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Politique Publié le lundi 23 mai 2011 | L’Inter

CRISE POST-ELECTORALE/ PROCES DES DIGNITAIRES DE L`EX-REGIME Alassane Ouattara : « Nous demanderons que Gbagbo soit jugé par la CPI », « Pourquoi la base militaire française doit demeurer en Côte d`Ivoire », « Soro sera reconduit »

Juste après son investiture comme président de la République, Alassane Ouattara s'est confié à la chaîne de télévision française « France 24 ». Dans cet entretien, il a annoncé le jugement de Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI), le maintien de la base militaire française et la reconduction du Premier ministre Guillaume Soro. Sans oublier d'autres sujets importants. Interview

Vous avez été investi ce samedi avec une forte mobilisation d'Ivoiriens après près de 18 ans de lutte. Comment vous sentez-vous?

La mobilisation des Ivoiriens m'a beaucoup impressionné. Je pense que c'est un signe très fort. La Côte d'Ivoire se rassemble malgré cette terrible crise post-électorale avec beaucoup de morts, 3000 tués, beaucoup de frictions et les chefs d'Etat nous ont honorés (…). En plus des chefs d'Etat, une vingtaine, beaucoup de pays étaient représentés. Cela fait une trentaine dont la France, l'Union européenne, notamment la Belgique et les pays arabes, les pays latino-américains

La Force Licorne a joué un rôle décisif dans le dénouement de cette crise post-électorale. Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez été installé par les puissances étrangères?

Parce qu'ils ne connaissent pas la réalité tout simplement. Les Ivoiriens sont fiers d'avoir mené ce combat. Après tout, ce ne sont pas les Forces françaises ni onusiennes qui ont permis aux FRCI de venir jusqu'à Abidjan. A Abidjan, Laurent Gbagbo avait des armes de destruction massive. Les Nations unies avaient pris la résolution 1975 pour la destruction de ces armes. Sans ces armes, Laurent Gbagbo n'était rien du tout. Nous, nous considérons que c'était important de régler ce problème. Et d'ailleurs, l'accueil qui a été réservé au président Sarkozy, l'intensité de cet attachement n'est que le reflet des liens très forts entre la France et la Côte d'Ivoire.
Ce sont des liens historiques. Souvenez-vous que Houphouët-Boigny a été ministre d'État sous la quatrième République et que François Mitterrand était son ministre délégué. Qu'on arrête. Nous sommes très fiers des relations privilégiées que nous avons avec la France. Si c'était à renforcer, parce que c'est déjà très fort, nous le ferons parce que nous sommes très attaché à cette coopération et à ces liens historiques.

Le samedi 9 avril, vous êtes reclus à l'hôtel du Golf, les mortiers tombent sur votre hôtel. Le lendemain dimanche 10 avril, il est 9h du matin, vous appelez Nicolas Sarkozy pour lui dire il faut faire quelque chose. Est-ce que dans ce cas-là, l'amitié ça compte parce que ça fait 15 ans que vous vous connaissez?

Non, j'ai appelez Nicolas Sarkozy mais j'ai aussi appelé Ban Ki-moon. Une résolution a été adoptée, 1975 qui interdit l'utilisation des armes lourdes et Gbagbo utilisait des armes lourdes contre nous. Il faut être logique. La communauté internationale devait assumer et Ban Ki-moon n'a pas pris cette décision sans avoir consulté les membres du Conseil de sécurité, qui ont donné leur accord à l'unanimité. La France a tout simplement agi dans le cadre de son mandat. Et si elle ne l'avait pas fait, elle aurait été en faute.

Ce samedi, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait maintenir une base militaire française à Port-Bouët à Abidjan, c'est une surprise. Est-ce que c'est vous qui le lui avez demandé?

