Depuis le 11 avril, ils font partie de notre quotidien. Célébrés par les uns, dénoncés par d’autres, les soldats des Forces Nouvelles devenus éléments des Frci – car c’est d’eux qu’il s’agit –, charrient des sentiments aussi variés que contradictoires. Mais, entre bruits de bottes et ‘’chants’’ de kalachs, de plus en plus de jeunes filles n’ont d’yeux que pour eux. Incursion dans un univers où la frontière entre argent, fantasme et sentiment réel semble bien mince.
Concours de circonstances ou désir inconscient d’exorciser la terreur qu’elle inspirait, il y a encore quelques mois, La Garde Républicaine basée à Treichville, a bien changé. L’extraordinaire animation qu’elle connaît depuis l’avènement des Frci, a quelque chose de séduisant, même si l’on reste convaincu que c’est un phénomène de mode qui passera. En effet, à Abidjan, on peut le dire, le quartier abritant la G.R à Treichville, est aujourd’hui le plus grand théâtre de nouvelles opérations des Frci. Sentimentales et intra-jambaires celles-là. Avec des ‘’offensives généralisées’’ qui descendent, cette fois, les ‘’Guerriers’’ Frci au rang de cibles. Sous l’assaut de jeunes filles armées, en général, de cartes plastiques aux codes assez inspirateurs qu’elles abattent, de jour comme de nuit et sept jours par semaine, en squattant la GR. Plus précisément dans le carré de l’espace baptisé Onu à Treichville.
Et, justement, ce week-end-là, à l’Onu, rendez-vous avec Assita D. La vingtaine, ravissante de fraîcheur et de sympathie, Elle est avec son gars, ‘’Kélémpé’’ comme il se fait appeler. ‘’On est ensemble depuis fin avril. Moi, je voulais une ‘’go’’ sérieuse et je crois qu’elle peut devenir ma femme. J’ai déjà rencontré ses parents et les choses avancent. On est ensemble.’’ confie le soldat, visiblement amoureux. Et la soirée se prolonge tard dans la nuit, entre Attiéké au poulet, bière et musique tonitruante. Mais, trois jours après, nouveau rendez-vous avec Assita. Cette fois, elle est en compagnie d’une amie, Marie-Anne, elle aussi petite amie à un soldat... Frci.
Ce mercredi-là, autour d’un pot, après de longues minutes d’échanges tous azimuts avec les deux jeunes filles, notre regard sur elles, change. Et pour cause. En tout état de cause, Assita et Marie-Anne font partie de ces filles pour qui, pénétrer l’univers de ces Héros du 11 avril est devenu Le fantasme à réaliser. Et pour elles, ‘’tomber’’ les bottes, mitrailleuses, treillis et autres amulettes protectrices de ces guerriers, est le summum de l’extase.
Pour les unes, c’est une affaire de sentiment… et de sensations. Mais pour d’autres, la plupart, le fric semble bien être la clé des ‘’ouvertures intra-jambaires’’ : ‘’C’est lors d’une patrouille dans notre quartier, qu’Abou m’a appelée pour me dire, devant tous ses collègues, qu’il est ‘’fan’’ de moi. Je le lui ai donné mon numéro, mais j’étais sûre que je n’irai jamais au rendez-vous, s’il m’appellait. Ainsi, chaque fois qu’il m’appellait, je lui donnais des rendez-vous que je ne respectais pas. Mais il insistait tellement qu’un jour, j’ai décidé de le rencontrer. Il m’a répétée qu’il m’aimait…Mais ce qui m’a frappée, c’est qu’au moment de nous séparer, il m’a remis 50 mille francs pour changer mon vieux portable! Par la suite, pendant plus d’un mois, bien que je ne sorte pas avec lui, il me ‘’démoisissait’’ chaque fois que je le sollicitais, et… Là, ça fait juste un mois qu’on sort ensemble, et je ne me plains pas, il me gâte,’’ confie Marie G. Lisez entre les lignes.
