Le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, député et président du Conseil général de Tanda, est connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche. En observateur de la crise qu'a connue la Côte d'Ivoire, il se prononce ici sur les perspectives ivoiriennes, non sans donner son avis sur le chantage du FPI.
Le président français, Monsieur Nicolas Sarkozy, a été l'une des vedettes incontestables de l'investiture. Quelle justification donnez-vous à la longue ovation dont il a bénéficié à Yamoussoukro ?
Comme vous le dites, le président Sarkozy a été longuement et sincèrement ovationné par le public présent dans la salle. C'est un hommage et une reconnaissance rendus à la France et à son chef pour leur implication dans la crise ivoirienne, conformément aux différentes résolutions des Nations Unies et, en particulier, la toute dernière qui a été votée à l'unanimité par les membres du Conseil de Sécurité. L'apport de la France dans la résolution de la crise ivoirienne est inestimable et, le président Sarkozy n'a pas été indifférent à la détresse des Ivoiriens. Comme l'a souligné le chef de l'Etat, le président Sarkozy s'est comporté, non seulement en ami, mais en frère du peuple ivoirien. C'est le sens de cette ovation nourrie et ressentie par tout le monde.
Parmi les personnalités ovationnées, on note aussi Monsieur Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l'Onu ainsi que M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Comment expliquez-vous cela ?
Le Secrétaire général des Nations Unies mérite plus qu'une ovation. C'est grâce à lui et à son organisation que notre pays a évité la catastrophe annoncée. Depuis 2003, l'ONUCI s'est engagée résolument auprès des Ivoiriens pour les aider à sortir de la crise qui les frappe. Pour cela, Monsieur Choi, son représentant, s'est dépensé sans compter et quelque fois au péril de sa propre vie. Mieux, depuis quelques années, l'ONUCI réalise des micro-projets à l'intention des populations ivoiriennes afin de les soutenir économiquement. C'est donc un hommage amplement mérité et une reconnaissance pour ce que la communauté internationale a fait en faveur de nos populations durant ces longues années de souffrance. Du reste, je vous rappelle que c'est la deuxième fois qu'un Secrétaire Général de l'ONU assiste à une cérémonie d'investiture et nous ne pouvons qu'en être fiers. En ce qui concerne l'accueil réservé au Président Blaise Compaoré, c'est une manifestation de gratitude envers un pays frère qui ne nous a pas tourné le dos pendant que notre maison brûlait. Faut-il le dire une fois de plus, c'est Gbagbo Laurent lui-même qui avait choisi d'impliquer le chef d'Etat burkinabè dans la recherche d'une solution de sortie de crise en Côte d'Ivoire. Et, depuis 2007, le président Blaise Compaoré a toujours été aux côtés de ses frères et sœurs ivoiriens afin de les assister dans le règlement de leurs différends. Il a joué son rôle de facilitateur en toute indépendance jusqu'à la fin du processus de l'élection présidentielle. Pour avoir été intègre et proche des populations, il a été bafoué dans son honneur par Gbagbo Laurent et les siens. Ces derniers l'ont même empêché de venir à Abidjan avec les autres membres de la délégation du haut panel de l'UA. C'est un affront injustifié que le peuple ivoirien a lavé en lui réservant une ovation de reconnaissance. C'est une façon aussi, pour nous, de lui témoigner notre sympathie, surtout au moment où son pays traverse quelques turbulences.
Dans les ovations, il y avait aussi le président Henri Konan Bédié. Qu'est-ce qui lui vaut tant de popularité ?
Je ne pense pas qu'une ovation, bien que nourrie, puisse payer le prix du sacrifice consenti par ce grand homme d'Etat pour sauvegarder la paix dans son pays. C'est ce dévouement que le Président de la République a voulu honorer en le remerciant publiquement. Dans les annales de l'histoire ivoirienne, le président Bédié restera à tout jamais un modèle d'humilité et de don de soi à méditer et imiter. Grâce à sa sagesse, notre maison commune n'a pas été incendiée. Et nous, ses enfants du RHDP, ne pouvons que lui dire : merci papa Bédié. Même si sa modestie peut en souffrir, nous notons avec fierté que la presse internationale l'a baptisé " le faiseur de roi ". C'est le plus bel hommage que tous les observateurs de l'extérieur peuvent lui rendre. Ce qui nous rend encore fiers d'avoir été toujours ses disciples.
Au cours d'une intervention sur la chaîne de télévision France 24, le Président Alassane Ouattara a déclaré qu'il a demandé que Gbagbo Laurent soit jugé par la CPI. Pouvez-vous nous expliquer ce choix de juridiction ?