Oui, le président Bédié et moi avions saisi déjà les autorités françaises en son temps pour que la base soit maintenue. Sous prétexte des choses que je ne qualifierais pas, mon prédécesseur avait demandé le départ de la base française du 43ème BIMA. Vous savez, la Côte d'Ivoire est un lieu très important en Afrique de l'Ouest. Nous sommes tout de même au centre de l'Union économique et monétaire, nous sommes la deuxième puissance au sein de la CEDEAO. Nous avons une coopération très étroite avec des pays comme le Burkina, le Mali où il y a des menaces de terrorisme. Donc nous pouvons dire que l'influence collective avec nos partenaires va jusqu'aux frontières de l'Algérie et d'autres pays où le terrorisme est quand même une menace. Pourquoi retirer la base militaire de la Côte d'Ivoire? Je trouve que c'est un instrument important de lutte contre le terrorisme. Il faut que ces bases soient renforcées. Il faut que toute cette sous-région soit en paix et soit protégée parce que nous n'avons pas les moyens de renseignements ou le suivi pour régler ces problèmes terroristes.

Vous ne craignez pas qu'on parle de « françafrique »?

Non, c'est plutôt l'Afrique qui demande cela. Et l'Afrique fait partie du monde. Pourquoi voulez-vous chaque fois singulariser l'Afrique? Les USA ont des bases dans d'autres pays. En quoi cela gêne? Il y a des bases au Moyen-Orient, cela ne gêne pas. Quand il s'agit de protéger l'Afrique, on en fait un complexe. Nous n'avons pas de complexe. Nous voulons travailler à protéger les Ivoiriens, à protéger les Africains, à développer les relations entre l'Afrique et tous les autres pays et nous n'avons d'objectif que l'intérêt de la Côte d'Ivoire, des Africains et des Ivoiriens.

Lors de votre discours d'investiture, monsieur le président, vous avez beaucoup parlé évidemment de réconciliation, on n'a pas grandement entendu le mot pardon. Est-ce qu'on peut se réconcilier sans pardonner?

Non, point du tout! On doit se réconcilier dans le dialogue. Ce dialogue doit être empreint de vérité. Pour cela, nous avons appelé notre Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Il faut qu'à l'aboutissement, nous ayons un processus de justice positive et non négative. La justice positive, effectivement c'est le pardon. Mais la justice négative, c'est également de punir les crimes les plus graves. Il faut bannir l'impunité en Côte d'Ivoire, cela est un problème central des difficultés de notre pays. Nous allons pardonner ce que nous pouvons pardonner. Cela dépendra des recommandations de la Commission. Mais parallèlement, le processus judiciaire va continuer. Les crimes graves seront punis.

Concernant Laurent Gbagbo qui est toujours à Korhogo dans le nord du pays. Par qui va-t-il être jugé? Par la Cour pénale internationale ou les tribunaux ivoiriens?

Il y a des catégories qui relèvent des tribunaux ivoiriens. La corruption, la déstabilisation, la confiscation du pouvoir après l'élection, les forfaitures etc. Tout ça peut être jugé par les tribunaux ivoiriens. Mais à côté, nous avons des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des crimes de fond. Nous demandons que ce soit la CPI qui les juge.

Donc Laurent Gbagbo ira à la CPI?

Nous demanderons que Laurent Gbagbo soit jugé. J'ai déjà écrit d'ailleurs pour le demander. Pas seulement lui, il y a d'autres personnes.

Il y a des chefs d'État que vous avez reçus ce samedi, qui ont dû vous dire non, laisse ça, laisse tomber

Aucun. J'ai eu un dîner avec des chefs d'État, y compris avec le président de l'Union africaine. J'ai discuté avec le président de la CEDEAO, de l'UEMOA. C'est trop grave ce qui est arrivé. Pourquoi certains chefs d'État devraient être devant la CPI pour ce qu'ils ont fait, (c'est-à-dire) des crimes de sang, des crimes de guerre et que Laurent Gbagbo ne le soit pas!

Et vous ne craignez pas qu'à l'occasion d'un procès à Abidjan, Laurent Gbagbo ne transforme ce procès en tribune politique?

Vous savez, je crois qu'il n'a aucune influence réellement. Il a maintenu les gens par la terreur, par l'argent. Maintenant qu'il est dépouillé des moyens de l'État, il sera jugé sur ces questions de manière tout à fait normale. D'ailleurs, ce que je crains, c'est qu'il y ait une tentative d'enlèvement ou peut-être de violence à son endroit. C'est pour cela que je l'ai envoyé à Korhogo pour le protéger en réalité. Mais il sera jugé. Il sera jugé en interne et je demande qu'il soit jugé par la CPI.

