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Politique Publié le mercredi 1 juin 2011 | Le Patriote

Trois questions à... / Gadji Dagbo Joseph (Chef du village de Godililié) : “On a compris aujourd`hui que le Président »

Le Patriote: quels sont les objectifs que vous visez en tant chef traditionnel de la région de Gagnoa, en allant rencontre le président de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation à Yamoussoukro?

Gadji Dagbo Joseph : Depuis deux mois, le Président de la République, c'est le Docteur Alassane Dramane Ouattara. Nous sommes les parents de l'ancien Président Laurent Gbagbo. Nous avons demandé que le Premier ministre Charles Konan Banny, nommé président de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation par le Président de la République nous reçoive. Et ce pour plusieurs raisons. D'abord, pour que nous lui signifions notre reconnaissance et notre attachement aux valeurs de la République. Il est celui qui incarne aujourd'hui la République de Côte d'Ivoire. Les parents de Laurent Gbagbo voudraient lui dire qu'ils le (Alassane Ouattara) reconnaissent comme tel et qu'ils sont à sa disposition. Deuxièmement, nous y allons, parce que depuis l'arrivée des Forces républicaines dans la région, il y a eu beaucoup d'exactions sur les populations. Les parents de Laurent Gbagbo ont été taxés d'avoir reçu des armes. Si tant est que qu'il y a eu des armes, ces armes ne sont pas passées par les chefs de village. Comme le parti a ses réseaux, certainement qu'il a, par ses réseaux, distribué les armes. Les Forces républicaines dans leur volonté de les récupérer ont pu commettre par-ci, par-là des exactions. La démarche d'aller voir le président Banny, c'est de lui demander d'intercéder auprès de qui de droit pour que la tension baisse. Et ce afin que nous nous attelions aux activités de développement, parce que dans les villages, c'est l'agriculture qui nous intéresse. Or tant que les Forces républicaines font pression sur nous, les gens ne vont pas aux champs. Certains chefs de villages sont encore dans la brousse. Enfin, c'est une occasion pour nous de sensibiliser les nouvelles autorités à la nécessité de nous rassurer.

On a besoin d'être rassurés. C'est pourquoi, nous avons demandé de rencontrer le Premier ministre Charles Konan Banny.

LP: Votre démarche ne sera-t-elle pas vue par certains comme un lâchage de votre frère Laurent Gbagbo?

GDJ: Lâcher qui ? Aujourd'hui le Président de la République, c'est Alassane Ouattara. Nous le reconnaissons, à l'instar de tous les Ivoiriens, comme Président de la République. Qui pourrait donc nous traiter de traitres? Avant d'engager cette démarche, nous nous sommes concertés à plusieurs reprises. Et l'ensemble des populations que nous administrons nous ont mandatés de faire cela. Vous savez, un homme est toujours habité par plusieurs sentiments. Vous avez un fils qui est Président de la République, qui perd le pouvoir, vous êtes désemparés. En même temps, nous nous inscrivons dans la République qui est une continuité. On ne doit pas être fixé sur des choses qui ne doivent pas bouger. On a compris aujourd'hui que le Président de la République, c'est Alasssane Ouattara. C'est à nous peuple de Gagnoa de comprendre que le monde évolue. On ne doit pas entendre que c'est le monde qui nous comprenne. Nous sommes dans la dynamique de la réconciliation.

LP: Les observateurs ont remarqué que dans la région de Gagnoa, la tension n'a pas été aussi meurtrière comme dans les régions de Duékoué et Toulepleu. Comment expliquez-vous cela?

GDJ: Nous constatons seulement qu'il y a eu des combats acharnés dans des endroits précis. A Gagnoa, il y a eu quelques morts dans les villages, non pas parce qu'ils ont combattu. Moi je suis Guébié. Il y a eu l'affaire Kragbé Gnagbé en 1970. Mais nous ne sommes pas en guerre tout le temps. L'époque Kragbé Gnagbé est fini. Houphouët-Boigny a été Président de la République, Bédié a été Président de la République. Ils sont tous deux Baoulé. Robert Guéi qui est Yacouba a été Président de la République de la République.

Gbagbo qui est Bété a été Président. Il n'a pas géré la Côte d'Ivoire avec les bété de Gagnoa. Ce n'est pas cela la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire c'est un mélange de tout.

Gbagbo, c'est vrai, c'est notre fils. Mais on ne se sent pas particulièrement concerné par sa chute. C'est un Ivoirien qui n'est plus au pouvoir. C'est un autre Ivoirien qui est au pouvoir aujourd'hui.

Par IBK
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