Finie la fête, place au travail. En la matière, le nouveau président ivoirien ne chômera pas. Après l`investiture tant attendue le samedi 21 mai dernier, les regards sont désormais tournés vers le nouvel homme fort de la Côte d`Ivoire. Tant au niveau national qu`international. La mise en place d`un gouvernement d`union nationale, les questions de défense et de sécurité, la réalisation des promesses de campagne électorale, le problème de l`école ivoirienne, le redressement de l`administration, la relance de l`économique, et la reconciliation nationale sont autant de défis inscrits sur l`agenda du président Ouattara pour ce quinquenat. Il devra, en 5 ans, répondre aux attentes des Ivoiriens et de la communauté internationale. « Pour ma part, je n’ai jamais douté un seul instant que notre pays sortirait de cette épreuve parce que nous, Ivoiriens, savons que chaque situation a sa solution et que nous avons foi en Dieu et en l’avenir », a t-il indiqué au cours de son discours d`investiture.
Le premier acte pour lequel le président est certainement attendu, est la mise en place d`un gouvernement d`union nationale, avec la participation de toutes les composantes politiques et de la société civile ivoirienne, comme il l`a également promis dans son discours. Une équipe commando dont les membres se verront affecter des tâches spécifiques en rapport avec les défis à relever. D`ailleurs, la formation du gouvernement constitue en elle-même, une équation difficile à résoudre. L`accession au pouvoir d`Alassane Ouattara, rappelons-le, a été l`affaire non pas de son seul parti, le Rassemblement des Républicains (Rdr), mais de la coalition des partis houphouëtistes, plus le PIT de Francis Wodié et l`UPCI de Gnamien Konan. Il faut ajouter les Forces nouvelles, qui ne cracheraient pas sur d`autres postes, même si leur premier responsable, Guillaume Soro, a été reconduit à son poste de Premier ministre. Pour les autres partis, chacun attend une recompense à la mesure du combat mené. Le président Ouattara devra alors oeuvrer avec beaucoup de tact, pour éviter de faire des frustrés au sein de la coalition au pouvoir. Il faudra pourtant mettre en place une équipe gouvernementale.
Ce nouveau gouvernement, on l`imagine, notamment le ministère de la Défense et celui de la sécurité, devra s`attaquer aux problèmes cruciaux de sécurité et de défense nationale. La grande muette constitue à cet effet une réelle équation pour le président de la République. La bataille militaire qui a abouti à la prise du pouvoir par le camp Ouattara, a en effet accentué la fracture entre les soldats des forces ex-belligérantes (Fafn et Fds), qu`il faudra soigner rapidement. Pis, cela a installé un désordre au sein des hommes en armes, avec l`entrée de mercenaires libériens dans le conflit ivoirien, et qui constituent une réelle menace pour la stabilité aux frontières ouest de la Côte d`Ivoire. En interne, le président Ouattara a tenté de régler la question de la division de l`armée, avec l`ordonnance instituant les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci). Objectif: regrouper les deux armées, mettre de l`ordre au sein de la troupe en y extirpant tous ces combattants qui n`ont rien à y faire. Une belle initiative certes, mais qui peine encore à se traduire effectivement dans la réalité. Les relations de vainqueur à vaincu de la guerre, qui lient désormais ex-Fafn à ex-Fds depuis le 11 avril dernier avec la chute de l`ancien régime, grippent encore la fusion des deux forces. Autant de problèmes relatifs à la grande muette, et qui traduisent l`immensité de la tâche qui attend Ouattara et son gouvernement.
