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Sport Publié le jeudi 30 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Maître Yaï Vincent (Pdt de la Fikda) en colère : ‘’Le droit a été dit, nous devons avancer’’

Après un mandat de quatre ans à la tête de la Fédération ivoirienne de karaté do et disciplines associées (Fikda), maître Yaï Vincent a décidé de se retirer. Dans cet entretien, il donne les raisons de son départ et surtout parle de la crise qui secoue la discipline depuis octobre 2010.
Président, peut-on avoir une idée des points saillants de votre gestion avant l’AG qui vous permettra de faire le bilan de votre présence à la tête de la Fédération ?
Les points forts de notre mandat ont été la mise à disposition de notre fédération d’un siège flambant neuf qui fait non seulement la fierté de nos pratiquants mais qui fait également la fierté du mouvement sportif ivoirien. En venant à la tête de la Fikda, nous avions un objectif bien précis, faire entrer le karaté à l’école comme discipline pédagogique à part entière. Pour ce faire, il fallait franchir des étapes et nous sommes heureux que nos encadreurs aient le diplôme d’instructeur fédéral (DIF) qui fait d’eux des enseignants de karaté. Et nous avons été heureux que le karaté pour la première soit retenu comme discipline lors des compétitions de l’Office ivoirien des sports scolaires et universitaires (OISSU). Nous essayons de nous battre toujours pour que le karaté entre à l’école. Nous avons déjà deux écoles pilotes (IRMA de Grand-Bassam et le Collège moderne de l’autoroute à Abidjan) et nous osons croire que ceux qui prendront le relais après mon départ, travailleront dans ce sens. Nous envisageons aussi l’entrée du karaté à l’INJS. Le Sénégal l’a fait, le Niger est en voie d’expérimentation et nous croyons que c’est impérieux en Côte d’Ivoire. Autre point fort de notre mandat a été l’amélioration des résultats sportifs. La Côte d’Ivoire n’avait jamais organisé de tournois officiels de l’union des fédérations africaines de karaté. Nous l’avons fait en 2009 avec le TIKA zone. Ce tournoi a été un succès au plan organisationnel et en ce qui concerne le résultat sportif, nous avons terminé premier avec 13 médailles et une trentaine de médailles d’argent et de bronze. Nous avons aussi remporté la médaille de bronze aux jeux africains d’Alger, grâce à l’athlète Eric Besson. Nous avons positionné un de nos arbitres, Jean-Marie Kouamé qui est aujourd’hui juge mondial, sans oublier certains arbitres qui ont bénéficié de formation. En tout cas, nous notons avec satisfaction la présence de notre pays à tous les grands rendez-vous du karaté et sur ce volet, nous pouvons dire que des efforts ont été consentis.

Malgré ces acquis, vous avez décidé de partir. N’est-ce pas la crise qui secoue la fédération qui vous fait fuir ?
Il faut savoir partir et nous l’avons fait savoir avant notre prise de fonction. Il y a des compétences pour diriger la Fikda. Nous pouvons affirmer avec joie que durant notre mandat, tout s’est bien déroulé. Il n’y a pas eu de perturbations. Tous les groupes d’associations étaient à ma disposition pour le développement du karaté ivoirien. Cela a permis à notre fédération d’avoir des partenaires tels que la SOTRA, l’ONUCI, l’Ambassade du Japon qui s’était retirée de nos activités il y a 20 ans. Aujourd’hui, nous remarquons qu’il y a beaucoup de perturbations qui prennent leur source en octobre 2010. En effet, voulant coûte que coûte diriger la Fikda, maître Baï Patrice et ses camarades ont organisé une AG élective illégale, malgré nos interpellations. Sur leur lancée, ils ont pris de force le contrôle du siège de la fédération, au mépris de l’esprit budo qui sied au karatéka. Et pourtant nous avons convoqué une AG extraordinaire pour plancher sur les questions qui divisaient et qui étaient relatives au nombre de voix par clubs. Rien n’y fit parce qu’après avoir brutalisé le président que je suis et certains de mes collaborateurs, le camp de Baï Patrice a pris le contrôle de la réunion et a mis séance tenante, un comité de transition en place. C’est comme ça que Baï Patrice et ses camarades ont pris en otage la discipline. Mais nous n’avons pas baissé les bras parce que nous sommes dans un pays de droit. Grâce donc à la justice ivoirienne, nous avons eu gain de cause. La justice a non seulement fait annuler l’AG élective convoquée par le camp Baï mais nous a autorisés à prendre le contrôle du siège de la Fikda. Nous rétablissant ainsi dans nos droits. Dès l’instant où la justice a tranché, il n’y a plus de crise. Parce que personne n’est au-dessus de la loi. Le Chef de l’Etat a dit qu’il n’y aura plus d’impunité dans ce pays. Le droit a été dit et il faudrait que nous avancions au niveau du karaté. Ce qui se passe malheureusement est orchestré par un groupuscule de personnes dirigé par le Dr Dah Léonce du kwankido qui veut absolument être un relais de Baï Patrice. Il veut diriger la fédération sans être élu démocratiquement. Pour vous répondre, nous ne fuyons pas. Au contraire, nous avons fait nos preuves en un seul mandat et il est tout à fait normal que nous laissions la place à d’autres compétences. Néanmoins, nous ne souhaitons pas que la chienlit s’empare du karaté ivoirien. Dieu merci que les différents groupes d’associations qui avaient tournés le dos à la fédération reviennent à la maison. Nous voulons parler du shotokan, la plus grande école de notre fédération. Le shotokan a même présenté un candidat pour l’AG élective que nous avons programmé pour le 18 juin dernier mais qui, malheureusement a dû être reportée du fait de la tutelle qui veut jouer la carte de l’apaisement. Pour nous, il n’y a pas de crise et la tutelle joue bien son rôle. Toutes les écoles sont prêtes pour l’AG élective, seule l’école kwankido fait de la résistance.

