-A tout Seigneur, tout honneur. L’adage vaut pour tout la faste qui a entouré la cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara, président de la République, samedi à Yamoussourko. Et, en pareille circonstance nul ne saurait déroger à la règle. En tout cas, pas l’armée de Côte d’Ivoire. En plus des honneurs habituels qu’elle rend à son chef suprême, la ‘’grande muette‘’ a décidé de parler d’une façon assez spéciale. Elle a tiré cent et un (101) coups de canon en hommage à l’élu. C’est l’ « usage » selon le capitaine Léon Aka Kouakou, porte-parole du ministre de la Défense. Dans le communiqué qu’il a lu, la veille, il avait précisé que l’armée allait procéder par ces coups de feu, pour dire au monde entier que la Côte d’Ivoire a un nouveau président. Le rituel militaire est l’expression de la soumission de l’armée au président de la République, chef suprême des Armées. Mais au-delà de cette explication, les cent et un coups de canon sont une pratique courante dans bien de Républiques. Avant que la salve en question ne soit exécutée, à partir d’un canon de 25milimètres, le ministre de la Défense, Guillaume Soro, en a parlé aux populations de la région des Lacs. Elles devraient se « tranquilliser », quand elles entendront le canon tonner, les avait-il prévenues. Un fait important sous-tend, par ailleurs, les tirs au canon. C’est qu’ils seront réalisés, simultanément, par deux groupes de militaires. D’une part, des Ivoiriens et d’autre part, des Ghanéens. Ces derniers membres des Casques bleus sont venus « spécialement » du pays de John Atta Mills pour la circonstance. La présence des voisins ghanéens n’a d’autre sens que la volonté des autorités ghanéennes à montrer patte blanche au nouveau pouvoir ivoirien. En effet, et ce n’est un secret pour personne, une opinion ivoirienne relaye depuis peu, à travers la presse nationale, les préparatifs d’un putsch, qui serait commandité depuis le Ghana par des partisans du président sortant, Laurent Gbagbo. Face à ces bruits persistants, nocifs à la coopération bilatérale entre les deux pays, le président ghanéen John Atta Mills avait vite fait de démentir tout soutien à une quelconque manœuvre de déstabilisation du régime de la Renaissance. Le président ghanéen avait même commis son vice-ministre à l’Information, puis l’ambassadeur du Ghana en Côte d’Ivoire à rassurer les Ivoiriens. La diplomatie ghanéenne se veut donc, on ne plus rassurante, au point où elle a dépêché ses militaires en Côte d’Ivoire. Bien plus, Atta Mills s’est rendu à Yamoussoukro où il a certainement eu une audience avec Alassane Ouattara, et assisté à l’investiture de ce dernier. Au vu de toute la diplomatie déployée depuis Accra, on ne peut pas dire que l’amitié ivoiro-ghanéenne ne prend pas un nouveau départ.
Bidi Ignace
Bidi Ignace