Les questions de développement économique et social
Et ce n`est pas tout. Le président Ouattara hérite d`un pays profondement défiguré par plus de dix ans de crise, où tout ou presque est à refaire. Le gouvernement Soro IVqui est en constitution, aura de gros chantiers à affronter pour faire droit aux promesses de campagne du président Alassane Ouattara. L`une des priorités sera certainement le problème de l`école. Pendant les dix dernières années et même au delà, l`école ivoirienne est allée de mal en pis. Le manque d`infrastructures, les grèves intempestives des enseignants pour reclamer de meilleures conditions de vie et de travail, les années scolaires et universitaires irregulières et inachévées parfois, constituent le lot des maux qui minent ce secteur pourtant déterminant pour l`évolution normale d`une société. Les dégâts causés dans les universités d`Abobo-Adjamé et de Cocody pendant la bataille d`Abidjan rendent davantage compliquée la situation de l`école ivoirienne. Après avoir imputé ce désordre aux refondateurs, perçus comme des enseignants qui n`ont pu résoudre l`équation de l`école, les Ivoiriens attendent les solutions qu`ADO mettra en oeuvre pour réhabiliter cette école ivoirienne. Idem pour le domaine de la santé. Même si les soins sont actuellement gratuits dans les hôpitaux publics, comme le président Ouattara l`a promis pendant la campagne, il reste beaucoup à faire pour assurer une bonne santé aux Ivoiriens. La construction des centres de santé et de CHU, leur équipement, l`assurance maladie sont des projets dont les différentes régions attendent la réalisation. Le réseau routier ivoirien a été fortement dégradé pendant ces années de crise. Le président Ouattara qui a parcouru les différentes régions de la Côte d`Ivoire pendant les campagnes électorales, a pu s`en rendre compte par lui-même, et devra y faire face. Dans chacune des régions visitées, Alassane Ouattara a fait des promesses d`investissements chiffrés en milliards de francs Cfa en cinq ans. Les populations resteront à l`écoute des nouvelles autorités pour les pluies de milliards. Tout comme les producteurs de café et cacao, qui attendent les reformes annoncées pour leur secteur d`activité, les opérateurs économiques qui ont été serieusement sinistrés pendant les jours de guerre à Abidjan, avec le pillage et le saccage systématique de leurs entreprises, crient dédommagement. Au plan judiciaire, de nombreux dossiers sont en suspens. Notamment ceux de la filière café-cacao et bien d`autres cas, qui restent à élucider. La justice ivoirienne avait été qualifiée de corrompue sous le régime Gbagbo. Qu`en sera t-il avec le régime Ouattara ? Une autre équation à résoudre. L`administration ivoirienne accusée de laxisme sous l`ère Gbagbo, avec des bureaux vides dès le vendredi, devra tout aussi être redynamisée. L`actuel président, alors Premier ministre d`Houphouët-Boigny de 1990 à 1993 avait été applaudi pour avoir mis l`administration au travail, avec rigueur. Alassane Ouattara fait très souvent référence à ce volet réussi de sa primature. Mais de 1993 à 2011, beaucoup d`eau a coulé sous le pont, et le défi de l`administration est total. Une bagatelle de défis à relever, auxquels il faut ajouter les engagements internationaux, qui ne sont pas moins importants. En cinq ans, le président Ouattara pourra-t-il tenir toutes ses promesses ? « Je me suis engagé à mettre en œuvre, avec vous, en cinq ans, dans tous les domaines, mes solutions pour une Côte d’Ivoire d’excellence. Nous le ferons avec rigueur, en application des règles de bonne gouvernance, avec une justice impartiale et indépendante », assure-t-il. Attendons de voir.
Hamadou ZIAO
Le premier acte pour lequel le président est certainement attendu, est la mise en place d`un gouvernement d`union nationale, avec la participation de toutes les composantes politiques et de la société civile ivoirienne, comme il l`a également promis dans son discours. Une équipe commando dont les membres se verront affecter des tâches spécifiques en rapport avec les défis à relever. D`ailleurs, la formation du gouvernement constitue en elle-même, une équation difficile à résoudre. L`accession au pouvoir d`Alassane Ouattara, rappelons-le, a été l`affaire non pas de son seul parti, le Rassemblement des Républicains (Rdr), mais de la coalition des partis houphouëtistes, plus le PIT de Francis Wodié et l`UPCI de Gnamien Konan. Il faut ajouter les Forces nouvelles, qui ne cracheraient pas sur d`autres postes, même si leur premier responsable, Guillaume Soro, a été reconduit à son poste de Premier ministre. Pour les autres partis, chacun attend une recompense à la mesure du combat mené. Le président Ouattara devra alors oeuvrer avec beaucoup de tact, pour éviter de faire des frustrés au sein de la coalition au pouvoir. Il faudra pourtant mettre en place une équipe gouvernementale.