Que dit le ministère en charge du sport sur cette crise ?
C’est tout de même bizarre. Parce qu’avec le ministre Dagobert Banzio revenu au sport dans le gouvernement du Président Alassane Ouattara, instructions fermes avaient été données pour que nous allions en AG élective le 18 juin 2011, à l’issue d’une audience à nous accordée. Des instructions avaient été données pour suivre notre assemblée. Tout était fin prêt avant que n’arrive le ministre Philippe Légré au sport. Contre toute attente, nous remarquons que les choses traînent et l’AG programmée n’a pas eu lieu. Mais cela ne nous étonne guère dans la mesure où des travailleurs de la Direction générale des sports, ont longtemps manœuvré pour donner la Fikda au camp Baï. Mieux, ses agents qui sont des pratiquants de karaté, souhaitent donner la Fédération à un de leurs camarades. C’est le nerf du problème. Pour ce faire, ils donnent dans les combines, les intrigues et autres dénigrements pour amener le ministre Légré à suspendre la fédération que nous dirigeons. Nous avons la ferme conviction que cela ne saurait détourner le regard du ministre Légré. Les candidats déclarés pour l’AG élective sont connus. Il s’agit des maîtres Choki Aristide présenté par le shotokan et Taï René présenté par le wado ryu et le yoseikan. Nous attendons actuellement la tutelle qui veut voir clair dans l’affaire avec l’arrivée du ministre Légré. Nous respectons son autorité malgré le verdict rendu par la justice ivoirienne. Parce qu’il souhaite la paix en cette période de réconciliation nationale. Nous avons accepté sa doléance de faire reculer la date de l’AG, à l’issue d’une réunion avec son directeur de Cabinet, Cissé Mamadou. C’est vrai que nous détenons une décision de justice mais pour le respect de nos autorités, nous avons accepté. Nous croyons que le droit sera dit. Nous voulons laisser la fédération à d’autres personnes le plus vite possible.

Avez-vous rencontré les dissidents ?
Nous répétons que l’AIKASH qui était à couteaux tirés avec nous, est revenue à la maison. L’AIKASH avec sa tête son président Guéa André a même proposé un candidat pour les élections à venir. C’est pour dire que nous privilégions le dialogue. Les autres écoles et groupes d’associations sont prêts pour les élections. Nous avons rencontré ceux qui voulaient nous rencontrer. Il est bon de noter que certains dirigeants ne veulent pas reconnaître notre autorité. Que pouvez-vous dire à quelqu’un qui ne vous reconnaît pas comme son président ? Nous avons négocié avec beaucoup de responsables de notre discipline pour leur faire comprendre notre volonté de laisser le karaté sur de bons rails et surtout nous leur avons expliqué le fond du problème. Nous sommes en discussion avec le sankudo kikaï fondé par maître Baï. Au tournoi de la réconciliation, tout le monde a répondu présent, c’est un signal fort. Nous oeuvrons pour que la paix revienne au karaté. Nous ne voulons pas partir dans un désordre. Il faut que les uns et les autres apprennent à respecter leurs maîtres. Notre sport doit s’inscrire dans la dynamique de réconciliation prônée par le Président Alassane Ouattara. Nous sommes en train de travailler et le résultat est là. Nous invitons le ministre Légré à plus de vigilance. Notre seul problème, c’est le kwankido du Dr Dah Léonce.

Réalisé par Annoncia Sehoué
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