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Art et Culture Publié le jeudi 7 juillet 2011 | Nord-Sud

Aliman Coulibaly (chantre musulmane) : “Moi, épouse d’un ex-rebelle?”

Artiste-chantre musulmane, Alimata Coulibaly est connue sous l’appellation simple d’Aliman. Accusée d’avoir quitté son mari pour un ex-rebelle, elle rompt le silence et donne sa version des faits.

l Vous séjournez à Bouaké depuis un moment. Qu’est-ce qui vous retient dans cette ville?
C’est le mariage qui m’a envoyée à Bouaké. Je ne vis pas ici. Je fais la navette entre Bouaké et Abidjan.

l Etes-vous mariée à Bouaké ?
Oui, je le suis.

l Mais des informations indiquent que vous êtes toujours mariée à Abidjan…
Ce sont des rumeurs. Je ne souhaite pas entrer dans les détails. La vie d’artiste est très compliquée. Souvent, des gens racontent des choses sur vous. C’est le rôle de la presse de faire des vérifications. Du moins, ceux qui veulent découvrir la vérité. A ceux-là, je demande de m’approcher afin de connaître toute la vérité sur mon ancien mariage.

l Justement, quelle est cette vérité ?
Il arrive que des journaux rapportent des choses non vérifiées. Je ne souhaite pas m’attarder là-dessus.

l Ces informations sont-elles fondées?
Non, c’est faux.

l Donc cela signifie que le premier mariage a été annulé ?
Oui.

l Comment se passe ce second mariage ?
Je me sens à l’aise. Il n’y a aucun problème. Et j’espère qu’il n’en aura pas.

l Il nous est revenu que vous vivez avec un ex-rebelle. Qu’en est-il ?
Dans la vie, nul ne peut cerner ou contrôler son destin. Là où Dieu veut que tu partes, c’est là-bas que tu iras. Si c’est un ancien prisonnier et que c’est lui que Dieu a choisi pour toi, c’est ce choix qui s’imposera à toi. Dans mon cas, je m’en tiens à la décision du Tout-Puissant. Je dirais que c’est mon destin.
l On raconte aussi que ce mariage est lié à la richesse de ce dernier…
L’argent (elle s’étonne). Si c’est pour de l’argent, par la grâce de Dieu, aujourd’hui, je peux rendre gloire à Dieu. Parce ce que je gagne mon petit pain. Même sans un homme dans ma vie, je peux subvenir à mes besoins. Parce que je vis bien de mon métier d’artiste. Je peux me prendre en charge.

l Ce mariage ne constitue-t-il pas un problème pour votre carrière musicale ?
Non. Je ne crois pas. Ma carrière musicale n’a pas pris de coup.

l Qu’en pensent vos fans ?
Il y a peut-être certains qui ont mal compris ce mariage. Après tout, mon époux est un être humain. Je dirais que c’est un combattant et derrière cette image d’ex-rebelle se trouve un homme généreux, un homme qui a un grand cœur, un homme que j’aime. C’est mon choix. Ce que disent les autres ne me préoccupent pas. Et, je pense avoir fait le bon choix.

l On vous voit de moins en moins sur la scène. Que devient votre carrière musicale ?
Je suis toujours présente sur la scène musicale ivoirienne. Il faut savoir qu’Aliman est l’une des rares artistes religieuses musulmanes à avoir chanté sur la première chaîne de la télévision ivoirienne. On ne m’a pas trop vue ces derniers temps, peut-être à cause de la situation de crise post-électorale qu’a connue le pays. Actuellement, je suis en studio pour préparer mon troisième album. Dans le cadre de la réconciliation prônée par les autorités, j’effectuerai une tournée dans le nord du pays avec des chrétiens et des musulmans.

l Quels seront les thèmes abordés sur cet opus ?
Il y a une chanson qui appelle à la réconciliation. Accepter de vivre ensemble pour faire avancer la Côte d’Ivoire et oublier tout ce qui s’est passé. Aux artistes en exil, je leur demande de revenir parce que la guerre est finie. Maintenant, on doit pouvoir organiser des concerts. A Gadji Céli qui est mon parrain, mieux, mon papa, je veux qu’il rentre au pays. Nous sommes tous des frères et sœurs et il est notre président à tous.

l Vous avez fêté votre anniversaire dans un maquis. Pour une chantre musulmane, cela n’est-il pas mal perçu ?
Pour la précision, ce n’est pas un maquis, c’est un restaurant. Un lieu où les gens viennent manger. Je n’ai pas vu dans ce restaurant des personnes venues danser ou boire de l’alcool. On ne vend pas, non plus, de la viande de porc là-bas. Voilà pourquoi j’ai choisi ce lieu. Je pouvais aller en boîte. Si je ne l’ai pas fait, c’est à cause de ma foi religieuse.

l Sur combien de bougies avez-vous soufflé ?
(Rires) Secret de femme.

l Votre mot de paix aux Ivoiriens…
Je demande à tous les Ivoiriens de semer la paix dans leurs cœurs. Ce n’est pas une question de musulman ou de chrétien. Nous formons tous une seule famille. Si on tue un dioula, c’est comme si on avait tué un bété et vice-versa. Aujourd’hui, quand on entre dans une cour dioula, on retrouve un enfant bété. Nous sommes tous mélangés.


Entretien réalisé à Bouaké par Denis Koné.
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