Demain, dimanche 7 août 2011, la Côte d’Ivoire aura 51 ans d’indépendance. C’est-à-dire 51 années durant lesquelles le pays jouit, en théorie, d’une autodétermination sur tous les plans : politique, économique, social, culturel et religieux. Si le président Laurent Gbagbo, parvenu au pouvoir suite à l’élection présidentielle d’octobre 2000, a tenté vaille que vaille de donner un sens réel à cette indépendance, depuis le 11 avril dernier et son renversement par la France, ces velléités d’indépendance ont été totalement rasées. Paris a installé au pouvoir, en Côte d’Ivoire, son homme, Alassane Dramane Ouattara. Avec ce nouveau chef d’Etat, l’ère de la recolonisation a sonné. Pour marquer d’une pierre blanche cet état de fait et signifier à la communauté internationale qu’elle a repris le contrôle de sa « sous-préfecture », son ex-colonie, la France, a exécuté une symbolique forte. Il s’agit de la visite officielle du Premier ministre français, François Fillon, en Côte d’Ivoire, le 14 juillet dernier. Cette date étant celle de l’indépendance de la France, on pourrait aisément conclure que la France a ainsi célébré la reconstitution de son « empire africain » à travers le retour dans l’escarcelle de la Côte d’Ivoire du fleuron de ses ex-colonies.
Désormais, « l’empire africain » de la France est au grand complet. La volonté d’indépendance véritable affichée par la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo n’est plus qu’un vieux souvenir. L’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, l’un des acteurs de cette guerre diplomatique et militaire de recolonisation de la Côte d’Ivoire, l’a d’ailleurs souligné, le 17 juin dernier, lors d’une cérémonie à la mairie de Port-Bouët (Abidjan), en des termes triomphateurs. « Après dix années de souffrance, voici que la France et la Côte d'Ivoire que certains, poursuivant des buts inavoués, ont voulu séparer d'une manière totalement artificielle, se retrouvent enfin dans la joie et dans l'espérance (...). Nous avions su inventer vous et nous, sous l'impulsion du président Félix Houphouet-Boigny et du Général de Gaulle, cet art de vivre ensemble qui étonnait le monde et qui faisait l'envie de toute l'Afrique (…). La France et la Côte d'Ivoire ont encore une belle page à écrire ensemble. De nombreux défis sont à relever aujourd'hui. Je tiens à vous assurer que la France saura répondre à vos attentes et vous aider à panser vos blessures. Elle se montrera digne de votre confiance », a-t-il soutenu. En d’autres termes, pour le diplomate français, la Côte d’Ivoire, appartenant à la France depuis l’époque De Gaulle-Houphouet, il n’est pas question de remettre cela en cause. De parler d’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Le dimanche 7 août donc, ce n’est pas l’indépendance du pays que nous célébrerons, parce qu’elle n’existe pas. Mais c’est plutôt la recolonisation de la Côte d’Ivoire par la France qui sera applaudie. Quelques mois après le 11 avril 2011.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr
Désormais, « l’empire africain » de la France est au grand complet. La volonté d’indépendance véritable affichée par la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo n’est plus qu’un vieux souvenir. L’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, l’un des acteurs de cette guerre diplomatique et militaire de recolonisation de la Côte d’Ivoire, l’a d’ailleurs souligné, le 17 juin dernier, lors d’une cérémonie à la mairie de Port-Bouët (Abidjan), en des termes triomphateurs. « Après dix années de souffrance, voici que la France et la Côte d'Ivoire que certains, poursuivant des buts inavoués, ont voulu séparer d'une manière totalement artificielle, se retrouvent enfin dans la joie et dans l'espérance (...). Nous avions su inventer vous et nous, sous l'impulsion du président Félix Houphouet-Boigny et du Général de Gaulle, cet art de vivre ensemble qui étonnait le monde et qui faisait l'envie de toute l'Afrique (…). La France et la Côte d'Ivoire ont encore une belle page à écrire ensemble. De nombreux défis sont à relever aujourd'hui. Je tiens à vous assurer que la France saura répondre à vos attentes et vous aider à panser vos blessures. Elle se montrera digne de votre confiance », a-t-il soutenu. En d’autres termes, pour le diplomate français, la Côte d’Ivoire, appartenant à la France depuis l’époque De Gaulle-Houphouet, il n’est pas question de remettre cela en cause. De parler d’indépendance de la Côte d’Ivoire.
Le dimanche 7 août donc, ce n’est pas l’indépendance du pays que nous célébrerons, parce qu’elle n’existe pas. Mais c’est plutôt la recolonisation de la Côte d’Ivoire par la France qui sera applaudie. Quelques mois après le 11 avril 2011.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr