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Société Publié le mercredi 22 juin 2011 | Le Temps

Pillages à Abidjan : Sur les traces des véhicules volés

Le délai d’un mois que se sont fixé les nouvelles autorités pour retrouver et restituer à leurs propriétaires les véhicules volés lors des pillages est passé. Et toujours rien. Si bien que les milliers de plaignants commencent à déchanter.
Lorsque les autorités en place ont annoncé que les véhicules volés seraient recherchés pour être restitués à leurs propriétaires, beaucoup de personnes dépossédées de leurs engins avaient nourri l’espoir de retrouver leurs biens. Mais un mois après le début de l’opération engagée dans ce sens, le doute s’installe et les uns et les autres commencent à ne plus y croire. De façon officielle, ce sont trois mille cas de plaintes qui ont été déclarés aux autorités compétentes. Un chiffre qui, selon le responsable d’une agence de location et de vente de véhicules d’occasion qui a été pillée «ne correspond pas à la réalité car ce sont plus de 10.000 véhicules qui ont été arrachés ou volés, pendant la crise postélectorale’’. A dire vrai, c’est une véritable razzia qui a été perpétrée.
L’Etat dépouillé, les particuliers spoliés
Les pillards ont braqué des automobilistes, visité les parkings d’honnêtes citoyens, des personnalités ciblées, des agences de location et de vente de véhicules et autres pour les «nettoyer». Simultanément, les ministères à la cité administratives au Plateau, les services publics de tous ordres, les établissements publics nationaux à Abidjan et partout ailleurs ont été visités tandis que les fonctionnaires en possession de leurs voitures de service au moment des évènements étaient braqués chez eux ou dans les rues par des soudards. Qui ont tout emporté sur leur passage.
La forêt du Banco devenue une gigantesque casse
Les destinations de ces véhicules, au nombre desquels plusieurs autobus articulés de la Société des transports abidjanais (Sotra) sont connues. A Abidjan, des milliers de voitures se sont retrouvées dans la forêt de Banco, devenue le nid de tous les voyous et le repère de dangereux hommes en tenue. Les voyous les démontent pour les revendre, à travers un réseau mis en place comme pièces détachées d’occasion dans les casses. Devant l’ampleur des dérives, la hiérarchie des Forces républicaine de Côte d’Ivoire (Frci), gênée par les turpitudes de ses éléments associés aux pillages, a réagi pour se donner bonne conscience aux yeux de l’opinion en organisant «une descente musclée» dans la forêt du Banco pour «mettre hors d’état de nuire les voleurs de voitures», note-t-elle, à grand renfort de publicité. Pour, dit-elle, «punir les brebis galeuses» et leurs complices mécanos. Mais combien de véhicules ont-ils été déjà démontés et acheminés dans les casses ? On ne le saura jamais.
Le Burkina Faso, le Mali, la Guinée…, «terres d’accueil»
De toutes les façons, la visite des Frci dans la forêt du Banco n’est que l’arbre qui cache la forêt de la razzia. Les pistes les plus importantes, nul ne les ignore. Et c’est un secret de polichinelle de dire que la plupart des véhicules pris à leurs propriétaires lors des tristes évènements a déjà quitté le sol ivoirien. Première destination, le Burkina Faso, qui, d’après les témoins sur place, est submergé de véhicules immatriculés en Côte d’Ivoire. Au point que les Burkinabé se demandent «s’il reste encore des voitures à Abidjan et autres villes du pays’’. Une question qui traduit, à elle seule, l’ampleur du drame. Il n’y pas que Ouagadougou qui abrite les voitures volées en Côte d’Ivoire. Les axes Abidjan- Bamako (Mali) et Abidjan-Conakry (Guinée) ont été aussi très sollicités. Dans ces pays limitrophes, des parkings géants ont dû être aménagés spécialement pour recevoir le butin de la rapine.
Une commission d’enquête qui peine
Accablées par ce désastre, les nouvelles autorités, conduites par le cabinet du Premier ministre Guillaume Soro, ont promis de rechercher et de retrouver les engins volés pour les remettre à leurs propriétaires. Une commission d’enquête et de recherche a été mise sur pied en mai dernier à cet effet pour restituer les biens concernés. Ladite commission, composée de 80 membres, selon nos sources, est dirigée par la haute hiérarchie des Frci. Elle est censée travailler en collaboration avec les services de la Sonatt, la direction générale d’une police qui n’existe plus que de nom, les districts de police, les brigades de gendarmerie. Cela, dans chaque région du pays. Et en synergie avec les Com’zones, les chefs de guerre et les éléments des Frci aux frontières pour stopper la fuite des véhicules. Mais le mal, de toute évidence, est déjà fait ; et des milliers de véhicules sont sortis. Pis, la tâche de ladite commission semble d’autant plus ardue que ses responsables se plaignent, dit-on, “du manque de moyens, de carburant, de logistique, de véhicules pour les recherches”. Sans oublier “le budget conséquent” souhaité et “les primes de motivation” qui sont attendues par les éléments sur le terrain ; bien que ce soit un acte de bénévolat, nous a-t-on fait savoir. A la vérité, il est très peu probable que les tous les propriétaires des véhicules volés retrouvent leurs biens, au regard des contours flous de cette opération. Dans un contexte sensible où les Frci refusent ouvertement de rendre les véhicules dans lesquels elles paradent, au nez et à la barbe des autorités.
Maurice K. K.
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