Monsieur le président, vos hommes, les FRCI ont commis également des exactions dans l'ouest du pays à Duekoué. Vous avez dit qu'aucun crime ne restera impuni. Est-ce que ces hommes-là ont été arrêtés?

Il faut d'abord faire le point, que nous sachions ce qui s'est passé. Nous avons diligenté le procureur de cette région, qui est allé faire des investigations. J'ai demandé également à la Commission des droits de l'Homme de faire une enquête. A l'issue de ces enquêtes, tous ceux qui auront des choses à se reprocher, à qui on reprocherait, seront jugés. Tous les Ivoiriens sont égaux devant la loi. Il n'y aura pas d'exception. J'ai dit tout à l'heure que je suis contre l'impunité. Ceci veut dire l'impunité contre tous ceux qui vont commettre des crimes.

Pas d'impunité également pour les assassins d'Ibrahim Coulibaly, celui qu'on appelle le commando invisible qui vous a soutenu dans la bataille d'Abidjan, qui a été tué par vos hommes? Il n'y aura pas également d'impunité pour les commanditaires?

(Pour) Ibrahim Coulibaly, j'ai fait faire une autopsie. Les circonstances de sa mort doivent être bien clarifiées. C'est une bataille qui a conduit à sa mort et nous verrons comment les choses se sont passées. Il y aura une enquête approfondie et en fonction des résultats de l'enquête, nous prendrons les mesures nécessaires.

Vous n'avez pas demandé à ce qu'il soit pris vivant comme Laurent Gbagbo?

Si, j'ai demandé à ce que Laurent Gbagbo soit pris vivant, c'est la même chose pour Ibrahim Coulibaly. Laurent Gbagbo, quand il a été pris, sa première phrase a été de dire, ne me tuez pas. Les gens lui ont dit que le président nous a dit de toute façon de ne pas toucher à un seul de vos cheveux. Apparemment, on me dit que pour Ibrahim Coulibaly, plutôt, ses gens ont riposté, ont commencé à tirer sur les FRCI. Mais je préfère ne pas rentrer dans tous ces détails. Laissons l'enquête suivre son cours et nous en tirerons toutes les conséquences.

Monsieur le président, que répondez-vous à ceux qui disent que vous ne contrôlez pas vos troupes?

Je suis pour la liberté d'expression. Vous savez, la Côte d'Ivoire était dirigée dans un état de désordre. Regardez les pays qui étaient tenus comme la Tunisie ou d'autres pays que je ne citerai pas, qui ont eu des régimes très forts avec des personnalités qui ont non seulement fait de la sécurité leur objectif, mais également le développement économique. Et quand il y a un vide sécuritaire, qu'est-ce qu'on fait? Il n'y a plus personne. C'est ce qui se passe à Abidjan. Nous n'avons pas eu ces difficultés ailleurs. A l'Ouest c'était la même chose. Laurent Gbagbo avait organisé une situation de révolte, de tueries, de développement des miliciens et des mercenaires. Alors quand il n'y a pas d'ordre, évidemment, ça devient quand même compliqué. Mais vous savez Abidjan, est quand même apaisée maintenant en un mois. Vous savez que les miliciens ont été exclus d'Abidjan, les mercenaires également.


Dans certains quartiers comme Yopougon, beaucoup de gens restent terrorisés, n'osent pas sortir de chez eux. Ils sont terrorisés notamment par les FRCI. Est ce que vous allez les remettre au pas?

Vous savez, ces questions sont importantes. Il y avait des mercenaires et des miliciens par dizaines de milliers à Yopougon. Yopougon était la base de repli. Pour ceux qui ne connaissent pas Yopougon, c'est un quartier important d'Abidjan où il y a 1,5 million d'habitants comme à Abobo. Et quand les miliciens sont partis des neuf autres quartiers d'Abidjan, ils se sont tous retrouvés à Yopougon par dizaines de milliers. Ils avaient des complices, chez qui ils cachaient des armes lourdes. Ils fallait faire un travail d'assainissement. C'est ce qui s'est passé. Et maintenant, la paix est revenue à Yopougon. Et nous veillerons à ce que la Police et la Gendarmerie fassent leurs activités de protection et de maintien de l'ordre.

Est-ce que vous avez les nouvelles des deux Français, du Malaisien et du Béninois qui ont été enlevés le 4 avril dernier à Abidjan?

Nous suivons cette question de très près. Nous avons eu quelques éléments puisque certains miliciens qui les ont enlevés et qui ont pu être arrêtés, nous ont indiqué les chefs de bande. Nous remontons la filière mais je préfère m'en tenir à cela pour le moment.

L'enquête avance?
Oui

Dans votre discours de ce samedi, vous n'avez pas cité le nom de votre Premier ministre. Est-ce que cela veut dire que la page de Guillaume Soro est tournée?

Non, pas du tout. Il faut dire que Guillaume Soro est un Ivoirien. Il fait un excellent travail et il sera reconduit dans ses fonctions. Le Premier ministre est le ministre de la Défense. Nous sommes en accord avec le président Bédié pour le faire. Donc le citer ou ne pas le citer n'est pas si important que cela.

Est-ce qu'il sera un jour votre successeur?

C'est à lui que vous devez poser la question.

Vous avez été élu pour cinq ans, mais franchement, monsieur le président, cinq ans, est-ce que ça suffit pour toutes les promesses que vous avez faites? Est-ce que vous n'allez pas vous représenter en 2015?

Mais vous allez vite en besogne. Vous savez, d'abord, il faut la santé, la vie. Le destin d'un homme politique, nous savons comment ça peut se passer. Je suis engagé à faire en sorte que ces cinq années produisent le maximum de ce que j'ai promis aux Ivoiriens et nous allons aller très vite.

Vous avez dit qu'un gouvernement d'union nationale va être formé dans les prochains jours, est-ce que dans ce gouvernement d'union nationale on trouvera des proches de Laurent Gbagbo?

Des proches de Laurent Gbagbo, je ne sais pas, mais je suis en discussion avec les éléments modérés du FPI. Je souhaite qu'ils fassent partie de mon gouvernement. Je l'ai promis durant ma campagne. Ce n'est pas par rapport à la crise, c'est tout simplement ma vision des choses. On ne peut pas exclure un parti important de la gestion du pays.

Vous annocez des législatives avant la fin de l'année. Est- ce que les deux grands partis du RHDP, le RDR et le PDCI iront ensemble ou séparés?

C'est une question qui est en discussion. J'en ai parlé avec le président Bédié et les autres présidents du Rassemblement des houphouétistes. Nous avons une commission qui est en place et qui nous fera des recommandations. Est-ce que nous devons avoir un parti unique et unifié avant les législatives ou pas? C'est une question de majorité au niveau des partis qui sont membres du RHDP.

Guillaume Soro est donc le futur Premier ministre de ce gouvernement d'union que vous allez former dans quelques jours

Il continue dans sa mission.

Mais on se souvient qu'entre les deux tours du scrutin de novembre dernier, vous avez promis la Primature au PDCI. A quel moment tiendrez-vous votre promesse?

Écoutez, moi j'en discute avec le président Bédié. Nous considérons que Guillaume Soro fait du bon travail, que la situation est encore fragile et que nous avons besoin de lui. Nous souhaitons qu'il continue et il a accepté de continuer. C'est lui qui formera le prochain gouvernement.

Est-ce qu'il y aura un jour un Premier ministre PDCI ou est-ce que finalement, c'est lui qui conduira le gouvernement?

J'imagine. Je tiens toujours mes engagements. Au PDCI on le sait. Je tiendrai mes engagements le moment venu. Mais ce n'est pas le moment.

Relancer l'économie, c'est l'un des grand défis qui vous attend. La Côte d'Ivoire est un pays riche en ressources naturelles, c'est un pays qui est fort de sa jeunesse. Comment vous allez faire pour remettre le pays sur les rails, quelles seront vos priorités?

