Quand démarre le travail de la Commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’ et avec quelle méthodologie ? Telles sont, entre autres, les questions essentielles que se posent en ce moment les Ivoiriens, les observateurs de la scène politique ou encore la communauté internationale, sur la mission confiée à Charles Konan Banny et à son équipe. Car, deux semaines après le décret qui donne forme au projet de réconciliation nationale d’Alassane Ouattara et confié à l’ancien chef de gouvernement, aucune visibilité ne se dégage. Ce à quoi les Ivoiriens ont eu droit de la part de M. Konan Banny, c’est son déplacement à la primature, en compagnie du commandant d’escadron, Jean-Noël Abéhi. Selon les explications données par Charles Konan Banny lui-même sur le sens de son geste, il s’agissait de prendre à témoin l’opinion sur le démarrage de sa mission. En conduisant donc celui qui est qualifié de ‘’tueur des femmes d’Abobo’’, faire allégeance au Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro, le président de la Commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’, venait ainsi de démarrer le travail de réconciliation nationale. « Le Premier ministre ne souhaitait pas que les choses se passent comme avec le sergent-chef Ibrahim Coulibaly (IB) », a-t-il expliqué sa démarche de persuasion au commandant Abéhi. Une démarche vite critiquée comme étant du deux poids, deux mesures, dans la mesure cela a été vu comme une soustraction de l’officier de la gendarmerie ivoirienne à la justice militaire qui était à ses trousses. Difficulté à l’allumage ou cafouillage de la Commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’ ? On ne saurait trop en dire. Une chose est cependant claire : sans méthodologie, Charles Konan Banny est certain de conduire le projet d’Alassane Ouattara droit dans le mur. Car, selon les murmures qui se font entendre dans la gestion du cas Abéhi, c’est parce que l’officier est du même groupe ethnique que M. Banny, qu’il aurait eu ce traitement de faveur. En effet, d’après ce qui a été rapporté sur les tractations, ce sont des chefs baoulé des régions du Centre et du Sud-Bandama qui ont démarché Jean-Noël Abéhi. Il ne reste plus à l’ancien locataire de la primature qu’à dépêcher d’autres dignitaires traditionnels vers les officiers et les soldats pro-Gbagbo, en fuite, pour réussir totalement sa mission de réconcilier ses concitoyens.
M.D.
M.D.