Laurent Gbagbo disait pour clore chacun de ses discours de président : Dieu bénisse la Côte d'Ivoire. Alassane Ouattara, dans ses deux premiers messages à la Nation avait repris l'expression. Cette prière de Laurent Gbagbo inspirée par la tradition américaine et anglo-saxonne ‘’God bless America ou God save the queen’’ n'existe pas en France. Dans ce pays on verrait mal un Président français en appeler à Dieu en dépit du débat sur le caractère catholique par essence de la France. La loi sur la laïcité et la séparation de l'Etat est passée par là. Même si on accepte que Dieu est au-dessus des religions, et que son invocation ne constitue pas une violation du principe de la laïcité de l'Etat, il est utile de sortir Dieu de la République et du champ politique d'autant plus que l'on voit comment la foi et une croyance singulière à Dieu et à ses miracles ont pu pousser les Ivoiriens à être possédés par Satan, ainsi que l'a confessé Paul Yao Ndré. Après avoir dit comme Laurent Gbagbo : Dieu bénisse la Côte d'Ivoire, le Président de la République a pu se souvenir que cette façon de faire n'avait rien à voir avec une pratique républicaine. Bâtisseur d'églises et de mosquées, grand croyant et attaché au Pape, ainsi qu'au prestige de la religion catholique, Houphouët-Boigny se satisfaisait d'un prudent Dieu est Amour. De Dieu bénisse la Côte d'Ivoire à Vive la Côte d'Ivoire, Vive la République, Alassane Ouattara essaie de rééquilibrer les choses pour remettre à sa place la République et ses valeurs. Historien, Laurent Gbagbo semblait plus fasciné que l'est Alassane Ouattara par l'Amérique. Pourtant l'économiste Ouattara a étudié aux Etats-Unis et parle couramment l'anglais. Au point qu'à l'époque de Chirac et sous Bédié, Ouattara était perçu comme plus américano-compatible que franco compatible. La même trace de fascination anglo-saxonne se retrouve dans cet autre exemple. Laurent Gbagbo disait : ‘’Côte d'Ivoire is back’’. Alassane Ouattara a dit samedi dernier ‘’la Côte d'Ivoire est de retour’’. Même vision nationaliste, emphatique et enthousiaste sur la place de la Côte d'Ivoire. Gbagbo le disait en anglais, Ouattara en français. Le disant Gbagbo reconnaissait les acquis du pays à refonder par lui...Hommage indirect à Houphouët et à Bédié ? Signer et célébrer le retour de la Côte d'Ivoire, si vite après la crise la plus meurtrière de son histoire, n'est-ce pas de la part du Président de la République rendre hommage à Laurent Gbagbo ? De quoi faire oublier l'absence d’allusion directe faite à lui et à Robert Guéi. Alassane Ouattara est le 5ème Président ivoirien. Et non le 3ème. Houphouët et Bédié ont été cités Samedi par le chef de l'Etat qui a rendu hommage à deux de ses prédécesseurs alors que la partie de son discours annonçant cela laissait penser que tout le monde aurait été cité. Cela aurait renforcé l'adhésion de toutes les sensibilités aux exhortations du Président de la République, désormais grand vagabond de la réconciliation entre Ivoiriens, Ivoiriennes et entre habitants de la Côte d'Ivoire. Rappeler que Laurent Gbagbo et Robert Guéi dont le parti et les partisans sont des alliés sûrs, devaient être cités, est utile en cette période de renaissance. Mais le plus utile consiste à inviter les partisans de Laurent Gbagbo qui continuent le débat sur la légitimité de Ouattara et qui prennent encore le plaisir de contester sa victoire, en espérant le retour toujours pas lointain de leur champion, à admettre enfin clairement avec ce qui s'est passé ce Samedi dans la capitale politique de notre pays, qu'Alassane Ouattara est définitivement et résolument aux commandes. Si les uns continuent à rester dans la défiance et dans la négation, comment espérer donner la confiance aux autres pour construire la paix et la réconciliation ? Pour revenir à l'Etat de droit et au respect des libertés démocratiques garanties par la Constitution ? Dix-huit ans après Houphouët-Boigny, la Côte d'Ivoire, si elle ne l'est pas après le 21 Mai et toute cette attraction mondiale créée autour de l'investiture du Président de la République, sera-t-elle sérieusement un jour de retour à sa place dans le concert des Nations ? Le temps de la renaissance est arrivé pour tous. Et ceux qui aiment Laurent Gbagbo n'ont pas le droit de l'aimer plus que la Côte d'Ivoire. Alors ensemble disons Côte d'Ivoire ‘’is back’’, la Côte d'Ivoire est de retour. Vive la République ! Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire. Qu'Allah soubouhana watahala bénisse la Côte d’Ivoire ! Pour que vive la Côte d'Ivoire éternelle !
Par Charles Kouassi
Par Charles Kouassi