C’est officiel. Depuis mardi dernier, Amadou Soumahoro est le numéro 2 du RDR, la plus grande formation politique du pays si l’on s’en tient aux chiffres des dernières joutes électorales, c’est-à-dire celles de 2000. En effet, après avoir boycotté les élections législatives de 2000 pour protester contre la diabolisation de son président, le RDR a raflé quasiment tout sur son passage à l’occasion des élections auxquelles il a participé. 63 Mairies, et plus d’une dizaine de Conseils généraux dont la moitié sont des chefs-lieux de région. Pour sa première vraie participation à des scrutins, no ne peut pas dire que la formation politique des Républicains a fait de la figuration. Bien au contraire. Puis survint la crise de septembre 2002. Le pouvoir ne ménage aucun effort pour diaboliser et livrer à la vindicte populaire ce parti accusé selon lui, d’être l’auteur des troubles. Ses militants, responsables et dirigeants sont pourchassés et tués. Tant bien que mal, le RDR réussit à reprendre sa place dans le jeu politique ivoirien à l’issue des accords de paix inter-ivoiriens de Linas-Marcoussis. La plate-forme annonce des élections pour 2005. Mais Gbagbo et le FPI useront de subterfuges pour repousser ces échéances… jusqu’à y être pratiquement contraints en 2010. Les résultats de la présidentielle du premier et du second tour confirment tout le bien que les observateurs de la scène politique pensaient du parti logé à la Rue Lepic. Avec le soutien et l’appui des ses alliés du RHDP, le RDR rafle la mise. ADO est enfin-pour sa toute première participation à une élection présidentielle- porté à la magistrature suprême de son pays. Mais la pilule est amère pour les vaincus. Gbagbo, ses alliés de LMP, ses satellites des mouvements patriotiques font main basse sur les résultats et tordent le cou à la vérité. Dans cette épreuve de force sanglante imposée par les partisans du régime Gbagbo, la vérité qui finit toujours par rattraper le mensonge, triomphe, non sans d’énormes dégâts. Des pertes en vies humaines, des destructions de biens, des violations flagrantes des droits les plus élémentaires de l’homme, en un mot, l’horreur est à son comble. Le pays n’avait jamais atteint un tel degré d’animosité. Le président sortant battu à la loyale avait, dans nombreux de ses discours, annoncé ‘’l’apocalypse’’ si d’aventure, il perdait les élections. Il y est parvenu. Le bilan officiel de ces atrocités est de 3000 morts. Mme Diabaté peut, en tout état de cause, s’enorgueillir d’avoir fait remporter des grandes batailles électorales à son parti. Et c’est justement sur ce terrain que l’on attend son successeur. Le RDR, en effet, est devenu un parti au pouvoir. Le plus dur commence donc pour lui. L’on a encore en mémoire, ce qui est arrivé au FPI lorsqu’en 2000, après la présidentielle dans des conditions calamiteuses, ce parti a été battu à plate-couture par le PDCI aux Législatives, aux Municipales et aux Départementales par le PDCI et le RDR. Parce que justement, lorsqu’on accède au pouvoir, des cadres et militants ont tendance à baisser les bras. C’est d’ailleurs ce constat qui est fait au RDR. Le siège qui, quotidiennement était plein à craquer car seul lieu de retrouvailles des uns et des autres, est désespérément vide depuis la prise de fonction du président. Tout le monde veut être au cabinet ou dans une direction. Amadou Soumahoro aura donc la lourde et non moins difficile tâche de faire (re)vivre son parti. En l’animant au quotidien. Le défi de la mobilisation est donc attendu. Le nouveau SG a la responsabilité de faire en sorte que sous lui, le RDR remporte toutes les élections. Ce qui permettra, notamment pour les Législatives, au président de la République, d’avoir une majorité parlementaire qui lui garantira l’application totale de son programme de gouvernement. Ces défis principaux, le successeur de Mme Diabaté se doit de les relever.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET