L'attraction la plus attendue de la cérémonie d'investiture du président Alassane Ouattara, qui a eu lieu le samedi 21mai dernier à Yamoussoukro, n'était nulle autre que le président Sarkozy. S'ils doutaient, sinon se préoccupaient moins de l'arrivée annoncée de la Secrétaire d'Etat américaine, Hilary Clinton, les partisans du chef de l'Etat, qui ont immergé la capitale politique ivoirienne piaffaient d'impatience de voir de près et d'ovationner le président Français, considéré comme le héros dans le dénouement de la crise ivoirienne. Les populations de Yamoussoukro et le public venu des quatre coins du pays entendaient réserver un accueil des plus délirants à Nicolas Sarkozy sur le chemin de l'aéroport international où beaucoup ont prévu de se déplacer pour être des premiers à le voir. Le vendredi soir déjà, ceux qu'on peut considérer comme les fans du chef de l'Etat français ont pris soin de s'enquérir auprès de la centaine de journalistes autorisés à couvrir l'évènement, du programme des arrivées des invités du président Ouattara dont certains venaient d'être accueillis le même jour. 9H30mn, c'est l'heure donnée pour l'arrivée du président Sarkozy. Les réveils sont donc réglés à l'heure dite pour ne pas manquer ce rendez-vous. Hélas, alors que certains s'étiraient dans leur couchette de fortune (des milliers de personnes n'ayant eu de chambre pour passer la nuit), l'hôte de marque était déjà dans les airs de la capitale politique ivoirienne. Nicolas Sarkozy est arrivé à Yamoussoukro plus tôt que prévu, ou peut-être annoncé au programme. Dès 7h30 du matin, l'avion spécial du président français avait atterri et le locataire de l'Elysée accueilli personnellement par son homologue ivoirien arrivé quelques minutes plus tôt sur les lieux. Aussitôt, le cortège s'est ébranlé pour la résidence de feu le Président Houphouët-Boigny, où le président Ouattara a choisi de s'établir. Dans le ciel de la capitale politique ivoirienne, des soldats français en hélico veillent à la sécurité de leur président. La veille, on a assisté au même ballet aérien des casques bleus onusiens, qui accompagnaient le cortège de chaque chef d'Etat à son arrivée. Mais, pour le grand public, ces survols étaient très vite assimilés à des opérations de sécurisation de la ville, vu les menaces de combattants pro-Gbagbo qui fusaient avant l'événement. Aussi n'aurait-il pas le temps de s'apercevoir qu'il venait de manquer l'arrivée tant attendue du président français. Celui à qui beaucoup envisageaient de réserver un accueil des plus chaleureux pour témoigner leur reconnaissance pour son implication ayant abouti au dénouement de la crise ivoirienne en faveur, de leur mentor. Journalistes, partisans de Ouattara, populations de Yamoussoukro, tout le monde a été dribblé. Seuls quelques matinaux déjà sur place à cette heure ont été témoins de l'arrivée de M. Sarkozy. La présence du président français est confirmée plus tard à 11h55mn quand il est annoncé le premier dans la salle, déjà comble des invités de marque du président ivoirien. Le patron de l'Elysée, précédé par son ministre des Affaires étrangères Alain Jupé, tout feu tout flamme, fait son entrée sous des ovations nourries du public. Mais comme à son arrivée, Nicolas Sarkozy, certainement pris par le temps, en raison des imperfections de l'organisation, va encore fausser compagnie à ses éventuels fans. Discrètement, le président français est sorti de la salle et a mis le cap sur l'aéroport pour Abidjan où il était attendu à la base de la Licorne à Port-Bouët par ses ressortissants. Le public, confiné hors de la salle de la cérémonie d'où il suit l'événement par des écrans géants, ne se rendra compte de l'absence de l'hôte de marque qu'au moment des félicitations de l'ensemble des chefs d'Etat ayant effectué le déplacement à Yamoussoukro à leur homologue ivoirien. Le président Sarkozy ne prendra pas part à cette étape de la cérémonie, ni à la photo de famille, encore moins à la prise d'armes marquant la fin de la fête. Il était déjà à Abidjan où il s'entretenait avec ses ressortissants. Même si cela n'a en rien gêné le déroulement normal des choses, ce départ précipité aura été une bourde à la fête à Ouattara dont il restait la véritable attraction. En l'absence de Hilary Clinton remplacée par l'honorable Brooke Anderson, conseiller adjoint à la sécurité nationale américaine dont la présence n'a même pas été évoquée dans la salle.
Félix D.BONY
Envoyé spéciale
Félix D.BONY
Envoyé spéciale