Abidjan-Grand-Bassam ; Abidjan-Bingerville ; Abidjan-Anyama ; Anyama-Yopougon. Yopougon-Songon. Ce sont là les trajets que nous avons parcourus, le samedi 25 juin 2011. Nous nous sommes rendus dans ces différentes communes dans le souci de ‘’traquer’’ les barrages sauvages érigés sur les voies principales reliant Abidjan à certaines communes du district et qui font couler beaucoup d’encre et de salive. Des routes sur lesquelles des personnes en tenue, se réclamant des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) extorquent de l’argent à des automobilistes, des chauffeurs et des passagers. Mais partout où nous sommes passés, aucune trace de barrages sauvages. Seulement ceux autorisés par la hiérarchie militaire étaient visibles. De Koumassi à Grand-Bassam, aucun barrage anarchique n’a été détecté sur le tronçon, à l’exception de celui implanté au corridor de Conzagueville. L’un des nombreux vendeurs d’objets en bordure de route que nous avons interrogé, à notre retour de Grand-Bassam pour Abidjan, aux environs de 10 heures du matin, a indiqué que les trois barrages tenus par des éléments des Frci depuis avril 2011 ont été démantelés après que le Premier ministre Soro Guillaume s’y est rendu. Ceux qui ont érigé ces barrages ont disparu. Ils rackettaient, selon notre interlocuteur, à longueur de journée. Ils exigeaient entre 500 et 1000 F Cfa aux chauffeurs, aux automobilistes et aux passagers. Ils avançaient comme argument, a souligné le vendeur d’objets, d’utiliser cet argent provenant de cet acte honteux à des fins existentielles. Le tronçon menant à Bingerville en passant par la Riviera II et III et autres quartiers de la commune de Cocody présentait le même décor. Même constat pour le trajet reliant Abobo à la commune d’Anyama. A part l’état de dégradation très avancé de la chaussée menant de Pk 18 à Anyama, aucun barrage sauvage n’a été aperçu. Les automobilistes et les chauffeurs de gbaka et autres wôrô-wôrô avaient plutôt pour souci d’affronter les gros nids de poule et la boue qui règnent en maîtres sur cette voie principale. D’Anyama à Yopougon, en passant par N’dotré, la circulation est aussi fluide que sur la route de Grand-Bassam. Les nombreux barrages dont se plaignaient aussi bien les automobilistes, les passagers que les transporteurs n’existent plus. Interrogé, un riverain a avoué que les hommes en tenue qui régnaient en maîtres à ces différents barrages ont disparu comme par enchantement. « On ne les a plus revus depuis que le Premier ministre a fait une visite surprise sur le terrain. Nous sommes désormais en paix. Plus de racket et de zèle de la part des éléments de Frci », a-t-il indiqué. Les différentes voies d’accès à la commune de Yopougon ne comptent que deux barrages. Le corridor de Gesco et celui de Yopougon Songon. A part ces deux barrages légaux, aucun autre n’est visible. Mais selon des indiscrétions, depuis que le Premier ministre Soro Guillaume a menacé de sévir, à travers le démantèlement des barrages sauvages, certains éléments des Frci ont changé de stratégie. Craignant de se faire prendre la main dans le sac, c’est désormais la nuit qu’ils opèrent. En effet, la nuit tombée, ils érigent des barrages sauvages sur certaines voies du district d’Abidjan et rackettent tous ceux qui ont le malheur de passer par là. Pour plus de prudence, ils préfèrent les voies express menant dans les communes de Grand-Bassam, de Bingerville et sur l’autoroute du nord. En ces endroits, ils s’adonnent à cœur joie au racket en rançonnant automobilistes, chauffeurs et passagers. Il importe donc que le gouvernement mette une autre stratégie en place pour mettre la main sur toutes ces brebis galeuses qui ternissent l’image des Frci.
Elysée YAO
Elysée YAO