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Politique Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Patriote

Sinfra- Réconciliation intercommunautaire/ Le ministre Houga Bi Gohorey Jacques aux cadres LMP : “Sortez de vos cachettes, répondez de vos actes et allons à la paix”

© Le Patriote Par DR
Nomination du ministre Houga Bi Jacques : La tribu V’nan rend hommage à ADO et Gbagbo.
18 septembre 2010-Zéménafla: La tribu V’nan rend hommage au Président du Rassemblement des Républicains et au chef de l’Etat pour la nomination du ministre Houga Bi, dans le gouvernernement "Soro II". Photo: le colonel Houga Bi, entre Kadet Bertin (ext. g) et Lanciné Camara (ext. dr).
Le département de Sinfra a enregistré au cours de la crise postélectorale, 13 morts, 8 personnes disparues, deux villages incendiés et de nombreuses armes de guerre distribuées. Pour s’inscrire dans la droite ligne de la commission «dialogue, vérité et réconciliation », le ministre Houga Bi Gooré Jacques, invite les leaders politiques de LMP à sortir de leurs cachettes afin qu’ensemble, la vérité soit rétablie pour une paix durable.

Le Patriote : M. Le ministre, depuis de longues années, les Gouro et Malinké vivaient en symbiose. Aujourd’hui, que s’est-il passé pour que ces deux peuples non seulement se regardent en chien de faïence, mais surtout vivent dans un regain de tension aussi grave ?
Houga Bi Gohorey Jacques : Avant de revenir à la cause de cette grave belligérance, je voudrais d’abord préciser que, effectivement, depuis longtemps, les communautés Gouro et Malinké vivaient en parfaite communion. On n’avait jamais appris ou vécu un conflit Gouro-Malinké. Les deux communautés ont tellement vécu en harmonie qu’on peut parler, aujourd’hui, de brassage. Il n’existe pas aujourd’hui de famille Malinké ou Gouro, où vous ne verrez pas d’enfants ou petits enfants Gouro ou Malinké.
Pour revenir à la cause de la dégradation des relations entre ces deux peuples, je dirai tout simplement que c’est le politique. C’est nous, les hommes politiques du département, qui sommes au centre de ces déchirures sociales.

Le Patriote : Mais, comment M. le ministre ?
H.B.G.J : « Vous savez, depuis l’avènement des nouveaux acteurs sur la scène politique ivoirienne, le FPI ou la majorité présidentielle (LMP) la Côte d’Ivoire notre pays, n’a jamais connu une vie paisible. Ce sont eux qui sont à la base de ces déchirures interethniques. Avec leurs discours empreints de haine et de méchanceté qui a fini par atteindre notre chefferie traditionnelle. Depuis que nos têtes couronnées ici à Sinfra ont pris fait et cause pour le président sortant Laurent Gbagbo, Ils ont été endoctrinés par certains cadres leaders de la LMP, tels que, le ministre Lia Bi Douayoua, Yao Bi Liguié, Zan Bi et d’autres. Aujourd’hui, la cohabitation entre les deux communautés n’est plus au beau fixe. Les chefs ont changé eux aussi de discours qui se résume en ces termes : « On leur a donné nos terres, nos sœurs et ils veulent prendre notre pouvoir. » ou encore, « je t’invite à manger et tu veux prendre mes assiettes». Comment comprendre qu’un chef appelé à être neutre en politique puisse tenir un tel message ? Et après l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 qui a vu la victoire éclatante du président Alassane Ouattara, les cadres LMP, les chefs de tribu et village tiennent ces discours de haine dans tous les villages Gouro. Les mêmes cadres ont distribué des armes aux jeunes, aux chefs et partout, c’est la violence, les enlèvements, les tueries gratuites. »