La nature des crimes commis, surtout des crimes de sang, les massacres des marcheuses aux mains nues et les atrocités sans nom, autorisent les autorités judiciaires nationales à solliciter le recours à des juridictions internationales supérieures. Et la Cour Pénale Internationale est compétente pour juger de tous les crimes contre l'humanité. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est que la décision du chef de l'Etat va dans le sens de la lutte contre l'impunité. C'est le genre de crimes qui, même 100 ans après, peuvent toujours être jugés .Au demeurant, je pense que tout le bien qu'on peut faire à Laurent Gbagbo, c'est qu'il soit jugé par la CPI après lui avoir sauvé la vie. D'ailleurs, il faut rappeler à ses partisans que Gbagbo Laurent disait à la vue des FRCI: ne me tuez pas, ne me tuez pas. En disant ne me tuez pas, Gbagbo a souhaité plutôt la justice que la mort. En l'occurrence, la justice ne fait que respecter sa volonté. Mieux, il doit dire merci au Président de la République de l'avoir sauvé et de lui offrir un jugement équitable. Naturellement, et cela va de soi, tous ceux qui ont commis des crimes contre le peuple ivoirien seront interpellés, jugés et condamnés afin qu'aucun assassin n'échappe à la justice. Se réconcilier d'accord ; mais la vérité et la justice avant tout.
Dans son intervention sur la chaîne de télévision française dont il a été question tantôt, le Président de la République a dit, aussi, que le Premier ministre Soro Guillaume sera maintenu à son poste. Une telle décision correspond-elle à l'esprit des accords signés entre les partis du RHDP avant l'élection présidentielle ? Que pense le PDCI, votre parti, de cette affirmation?
La décision de reconduction du Premier ministre Soro Kigbafori Guillaume a été prise avec l'accord du président Henri Konan Bédié. A cet effet, je peux dire que le PDCI n'a aucun état d'âme. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous sortons d'une crise. Le chef de l'Etat a confié une mission au Premier ministre Soro Guillaume, et cette mission n'est pas encore terminée. On peut donc dire que sa reconduction est une lecture intelligente de la situation qui prévaut dans le pays. Certes, la guerre est finie, mais la situation reste encore précaire : de grandes quantités d'armes sont encore dissimulées dans les forêts de l'ouest et même dans certains quartiers d'Abidjan. Donc, ce n'est pas le moment de baisser la garde. Et, quand on sait le travail remarquable accompli par le Premier ministre, ministre de la Défense, à la tête des FRCI pour imposer la vérité des urnes, on ne peut que saluer une telle décision. Et le PDCI pressenti pour le choix d'un chef de gouvernement, est pleinement conscient de l'impératif sécuritaire pour s'offusquer d'une décision de bon sens. Du reste, si Gbagbo Laurent avait réussi à nous tuer tous, qui de nous parlerait aujourd'hui d'un Premier ministre PDCI ? Il faut donc laisser à sa place le Premier ministre, ministre de la Défense, Soro Guillaume, afin qu'il achève ce qu'il a si bien commencé dans l'intérêt de tous. N'oublions pas que le processus de sortie de crise n'est pas arrivé à son terme. Selon l'APO, cela doit conduire aussi à l'organisation des élections générales. Le choix probable d'un Premier ministre, même du PDCI, ne doit pas nous faire perdre de vue l'exigence de sécurité dont le peuple a besoin. Selon les échos qui nous parviennent, les Ivoiriens sont contents de voir Soro Guillaume continuer le travail commencé.
Quelle a été votre réaction en apprenant que les militants du FPI, à l'issue de leur première réunion post crise, ont posé certaines conditions pour entrer dans un gouvernement d'union nationale ?
Nous avons été surpris par la réponse des militants du Fpi à la main tendue du chef de l'Etat par rapport à la formation du gouvernement d'union nationale. Ce que les refondateurs doivent savoir, c'est que non seulement ils ont perdu l'élection présidentielle, mais ils ont imposé une guerre à la Côte d'Ivoire et, qu'ils ont également perdu. Qu'ils sachent surtout qu'au sein du Rhdp et de la Société civile, ce ne sont pas les cadres qui manquent. C'est parce nous sommes dans un processus de réconciliation nationale que le Président leur tend la main. Sinon, nous avons toutes les compétences en notre sein. Nous n'attendrons donc pas longtemps. Le pays peut être dirigé par le Président et ses hommes avec ou sans leur participation. En fait, nous sommes convaincus que les refondateurs veulent entrer au gouvernement d'union pour que leur parti vive. Toutefois, on peut dire qu'ils ont peur de la réaction de leur base qui ne comprendra pas que Gbagbo soit oublié à peine quelques semaines après son arrestation. Ils font semblant de poser certaines conditions dont la satisfaction sera impossible.