Cependant, dans tous les cas de figures, les techniques d’approches de ces ‘’tombeuses de Frci’’ varient peu. Plusieurs de ces filles portent dans leurs maquillages, tresses, parfums et mises assez sexy, extravagantes même, une aisance à aborder… tous les hommes en treillis ? ‘’Non! Il faut plutôt spécifier ‘’Frci’’. Parce que, eux, ils sont reconnaissables facilement par leur accoutrement, leur comportement et leur manière de parler…’’ rectifie Raïssa. T, étudiante dans une Grande Ecole au Plateau, nourrie, blanchie et logée dans un studio payé par son petit copain de Frci depuis début du mois de mai. Plutôt jolies et craquantes, les chasseuses de Frci ne font pratiquement aucun effort pour faire mouche à chaque tir. Conscientes de leurs atouts physiques et sachant que la plupart de ces soldats sont sous l’enchantement des lumières et ambiances d’Abidjan, elles jouent à fond sur l’euphorie dans laquelle baignent ces jeunes gens depuis leur victoire du 11 avril. Et surtout, sur leur envie d’avoir des attaches à même de leur permettre de savourer les joies de la capitale Economique. ‘’En tout cas, ce qui est frappant chez eux, c’est qu’ils sont ouverts et très faciles de contact. Au quartier, dans la rue, ou même à un feu tricolore, ils sont prêts à t’écouter. Donc, tu n’as plus qu’à trouver un prétexte dans le genre, des gars bizarres arrivent souvent au quartier et que tu voulais avoir leur numéro pour appeler en cas d’urgence. C’est comme ça que ça part… Certaines filles appellent après, juste pour nouer une amité et les choses vont très vite. Mais, en général, ce sont eux-mêmes qui rappellent le même jour et je peux t’assurer que c’est des gens qui vont droit au but! Ils n’aiment pas les tergiversations! On dirait qu’ils sont en couse contre la montre !...’’ révèle Georgette K qui file le ‘’perfect love’’ avec un ‘’Frci’’. Son deuxième depuis le 17 avril, précise-t-elle.
De Treichville à Marcory, en passant par Adjamé, Williamsville, de nombreuses filles ne tournent pas autour du pôt et les draguent ouvertement. Elles ne s’en cachent pas d’ailleurs. Sanga, un soldat Frci, nous confiait récemment : ‘’Depuis le 31 mars que nous sommes arrivés àr Abidjan, j’ai ‘’connu’’ une dizaine de filles. Mais, ce qui me marque dans tout ça, c’est que ce sont elles qui viennent demander nos numéros et après, elles t’appellent pour avoir de tes nouvelles, pour savoir si tu ne te sens pas trop seul à Abidjan. Par la suite, elles proposent de t’aider à sortir un peu, dans les bars et autres si tu as un peu de temps. Et, comme on ne maîtrise pas trop la vie à Abidjan, on accepte et ça part ainsi…’’
Bertine H, l’une des ces dragueuses, avoue qu’entre le 11 avril et ce jour, elle est déjà ‘’sortie’’ avec cinq ‘’Frci’’ ‘’ C’est vrai que c’est moi qui commence, mais, chaque fois, je tombe sur des gars qui ne pensent qu’à ça ! Non seulement ils ont de nombreux petits totems, mais en plus, ils veulent ‘’faire ça’’ tous les jours ! Et puis, le plus gros problème, c’est difficile d’avoir un ‘’Frci’’ avec une seule go, en ce moment. Alors, pour nous autres qui sommes jalouses et possessives, c’est compliqué…’’ explique-t-elle, une pointe de tristesse dans la voix. Sauf qu’au moment même où elle nous faisait ces confidences, force est de constater qu’elle a un carnet d’adresses et d’amis très fourni… en éléments Frci. Suivez notre… plume.
Dans la vie de tous les jours, ce qui marque dans ces ‘’Frci-love stories’’, c’est l’argent. Car, la plupart de ces filles, en parlant de leur amoureux, ont tendance à s’appesantir sur leur gentillesse financière, même si certaines rêvent vraiment de voir leur histoire aller plus loin que le simple ‘’copinage’’. Dans l’intimité, il faut le dire, la ‘’récette-Frci’’ permet à ces filles de mettre de grosses pincées d’épices dans leurs combinaisons intra-jambaires. En effet, selon les spécialistes du sujet, ces filles trouvent une grosse satisfaction psychologique à fréquenter ces ‘’Héros’’. En sortant avec eux, elles nagent dans l’impression de se distinguer des autres filles et de sortir de l’anonymat. ‘’Oui, il faut reconnaître qu’au lit, c’est un peu différent quand même… Disons, c’est plus intense… Mais, on ne peut pas t’en dire plus. Et puis, voir que partout où vous passez, on vous regarde, avec des questions dans les yeux, ça fait vraiment quelque chose…’’ s’accordent Assita, Marie-Anne, Raïssa et Bertine. D’où cette fierté que ces filles affichent gaillardement aux bras de leurs ‘’Frci’’ ou à leurs côtés, même dans leurs voitures sans immatriculation et souvent sérieusement cabossées. Ainsi, embarquées dans ces ‘’offensives généralisées’’ de séduction avec un assaut final programmé sur les combinaisons intra-jamabaires ‘’manu militari’’, ces filles à Frci baignent dans le sentiment de prendre part à la ‘’révolution’’ menée par ces guerriers qui, depuis le 11 Avril 2011 ont inscrit le pays dans une autre dynamique. A moins que…
Par Améday KWACEE
Concours de circonstances ou désir inconscient d’exorciser la terreur qu’elle inspirait, il y a encore quelques mois, La Garde Républicaine basée à Treichville, a bien changé. L’extraordinaire animation qu’elle connaît depuis l’avènement des Frci, a quelque chose de séduisant, même si l’on reste convaincu que c’est un phénomène de mode qui passera. En effet, à Abidjan, on peut le dire, le quartier abritant la G.R à Treichville, est aujourd’hui le plus grand théâtre de nouvelles opérations des Frci. Sentimentales et intra-jambaires celles-là. Avec des ‘’offensives généralisées’’ qui descendent, cette fois, les ‘’Guerriers’’ Frci au rang de cibles. Sous l’assaut de jeunes filles armées, en général, de cartes plastiques aux codes assez inspirateurs qu’elles abattent, de jour comme de nuit et sept jours par semaine, en squattant la GR. Plus précisément dans le carré de l’espace baptisé Onu à Treichville.