LP : De façon concrète, comment allez-vous faire pour aller à la réconciliation, ces cadres étant dans leurs cachettes et certains chefs de tribu et village en cavale?
H.B.G.J : « Pour moi, on ne peut pas faire la paix seul. Car dans ce conflit, il y a deux antagonistes. Le RHDP et LMP. Donc, j’ai toujours appelé mes frères leaders de la LMP dont j’ai les contacts téléphoniques pour qu’on vienne à Sinfra. Parce que ce jour-là, j’ai invité le ministre Guikahoué qui devait nous entretenir. Vous savez qu’il est de Gagnoa et les propos qu’il tient souvent sont des propos de « vérité. » L’un d’eux, en l’occurrence, Yao Bi Liguié, était prêt à venir. Mais au dernier moment, il a fait comprendre que les conditions de sécurité ne se sont pas garanties, malgré toutes les assurances que je lui ai données. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas venir. Le constat est très clair entre la communauté Malinké et la communauté Gouro. Entre ces deux communautés, il n’y a jamais eu de problème. C’est nous, les hommes politiques, qui avions créé ces problèmes. Le cas précis de Proniani (village décimé par le feu) dont on parle, il faut que nous tous, fils de Sinfra, soyons présents pour demander au chef du village, ce qui s’est passé réellement. Mais pour un problème entre élèves, les jeunes du village Proniani ont érigé des barricades pour empêcher les Malinké d’aller dans leurs champs. Malgré l’intervention du préfet, ils n’ont pas accepté de lever ces barrages. Et c’est alors que la bagarre est intervenue. C’est pour normaliser la situation que je suis venu au village. Mais, je ne peux pas aller à Koblata et Proniani seul. Et c’est pourquoi, je demande à mes frères, Lia Bi Douayoua, Yao Liguié, Zan Bi et tous ceux qui sont impliqués de venir au village pour qu’ensemble, nous puissions aller à la paix. Il faut qu’ils soient là ».

LP : Pendant que vous vous débattez pour rassembler tous les antagonistes de la crise. Le préfet vient d’initier une cérémonie de réconciliation sans vous ni les leaders LMP, cérémonie au cours de laquelle, les Malinké ont eu à payer un bœuf et 300.000F aux Gouro pour laver dit-on, le sang versé. Quel commentaire faites-vous ?
H.B.G.J : « Le préfet a joué son rôle de préfet et d’administrateur. Il m’en avait parlé et je lui répondu que la réconciliation est un long processus. S’il a commencé comme par-là, c’est aussi bon. La preuve, les Malinké et les Gouro étaient présents et ont dit avoir compris.

LP : M. le ministre, à kononfla, la situation est plus grave et profonde. Parce que, certaines indiscrétions affirment que des personnes enlevées ont été égorgées sur le masque sacré « Djê » et dans certains endroits sacrés, telles la forêt sacrée et les eaux sacrées. Aussi, le chef de tribu qui était l’un des directeurs locaux de campagne de Gbagbo est en fuite. Ne pensez-vous pas que la réconciliation dans ces zones sera difficile ?
H.B.G.J : Je suis en contact avec le chef de tribu depuis sa cachette et je continue de négocier avec lui pour qu’il revienne au village. S’il ne se reproche rien, il doit, sans difficulté, revenir au village. Il dit craindre pour sa sécurité. Vraiment, quelqu’un qui est dans un tel état d’esprit, on n’y peut rien. Tant que je n’arriverai pas à m’asseoir avec mes adversaires politiques, la réconciliation sera de façade et entachée d’hypocrisie.

LP : Alors, au cas où ils refusent de revenir, qu’allez-cous faire ? Allez-vous saisir le président de la commission « dialogue, vérité et réconciliation ? »
H.B.G.J : « Forcément ! Nous allons avoir recours au président de la commission « dialogue, vérité et réconciliation». Sinon la situation va rester ainsi. Ceux qui auront donné des ordres et des instructions pour que la situation ne soit pas décantée, répondront de leurs actes. Parce que 13 morts, 8 disparus, des villages décimés ne peuvent pas restés impunis. Vu ce qui est arrivé à Koblata et Proniani, je reçois des messages SMS, qui disent : « oui, il y a la guerre entre Gouro et Dioula, et tu t’es rangé du côté des Dioula pour combattre tes propres frères. Pour faire détruire deux villages. Tu auras ça sur ta conscience durant toute ta vie. Tes enfants ou et petits enfants vont payer cela». Moi j’ai le cœur net. Car à aucun moment, je n’ai associé mon appartenance politique au Dioula. Et puis, je n’ai aucune aiguille, a fortiori une arme, ni machette que j’ai distribuées à qui que ce soi. Je suis au RDR parce que c’est une idéologie que je veux défendre».

Interview réalisée par Jacquelin Mintoh.
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