Comment jugez-vous la demande de libération sans condition de Laurent Gbagbo formulée par les refondateurs, comme condition préalable pour participer au gouvernement d'union ?
Les refondateurs qui exigent aujourd'hui la libération sans condition de Laurent Gbagbo ont la mémoire courte. Ils oublient que leur chef est un criminel qui a fait tuer des Ivoiriens. C'est un homme d'Etat qui a recruté avec les deniers publics, des mercenaires étrangers pour venir tuer les Ivoiriens. Il a réussi à dresser les Ivoiriens, les uns contre les autres et nous savons ce que cela a coûté en vies humaines à notre pays. Au lieu d'investir dans l'économie pour donner du travail aux jeunes, Gbagbo a préféré acheter des armes de destruction massive pour perpétuer son pouvoir. Egalement, il ne faut pas perdre de vue que la nature de certains des crimes commis ne relève pas seulement de la compétence des juridictions nationales. Certains doivent être jugés par la Cour Pénale Internationale. Cela exclut toute possibilité de libération de Laurent Gbagbo. Il faut que les refondateurs cessent de tromper les gens en faisant croire que les nombreux crimes qu'ils ont commis seront impunis. Cette ère d'irresponsabilité collective est révolue.
Et pourtant, certains leaders, et non des moindres, paraissent décidés à prendre la main tendue du Président Alassane Ouattara.
C'est ce que nous constatons. A cet effet, je voudrais lancer un appel à l'endroit des militants du FPI qui sont encore lucides comme Miaka Ouréto, de se démarquer de la position des inconscients pour aller à la réconciliation. Ces militants-là doivent refuser la politique de la danse du tango, de la politique du " oui, mais " qui ne peut que les perdre. Ils savent bien que Gbagbo Laurent doit répondre de ses crimes ; qu'ils aient donc le courage d'assumer en disant " oui " ou en disant " non " à leur participation au gouvernement d'union. Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous les acceptons dans ce gouvernement, eux qui ont fait du mal aux Ivoiriens ; pour le faire, nous avons " attaché notre cœur " comme on le dit chez nous. Mais la réconciliation n'exclut pas la justice pour rétablir la vérité qui est la base de tout pardon.
Interview réalisée par Paul Koudou
Le président français, Monsieur Nicolas Sarkozy, a été l'une des vedettes incontestables de l'investiture. Quelle justification donnez-vous à la longue ovation dont il a bénéficié à Yamoussoukro ?
Comme vous le dites, le président Sarkozy a été longuement et sincèrement ovationné par le public présent dans la salle. C'est un hommage et une reconnaissance rendus à la France et à son chef pour leur implication dans la crise ivoirienne, conformément aux différentes résolutions des Nations Unies et, en particulier, la toute dernière qui a été votée à l'unanimité par les membres du Conseil de Sécurité. L'apport de la France dans la résolution de la crise ivoirienne est inestimable et, le président Sarkozy n'a pas été indifférent à la détresse des Ivoiriens. Comme l'a souligné le chef de l'Etat, le président Sarkozy s'est comporté, non seulement en ami, mais en frère du peuple ivoirien. C'est le sens de cette ovation nourrie et ressentie par tout le monde.
Parmi les personnalités ovationnées, on note aussi Monsieur Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l'Onu ainsi que M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Comment expliquez-vous cela ?
Le Secrétaire général des Nations Unies mérite plus qu'une ovation. C'est grâce à lui et à son organisation que notre pays a évité la catastrophe annoncée. Depuis 2003, l'ONUCI s'est engagée résolument auprès des Ivoiriens pour les aider à sortir de la crise qui les frappe. Pour cela, Monsieur Choi, son représentant, s'est dépensé sans compter et quelque fois au péril de sa propre vie. Mieux, depuis quelques années, l'ONUCI réalise des micro-projets à l'intention des populations ivoiriennes afin de les soutenir économiquement. C'est donc un hommage amplement mérité et une reconnaissance pour ce que la communauté internationale a fait en faveur de nos populations durant ces longues années de souffrance. Du reste, je vous rappelle que c'est la deuxième fois qu'un Secrétaire Général de l'ONU assiste à une cérémonie d'investiture et nous ne pouvons qu'en être fiers. En ce qui concerne l'accueil réservé au Président Blaise Compaoré, c'est une manifestation de gratitude envers un pays frère qui ne nous a pas tourné le dos pendant que notre maison brûlait. Faut-il le dire une fois de plus, c'est Gbagbo Laurent lui-même qui avait choisi d'impliquer le chef d'Etat burkinabè dans la recherche d'une solution de sortie de crise en Côte d'Ivoire. Et, depuis 2007, le président Blaise Compaoré a toujours été aux côtés de ses frères et sœurs ivoiriens afin de les assister dans le règlement de leurs différends. Il a joué son rôle de facilitateur en toute indépendance jusqu'à la fin du processus de l'élection présidentielle. Pour avoir été intègre et proche des populations, il a été bafoué dans son honneur par Gbagbo Laurent et les siens. Ces derniers l'ont même empêché de venir à Abidjan avec les autres membres de la délégation du haut panel de l'UA. C'est un affront injustifié que le peuple ivoirien a lavé en lui réservant une ovation de reconnaissance. C'est une façon aussi, pour nous, de lui témoigner notre sympathie, surtout au moment où son pays traverse quelques turbulences.
