Sans vouloir jouer l’oiseau de mauvais augure, la société civile ivoirienne craint que la Commission dialogue, vérité et réconciliation n’échoue. Pour cause : sa coloration politique à travers le présidium qui est dirigé par Charles Konan Banny, un cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Ce n’est pas la compétence du banquier qui est en cause, a précisé Patrick N’Gouan, mais la confiance que pourrait ne pas avoir en lui des personnes de bords politiques différents du sien. Le coordonnateur national de la Convention de la société civile ivoirienne (Csci) a argumenté en donnant l’exemple de la Commission électorale indépendante qui, selon lui, a conduit le pays dans la tourmente parce qu’ayant une composition politique. Il a également cité le cas du Forum de la réconciliation nationale en 2001 qui, de son avis, a été un échec parce qu’initié par un politique : Laurent Gbagbo. Pour changer les choses, la Csci a initié, les 7 et 8 juin à l’Inades, un atelier de réflexion sur le thème : « Mandat et fonctionnement de la Commission dialogue, vérité et réconciliation : les propositions de la convention de la société civile ivoirienne ». Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la Csci, tout en acceptant la présence de Konan Banny à la tête de la commission, a fait des propositions pour améliorer les choses. Les participants aux travaux conseillent « que la commission prenne les événements politiques, économiques, militaires et socio-culturels majeurs qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire sur la période 1960 à 2011 ; les événements antérieurs à l’indépendance étant sous le couvert de l’administration coloniale ». Avec trois sous périodes : le monopartisme, entre 1960 et 1989, la première décennie du multipartisme de 1990 à 1999 et la période d’instabilité politique de 2000 à 2011. La Csci propose également que la durée des travaux de la commission n’excède pas 30 mois. Et, souhaite que ses conclusions soient publiées au plus tard le 31 décembre 2013 afin que celles-ci soient prises en compte dans l’élaboration d’une nouvelle constitution. Patrick N’Gouan a regretté que la société civile n’ait été écoutée que rarement dans les grandes décisions de la vie de l’Etat. « Nous voulons une réconciliation non pas cosmétique mais solide et durable», a-t-il souhaité.
Bamba K. Inza
Bamba K. Inza