Et, justement, ce week-end-là, à l’Onu, rendez-vous avec Assita D. La vingtaine, ravissante de fraîcheur et de sympathie, Elle est avec son gars, ‘’Kélémpé’’ comme il se fait appeler. ‘’On est ensemble depuis fin avril. Moi, je voulais une ‘’go’’ sérieuse et je crois qu’elle peut devenir ma femme. J’ai déjà rencontré ses parents et les choses avancent. On est ensemble.’’ confie le soldat, visiblement amoureux. Et la soirée se prolonge tard dans la nuit, entre Attiéké au poulet, bière et musique tonitruante. Mais, trois jours après, nouveau rendez-vous avec Assita. Cette fois, elle est en compagnie d’une amie, Marie-Anne, elle aussi petite amie à un soldat... Frci.
Ce mercredi-là, autour d’un pot, après de longues minutes d’échanges tous azimuts avec les deux jeunes filles, notre regard sur elles, change. Et pour cause. En tout état de cause, Assita et Marie-Anne font partie de ces filles pour qui, pénétrer l’univers de ces Héros du 11 avril est devenu Le fantasme à réaliser. Et pour elles, ‘’tomber’’ les bottes, mitrailleuses, treillis et autres amulettes protectrices de ces guerriers, est le summum de l’extase.
Pour les unes, c’est une affaire de sentiment… et de sensations. Mais pour d’autres, la plupart, le fric semble bien être la clé des ‘’ouvertures intra-jambaires’’ : ‘’C’est lors d’une patrouille dans notre quartier, qu’Abou m’a appelée pour me dire, devant tous ses collègues, qu’il est ‘’fan’’ de moi. Je le lui ai donné mon numéro, mais j’étais sûre que je n’irai jamais au rendez-vous, s’il m’appellait. Ainsi, chaque fois qu’il m’appellait, je lui donnais des rendez-vous que je ne respectais pas. Mais il insistait tellement qu’un jour, j’ai décidé de le rencontrer. Il m’a répétée qu’il m’aimait…Mais ce qui m’a frappée, c’est qu’au moment de nous séparer, il m’a remis 50 mille francs pour changer mon vieux portable! Par la suite, pendant plus d’un mois, bien que je ne sorte pas avec lui, il me ‘’démoisissait’’ chaque fois que je le sollicitais, et… Là, ça fait juste un mois qu’on sort ensemble, et je ne me plains pas, il me gâte,’’ confie Marie G. Lisez entre les lignes.