Dans les ovations, il y avait aussi le président Henri Konan Bédié. Qu'est-ce qui lui vaut tant de popularité ?
Je ne pense pas qu'une ovation, bien que nourrie, puisse payer le prix du sacrifice consenti par ce grand homme d'Etat pour sauvegarder la paix dans son pays. C'est ce dévouement que le Président de la République a voulu honorer en le remerciant publiquement. Dans les annales de l'histoire ivoirienne, le président Bédié restera à tout jamais un modèle d'humilité et de don de soi à méditer et imiter. Grâce à sa sagesse, notre maison commune n'a pas été incendiée. Et nous, ses enfants du RHDP, ne pouvons que lui dire : merci papa Bédié. Même si sa modestie peut en souffrir, nous notons avec fierté que la presse internationale l'a baptisé " le faiseur de roi ". C'est le plus bel hommage que tous les observateurs de l'extérieur peuvent lui rendre. Ce qui nous rend encore fiers d'avoir été toujours ses disciples.
Au cours d'une intervention sur la chaîne de télévision France 24, le Président Alassane Ouattara a déclaré qu'il a demandé que Gbagbo Laurent soit jugé par la CPI. Pouvez-vous nous expliquer ce choix de juridiction ?
La nature des crimes commis, surtout des crimes de sang, les massacres des marcheuses aux mains nues et les atrocités sans nom, autorisent les autorités judiciaires nationales à solliciter le recours à des juridictions internationales supérieures. Et la Cour Pénale Internationale est compétente pour juger de tous les crimes contre l'humanité. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est que la décision du chef de l'Etat va dans le sens de la lutte contre l'impunité. C'est le genre de crimes qui, même 100 ans après, peuvent toujours être jugés .Au demeurant, je pense que tout le bien qu'on peut faire à Laurent Gbagbo, c'est qu'il soit jugé par la CPI après lui avoir sauvé la vie. D'ailleurs, il faut rappeler à ses partisans que Gbagbo Laurent disait à la vue des FRCI: ne me tuez pas, ne me tuez pas. En disant ne me tuez pas, Gbagbo a souhaité plutôt la justice que la mort. En l'occurrence, la justice ne fait que respecter sa volonté. Mieux, il doit dire merci au Président de la République de l'avoir sauvé et de lui offrir un jugement équitable. Naturellement, et cela va de soi, tous ceux qui ont commis des crimes contre le peuple ivoirien seront interpellés, jugés et condamnés afin qu'aucun assassin n'échappe à la justice. Se réconcilier d'accord ; mais la vérité et la justice avant tout.
Dans son intervention sur la chaîne de télévision française dont il a été question tantôt, le Président de la République a dit, aussi, que le Premier ministre Soro Guillaume sera maintenu à son poste. Une telle décision correspond-elle à l'esprit des accords signés entre les partis du RHDP avant l'élection présidentielle ? Que pense le PDCI, votre parti, de cette affirmation?