Ça, c'est la chose la plus facile pour moi en tant qu'économiste, en tant que banquier. Vous savez, la difficulté, Laurent Gbagbo a utilisé les ressources ivoiriennes, aussi bien les ressources financières que les ressources humaines pour se maintenir au pouvoir. J'ai un mandat de cinq ans, j'utiliserai les ressources financières et humaines pour protéger les Ivoiriens et pour pourvoir à de meilleures conditions de vie. Et pour cela, il faut non seulement la sécurité, il faut également des ressources, des investissements. Il faut que nous soyons ouverts sur le monde. Et cela commence par une intégration régionale plus renforcée. Donc en faisant cela, je pense que nous aurons les instruments nécessaires pour avoir une croissance économique très forte au-delà des 7 ou 8% dans les deux ou trois prochaines années. Cela nous permettra d'absorber le taux du chômage et de créer des emplois pour les jeunes. Le mal du pays pendant ces dix dernières années a été l'utilisation par Laurent Gbagbo de la jeunesse, l'instrumentalisation de la jeunesse; faire de la violence plutôt que de leur procurer des emplois. Ma stratégie est inverse. Et je ferai en sorte également qu'il y ait de la bonne gouvernance dans ce pays. Il n'y aura pas d'utilisation des ressources publiques à des fins personnelles. Et d'ailleurs, j'aurai l'occasion de le démontrer à l'occasion de la formation du nouveau gouvernement.

Et la bonne gouvernance, monsieur le président, tous vos prédécesseurs l'ont promise, notamment dans la filière café-cacao, ça n'a jamais marché. Qu'est-ce que vous ferez mieux que vos prédécesseurs pour nettoyer la filière?

Référez-vous à ma gestion de 1990 à 1993. Beaucoup reconnaissent (à cette période) qu'il y avait moins de corruption, moins de corruption de ce genre et que nous avons eu à démettre de hauts fonctionnaires pour leur gestion. Nous avons eu à démettre des militaires, des policiers pour leur comportement abusif. Et nous reprendrons le même programme. Il faut sévir. Il faut mettre fin à l'impunité. Cela ne veut pas dire seulement au niveau des crimes majeurs, mais également la petite corruption. Il faut arriver à donner des réflexes de bon comportement, de citoyen à tous nos compatriotes.

Y compris chez les policiers et les gendarmes qui rackettent sur les routes et les rues?

Ça se fait un peu partout dans le monde, surtout en Afrique, et nous prendrons des mesures pour assainir la Gendarmerie, la Police comme l'Armée.

Et le pétrole, et les autres secteurs porteurs comme le télécom, le BTP, vous allez revoir les contrats conclus par votre prédécesseur?

Tout sera audité et tout sera revu en fonction, bien sûr, de la manière dont les contrats ont été négociés. Nous tiendrons nos engagements parce que je veux un État de droit. Mais ceci étant, les contrats léonins seront dénoncés.

Vous pensez à quel contrat en particulier?

Je n'ai pas d'a priori. Mais nous ferons un audit des secteurs importants, parce que les ressources doivent revenir dans les caisses de l'État et être utilisées pour promouvoir le bien-être des Ivoiriens. C'est aussi simple que cela.

Dominique Strauss Kahn, monsieur le président, vous l'avez rencontré ici même il y a un an en Côte d'Ivoire. Tout le monde est stupéfait de ce qui lui arrive. Est- ce que c'est votre cas également?

Dominique Strauss Kahn est un ami, je suis peiné par ce qui arrive, bien entendu. Il faut attendre que la lumière soit faite et que la justice fasse son travail.

Vous êtes stupéfait, mais au delà, une semaine après, est-ce que ça ne donne pas à réfléchir sur le destin de chacun d'entre nous?

Je ne souhaite pas allez plus loin sur cette affaire.

Mais ça vous peine hein?

Un ami qui se trouve dans une situation pareille, c'est toujours pénible.

Évidemment, vous en avez parlé avec Nicolas Sarkozy. Est-ce que la mise hors jeu de M Strauss Kahn ouvre plus le jeu politique en France pour Sarkozy l'année prochaine?

Je ne vais pas me mêler tout de même de la vie politique française. Non, nous n'en avons pas parlé. C'est une question franco-française. J'ai suffisamment de problèmes à régler en Côte d'Ivoire. Soyons modestes quand même. Je souhaite que les Français fassent leur élection librement comme nous l'avons fait en Côte d'Ivoire.

Propos recueillis par
Y.DOUMBIA
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