Cependant, dans tous les cas de figures, les techniques d’approches de ces ‘’tombeuses de Frci’’ varient peu. Plusieurs de ces filles portent dans leurs maquillages, tresses, parfums et mises assez sexy, extravagantes même, une aisance à aborder… tous les hommes en treillis ? ‘’Non! Il faut plutôt spécifier ‘’Frci’’. Parce que, eux, ils sont reconnaissables facilement par leur accoutrement, leur comportement et leur manière de parler…’’ rectifie Raïssa. T, étudiante dans une Grande Ecole au Plateau, nourrie, blanchie et logée dans un studio payé par son petit copain de Frci depuis début du mois de mai. Plutôt jolies et craquantes, les chasseuses de Frci ne font pratiquement aucun effort pour faire mouche à chaque tir. Conscientes de leurs atouts physiques et sachant que la plupart de ces soldats sont sous l’enchantement des lumières et ambiances d’Abidjan, elles jouent à fond sur l’euphorie dans laquelle baignent ces jeunes gens depuis leur victoire du 11 avril. Et surtout, sur leur envie d’avoir des attaches à même de leur permettre de savourer les joies de la capitale Economique. ‘’En tout cas, ce qui est frappant chez eux, c’est qu’ils sont ouverts et très faciles de contact. Au quartier, dans la rue, ou même à un feu tricolore, ils sont prêts à t’écouter. Donc, tu n’as plus qu’à trouver un prétexte dans le genre, des gars bizarres arrivent souvent au quartier et que tu voulais avoir leur numéro pour appeler en cas d’urgence. C’est comme ça que ça part… Certaines filles appellent après, juste pour nouer une amité et les choses vont très vite. Mais, en général, ce sont eux-mêmes qui rappellent le même jour et je peux t’assurer que c’est des gens qui vont droit au but! Ils n’aiment pas les tergiversations! On dirait qu’ils sont en couse contre la montre !...’’ révèle Georgette K qui file le ‘’perfect love’’ avec un ‘’Frci’’. Son deuxième depuis le 17 avril, précise-t-elle.
De Treichville à Marcory, en passant par Adjamé, Williamsville, de nombreuses filles ne tournent pas autour du pôt et les draguent ouvertement. Elles ne s’en cachent pas d’ailleurs. Sanga, un soldat Frci, nous confiait récemment : ‘’Depuis le 31 mars que nous sommes arrivés àr Abidjan, j’ai ‘’connu’’ une dizaine de filles. Mais, ce qui me marque dans tout ça, c’est que ce sont elles qui viennent demander nos numéros et après, elles t’appellent pour avoir de tes nouvelles, pour savoir si tu ne te sens pas trop seul à Abidjan. Par la suite, elles proposent de t’aider à sortir un peu, dans les bars et autres si tu as un peu de temps. Et, comme on ne maîtrise pas trop la vie à Abidjan, on accepte et ça part ainsi…’’
Bertine H, l’une des ces dragueuses, avoue qu’entre le 11 avril et ce jour, elle est déjà ‘’sortie’’ avec cinq ‘’Frci’’ ‘’ C’est vrai que c’est moi qui commence, mais, chaque fois, je tombe sur des gars qui ne pensent qu’à ça ! Non seulement ils ont de nombreux petits totems, mais en plus, ils veulent ‘’faire ça’’ tous les jours ! Et puis, le plus gros problème, c’est difficile d’avoir un ‘’Frci’’ avec une seule go, en ce moment. Alors, pour nous autres qui sommes jalouses et possessives, c’est compliqué…’’ explique-t-elle, une pointe de tristesse dans la voix. Sauf qu’au moment même où elle nous faisait ces confidences, force est de constater qu’elle a un carnet d’adresses et d’amis très fourni… en éléments Frci. Suivez notre… plume.
Dans la vie de tous les jours, ce qui marque dans ces ‘’Frci-love stories’’, c’est l’argent. Car, la plupart de ces filles, en parlant de leur amoureux, ont tendance à s’appesantir sur leur gentillesse financière, même si certaines rêvent vraiment de voir leur histoire aller plus loin que le simple ‘’copinage’’. Dans l’intimité, il faut le dire, la ‘’récette-Frci’’ permet à ces filles de mettre de grosses pincées d’épices dans leurs combinaisons intra-jambaires. En effet, selon les spécialistes du sujet, ces filles trouvent une grosse satisfaction psychologique à fréquenter ces ‘’Héros’’. En sortant avec eux, elles nagent dans l’impression de se distinguer des autres filles et de sortir de l’anonymat. ‘’Oui, il faut reconnaître qu’au lit, c’est un peu différent quand même… Disons, c’est plus intense… Mais, on ne peut pas t’en dire plus. Et puis, voir que partout où vous passez, on vous regarde, avec des questions dans les yeux, ça fait vraiment quelque chose…’’ s’accordent Assita, Marie-Anne, Raïssa et Bertine. D’où cette fierté que ces filles affichent gaillardement aux bras de leurs ‘’Frci’’ ou à leurs côtés, même dans leurs voitures sans immatriculation et souvent sérieusement cabossées. Ainsi, embarquées dans ces ‘’offensives généralisées’’ de séduction avec un assaut final programmé sur les combinaisons intra-jamabaires ‘’manu militari’’, ces filles à Frci baignent dans le sentiment de prendre part à la ‘’révolution’’ menée par ces guerriers qui, depuis le 11 Avril 2011 ont inscrit le pays dans une autre dynamique. A moins que…
Par Améday KWACEE