La décision de reconduction du Premier ministre Soro Kigbafori Guillaume a été prise avec l'accord du président Henri Konan Bédié. A cet effet, je peux dire que le PDCI n'a aucun état d'âme. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous sortons d'une crise. Le chef de l'Etat a confié une mission au Premier ministre Soro Guillaume, et cette mission n'est pas encore terminée. On peut donc dire que sa reconduction est une lecture intelligente de la situation qui prévaut dans le pays. Certes, la guerre est finie, mais la situation reste encore précaire : de grandes quantités d'armes sont encore dissimulées dans les forêts de l'ouest et même dans certains quartiers d'Abidjan. Donc, ce n'est pas le moment de baisser la garde. Et, quand on sait le travail remarquable accompli par le Premier ministre, ministre de la Défense, à la tête des FRCI pour imposer la vérité des urnes, on ne peut que saluer une telle décision. Et le PDCI pressenti pour le choix d'un chef de gouvernement, est pleinement conscient de l'impératif sécuritaire pour s'offusquer d'une décision de bon sens. Du reste, si Gbagbo Laurent avait réussi à nous tuer tous, qui de nous parlerait aujourd'hui d'un Premier ministre PDCI ? Il faut donc laisser à sa place le Premier ministre, ministre de la Défense, Soro Guillaume, afin qu'il achève ce qu'il a si bien commencé dans l'intérêt de tous. N'oublions pas que le processus de sortie de crise n'est pas arrivé à son terme. Selon l'APO, cela doit conduire aussi à l'organisation des élections générales. Le choix probable d'un Premier ministre, même du PDCI, ne doit pas nous faire perdre de vue l'exigence de sécurité dont le peuple a besoin. Selon les échos qui nous parviennent, les Ivoiriens sont contents de voir Soro Guillaume continuer le travail commencé.
Quelle a été votre réaction en apprenant que les militants du FPI, à l'issue de leur première réunion post crise, ont posé certaines conditions pour entrer dans un gouvernement d'union nationale ?
Nous avons été surpris par la réponse des militants du Fpi à la main tendue du chef de l'Etat par rapport à la formation du gouvernement d'union nationale. Ce que les refondateurs doivent savoir, c'est que non seulement ils ont perdu l'élection présidentielle, mais ils ont imposé une guerre à la Côte d'Ivoire et, qu'ils ont également perdu. Qu'ils sachent surtout qu'au sein du Rhdp et de la Société civile, ce ne sont pas les cadres qui manquent. C'est parce nous sommes dans un processus de réconciliation nationale que le Président leur tend la main. Sinon, nous avons toutes les compétences en notre sein. Nous n'attendrons donc pas longtemps. Le pays peut être dirigé par le Président et ses hommes avec ou sans leur participation. En fait, nous sommes convaincus que les refondateurs veulent entrer au gouvernement d'union pour que leur parti vive. Toutefois, on peut dire qu'ils ont peur de la réaction de leur base qui ne comprendra pas que Gbagbo soit oublié à peine quelques semaines après son arrestation. Ils font semblant de poser certaines conditions dont la satisfaction sera impossible.
Comment jugez-vous la demande de libération sans condition de Laurent Gbagbo formulée par les refondateurs, comme condition préalable pour participer au gouvernement d'union ?
Les refondateurs qui exigent aujourd'hui la libération sans condition de Laurent Gbagbo ont la mémoire courte. Ils oublient que leur chef est un criminel qui a fait tuer des Ivoiriens. C'est un homme d'Etat qui a recruté avec les deniers publics, des mercenaires étrangers pour venir tuer les Ivoiriens. Il a réussi à dresser les Ivoiriens, les uns contre les autres et nous savons ce que cela a coûté en vies humaines à notre pays. Au lieu d'investir dans l'économie pour donner du travail aux jeunes, Gbagbo a préféré acheter des armes de destruction massive pour perpétuer son pouvoir. Egalement, il ne faut pas perdre de vue que la nature de certains des crimes commis ne relève pas seulement de la compétence des juridictions nationales. Certains doivent être jugés par la Cour Pénale Internationale. Cela exclut toute possibilité de libération de Laurent Gbagbo. Il faut que les refondateurs cessent de tromper les gens en faisant croire que les nombreux crimes qu'ils ont commis seront impunis. Cette ère d'irresponsabilité collective est révolue.
Et pourtant, certains leaders, et non des moindres, paraissent décidés à prendre la main tendue du Président Alassane Ouattara.
C'est ce que nous constatons. A cet effet, je voudrais lancer un appel à l'endroit des militants du FPI qui sont encore lucides comme Miaka Ouréto, de se démarquer de la position des inconscients pour aller à la réconciliation. Ces militants-là doivent refuser la politique de la danse du tango, de la politique du " oui, mais " qui ne peut que les perdre. Ils savent bien que Gbagbo Laurent doit répondre de ses crimes ; qu'ils aient donc le courage d'assumer en disant " oui " ou en disant " non " à leur participation au gouvernement d'union. Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous les acceptons dans ce gouvernement, eux qui ont fait du mal aux Ivoiriens ; pour le faire, nous avons " attaché notre cœur " comme on le dit chez nous. Mais la réconciliation n'exclut pas la justice pour rétablir la vérité qui est la base de tout pardon.
Interview réalisée par Paul Koudou