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Politique Publié le mercredi 1 juin 2011 | Le Patriote

Prolifération des clubs de soutien : ADO n’a pas besoin de ça!

Certes, certaines mauvaises habitudes ont la peau dure. Mais si l’on veut aller loin, en toutes choses, il importe de se départir de ces fâcheux réflexes. Sous l’ancien régime, les Ivoiriens ont assisté au printemps des associations et clubs de soutien. Les laudateurs et autres flagorneurs de tous acabits ne rataient aucune occasion de dire haut et fort à Laurent Gbagbo qu’il est le «plus beau» et le «plus intelligent». A la télévision tout comme à la radio, de larges tranches d’éditions spéciales étaient consacrés au chef de l’Etat en train d’être encensé par des hommes et des femmes venus le voir au palais ou à Mama, son village natal. A chaque nomination, c’est le même ballet. «Nous sommes venus massivement remercier le président de la République pour avoir nommé notre fils et frère», entend-on sur les antennes de la RTI. A côté de ses courtisaneries qui rappellent une autre époque, il faut compter avec tous les escrocs et individus, en quête de prébendes ou en mal de publicité, qui suscitent du jour au lendemain des clubs et associations pour, disent-ils, soutenir les actions du chef de l’Etat. Sous la refondation, certains responsables de ces mouvements faisaient la pluie et le beau temps. Ils bénéficiaient même d’une escorte et d’une garde rapprochée comme les véritables acteurs et animateurs de la République que sont les ministres, les présidents d’institutions et les collaborateurs directs du président de la République. Blé Goudé Charles était le leader des jeunes patriotes et rien d’autre. Mais le leader des «jeunes patriotes» avait ses entrées et sorties au palais présidentiel. Pire, il entretenait à lui seul une cohorte de jeunes miliciens armés et payés par le contribuable ivoirien. Pourtant, on ne connaissait pas à l’ancien secrétaire général de la FESCI, une fonction officielle particulière. Charles Blé Goudé n’était ni ministre ni un élu de la Nation. Mais il bénéficiait de tous les privilèges et avantages auxquels une personnalité représentant une institution de la République a droit. Quel mérite l’ancien étudiant de l’université de Manchester avait plus que tout citoyen ivoirien ordinaire? Rien du tout. Son seul mérite est d’avoir organisé de grands rassemblements pour sauver la mise à Laurent Gbagbo et entretenir une milice pour son compte. Charles Blé Goudé n’était pas le seul à abuser des moyens de l’Etat pour «services rendus» à Laurent Gbagbo. Tous les leaders membres de la galaxie patriotique y avaient droit. Au moindre déplacement de ceux qu’on appelait «les sauveurs de la République», hurlaient les sirènes et s’illuminaient les gyrophares. Rien que pour montrer aux uns et aux autres qu’on est devenu «quelqu’un». Parce qu’on lance des fleurs au chef de l’Etat et des piques à ses adversaires politiques. Aujourd’hui, beaucoup sont ceux qui, à la faveur du changement de régime, rêvent de prendre la place des Blé Goudé et consort. C’est l’occasion de le signifier ici. Dans la nouvelle Côte d’Ivoire dont rêvent les Ivoiriens, il n’est pas question de laisser de petites gens se comporter comme par le passé. Le président de la République, depuis l’opposition, a été clair. La Côte d’Ivoire dont il rêve sera celle de la ‘’méritocratie’’ et non de la médiocrité. Il ne s’agira donc pas de crier que «Ouattara est le plus intelligent» pour espérer humer les parfums de la réussite sociale. Il va falloir travailler. Ouattara n’a pas besoin d’associations et clubs de soutien pour réussir l’ambitieux programme qu’il a prévu pour la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, il est le président de la République de Côte d’Ivoire. Il n’est plus dans la position d’un chef de parti politique qui va à la conquête du pouvoir. Il n’est plus à vendre aux éventuels électeurs. Il est à l’épreuve de l’exercice du pouvoir. Le seul soutien dont il a besoin aujourd’hui est que les Ivoiriens se mettent autour de lui pour l’amener à dérouler dans un climat apaisé son projet de société. Mais cela ne peut se faire que dans le travail et non dans les discours de propagande. C’est pourquoi, il appartient aux adeptes de la facilité de commencer à se mettre résolument à la tâche. Le printemps des «parasites de la République» est terminé. Ouattara a prévenu. Seuls les méritants et les compétents auront voix au chapitre. Les amuseurs publics et autres mystificateurs sont donc avertis.
Jean-Claude Coulibaly
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