élu le 28 novembre 2010 a prêté serment devant le Conseil constitutionnel. Ainsi, il a rétabli la vérité. Avec cette prestation de serment du président Alassane Ouattara, le peuple de Côte d’Ivoire s’est réconcilié avec lui-même. Nous nous sommes réconciliés avec le droit. Et pour ceux qui sont croyants, nous nous sommes réconciliés avec Dieu, parce que Dieu est vérité.
Ce matin, nous sommes dans la droite ligne de la manifestation divine de la vérité. Le Premier ministre, Guillaume Soro, a accepté de me recevoir, pour enclencher, dans mes fonctions de président de la Commission Dialogue, Vérité, Réconciliation, ce vaste chantier national de retrouvailles et de réconciliation des fils et filles de ce pays. Depuis quelque temps, notre crise a au moins une constante. C’est qu’elle est militaire, puisqu’il y a eu la guerre. La réconciliation ne pourra pas se faire si nos enfants, si nos jeunes qui sont dans la carrière militaire et qui, à un moment donné, se sont battus, peut-être les uns contre les autres, pour des causes qu’ils ont crues justes. Mon rôle, c’est de faire en sorte que tous les enfants de Côte d’Ivoire se retrouvent. Aujourd’hui, je suis venu avec un des fils de Côte d’Ivoire qui s’est battu pour la République, voir le Premier ministre pour qu’il se mette à la disposition de la République. Je veux parler du commandant Abéhi et de ses hommes. Le commandant Abéhi est-là. Nous venons de faire une rencontre très, très importante où des choses importantes ont été dites. Que ce soit de la part du Premier ministre ou de la part du commandant Abéhi, au nom de ses hommes. Dialogue, Vérité, Réconciliation ! Deux phases de ce processus viennent d’avoir lieu, pendant plus d’une heure, dans le bureau du Premier ministre : dialogue et vérité. Là-dessus, je souhaite que la réconciliation advienne dans la repentance des uns et des autres. S’il y a faute, il y aura mea-culpa. Pour le moment, je suis heureux de vous dire que vos frères et sœurs gendarmes se mettent entièrement à la disposition de la République, à la disposition du président de la République à travers le Premier ministre qui a donc voulu accueillir cette cérémonie importante. Je suis accompagné des chefs. C’est le royaume baoulé qui est-là. Vous voyez donc la dimension que prend cette cérémonie. Que la nation le sache ! Il s’agit de réconcilier les peuples. C’est un peu de cela aussi dont nous avons parlé. Je suis heureux parce que cela s’est passé dans une atmosphère de franchise, de vérité. Il y avait même beaucoup d’émotions. Cette mission, je la sens en moi. Parce qu’il s’agit de rapprocher les hommes, il s’agit de réconcilier les hommes, il s’agit de réconcilier les cœurs ! Qui peut avoir la prétention de réconcilier les cœurs, si ce n’est Dieu ? Et comme nous sommes tous des croyants, je pense que Dieu nous aidera. Dieu a commencé à nous aider. Tous ceux qui croient en Dieu doivent le remercier ici et maintenant pour qu’il nous aide à nous retrouver, à nous réconcilier ».

Propos recueillis par MAE