Ce nouveau gouvernement, on l`imagine, notamment le ministère de la Défense et celui de la sécurité, devra s`attaquer aux problèmes cruciaux de sécurité et de défense nationale. La grande muette constitue à cet effet une réelle équation pour le président de la République. La bataille militaire qui a abouti à la prise du pouvoir par le camp Ouattara, a en effet accentué la fracture entre les soldats des forces ex-belligérantes (Fafn et Fds), qu`il faudra soigner rapidement. Pis, cela a installé un désordre au sein des hommes en armes, avec l`entrée de mercenaires libériens dans le conflit ivoirien, et qui constituent une réelle menace pour la stabilité aux frontières ouest de la Côte d`Ivoire. En interne, le président Ouattara a tenté de régler la question de la division de l`armée, avec l`ordonnance instituant les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci). Objectif: regrouper les deux armées, mettre de l`ordre au sein de la troupe en y extirpant tous ces combattants qui n`ont rien à y faire. Une belle initiative certes, mais qui peine encore à se traduire effectivement dans la réalité. Les relations de vainqueur à vaincu de la guerre, qui lient désormais ex-Fafn à ex-Fds depuis le 11 avril dernier avec la chute de l`ancien régime, grippent encore la fusion des deux forces. Autant de problèmes relatifs à la grande muette, et qui traduisent l`immensité de la tâche qui attend Ouattara et son gouvernement.
Les questions de développement économique et social
Et ce n`est pas tout. Le président Ouattara hérite d`un pays profondement défiguré par plus de dix ans de crise, où tout ou presque est à refaire. Le gouvernement Soro IVqui est en constitution, aura de gros chantiers à affronter pour faire droit aux promesses de campagne du président Alassane Ouattara. L`une des priorités sera certainement le problème de l`école. Pendant les dix dernières années et même au delà, l`école ivoirienne est allée de mal en pis. Le manque d`infrastructures, les grèves intempestives des enseignants pour reclamer de meilleures conditions de vie et de travail, les années scolaires et universitaires irregulières et inachévées parfois, constituent le lot des maux qui minent ce secteur pourtant déterminant pour l`évolution normale d`une société. Les dégâts causés dans les universités d`Abobo-Adjamé et de Cocody pendant la bataille d`Abidjan rendent davantage compliquée la situation de l`école ivoirienne. Après avoir imputé ce désordre aux refondateurs, perçus comme des enseignants qui n`ont pu résoudre l`équation de l`école, les Ivoiriens attendent les solutions qu`ADO mettra en oeuvre pour réhabiliter cette école ivoirienne. Idem pour le domaine de la santé. Même si les soins sont actuellement gratuits dans les hôpitaux publics, comme le président Ouattara l`a promis pendant la campagne, il reste beaucoup à faire pour assurer une bonne santé aux Ivoiriens. La construction des centres de santé et de CHU, leur équipement, l`assurance maladie sont des projets dont les différentes régions attendent la réalisation. Le réseau routier ivoirien a été fortement dégradé pendant ces années de crise. Le président Ouattara qui a parcouru les différentes régions de la Côte d`Ivoire pendant les campagnes électorales, a pu s`en rendre compte par lui-même, et devra y faire face. Dans chacune des régions visitées, Alassane Ouattara a fait des promesses d`investissements chiffrés en milliards de francs Cfa en cinq ans. Les populations resteront à l`écoute des nouvelles autorités pour les pluies de milliards. Tout comme les producteurs de café et cacao, qui attendent les reformes annoncées pour leur secteur d`activité, les opérateurs économiques qui ont été serieusement sinistrés pendant les jours de guerre à Abidjan, avec le pillage et le saccage systématique de leurs entreprises, crient dédommagement. Au plan judiciaire, de nombreux dossiers sont en suspens. Notamment ceux de la filière café-cacao et bien d`autres cas, qui restent à élucider. La justice ivoirienne avait été qualifiée de corrompue sous le régime Gbagbo. Qu`en sera t-il avec le régime Ouattara ? Une autre équation à résoudre. L`administration ivoirienne accusée de laxisme sous l`ère Gbagbo, avec des bureaux vides dès le vendredi, devra tout aussi être redynamisée. L`actuel président, alors Premier ministre d`Houphouët-Boigny de 1990 à 1993 avait été applaudi pour avoir mis l`administration au travail, avec rigueur. Alassane Ouattara fait très souvent référence à ce volet réussi de sa primature. Mais de 1993 à 2011, beaucoup d`eau a coulé sous le pont, et le défi de l`administration est total. Une bagatelle de défis à relever, auxquels il faut ajouter les engagements internationaux, qui ne sont pas moins importants. En cinq ans, le président Ouattara pourra-t-il tenir toutes ses promesses ? « Je me suis engagé à mettre en œuvre, avec vous, en cinq ans, dans tous les domaines, mes solutions pour une Côte d’Ivoire d’excellence. Nous le ferons avec rigueur, en application des règles de bonne gouvernance, avec une justice impartiale et indépendante », assure-t-il. Attendons de voir.
Hamadou ZIAO