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Politique Publié le mardi 9 août 2011 | Notre Voie

Non, la souveraineté et la démocratie ont foutu le camp !

Dans son discours à la Nation, samedi dernier, le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, installé au pouvoir dans des conditions calamiteuses, soutient que son arrivée à la tête de la Côte d’Ivoire constitue «le retour de la démocratie» dans le pays. «Nous célébrons (également) le retour de la démocratie en Côte d’Ivoire, à l’issue d’une crise qui nous a tous rudement éprouvés, et dont le souvenir des victimes ne quittera jamais nos esprits, ni nos cœurs. Le retour de la démocratie en Côte d’Ivoire, c’est la promesse d’une société souveraine, rassemblée dans la paix et dans le respect des Droits de l’homme. C’est une conception de la Nation, conforme à nos valeurs et à nos idéaux, qui peut à présent s’incarner dans notre pays (…) Le retour de la démocratie, c’est notre victoire», a-t-il affirmé. Ce pan du discours du chef de l’Etat comporte des aspects qui sont en total déphasage avec les agissements du régime Ouattara depuis le renversement, le 11 avril dernier, du Président Laurent Gbagbo par la coalition armée française-Onuci-forces rebelles pro-Ouattara. Ces aspects portent sur la démocratie, la souveraineté et les droits de l’homme.
Alassane Dramane Ouattara dit, dans sa déclaration, que «le retour de la démocratie, c’est notre victoire». Allusion faite au peuple ivoirien. Ces propos sonnent comme de la pure démagogie puisqu’en vérité, il n’y a ni retour de la démocratie, ni victoire profitable aux Ivoiriens. L’unique victoire qui existe, est celle de Ouattara, de son camp et de ses alliés (intérieurs et extérieurs).Une victoire militaire qu’ils ont acquise sur le régime Gbagbo (gênant pour la Françafrique) après une tentative de coup d’Etat (janvier 2001) et une rébellion armée (septembre 2002 à avril 2011). Par définition, la démocratie (issue du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir, autorité) est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu’il y ait de distinctions dues à la naissance, la richesse, la compétence (principe d’égalité). Or, que constate-t-on en Côte d’Ivoire, depuis le 11 avril 2011 ? L’Assemblée nationale qui est l’institution formée des représentants du peuple (les députés) est totalement écrasée par le régime Ouattara. Le Parlement dont le mandat court toujours, selon la Constitution, en attendant de nouvelles élections législatives, est cependant interdit d’activités par le pouvoir actuel. Aucune démocratie au monde n’agit ainsi. Ni aux Etats-Unis, ni en France ou ailleurs. En piétinant la Constitution comme il le fait depuis son arrivée au pouvoir, le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, est très loin des principes démocratiques. La Côte d’Ivoire ne vit donc pas le retour de la démocratie. Bien au contraire, elle s’en est largement éloignée. A preuve, les violations des droits de l’homme n’ont jamais été aussi inquiétantes en Côte d’Ivoire que depuis l’installation au pouvoir du régime Ouattara. Les Frci, forces armées créées par Ouattara, règnent par la terreur dans les villes, villages et hameaux du pays. L’insécurité est si grande à Abidjan, par exemple, que les ambassades en sont même des victimes. Pillages, viols, exécutions sommaires, braquages et détentions arbitraires sont dénoncées par les organisations internationales des droits de l’homme, notamment Amnesty international, Human Rights Watch, Fidh etc.
M. Ouattara parle également de «promesse d’une société souveraine» sans véritablement y croire d’autant que la configuration actuelle de son action économique rend son discours inaudible dans l’opinion publique ivoirienne. Tous les Ivoiriens savent qu’il a tout donné à la France et à tous ceux qui l’ont mis au pouvoir par la force. Matières premières (cacao, pétrole, or, gaz…), grands travaux, Air Ivoire, CI Télécom etc. L’économie de la Côte d’Ivoire ne peut pas être ainsi totalement aux mains de l’extérieur, les fonctionnaires ivoiriens payés par un pays étranger… et croire, comme le fait le chef de l’Etat ivoirien, à une société souveraine. Non, la souveraineté a foutu le camp depuis avril 2011 ! Les «valeurs» et les «idéaux» qui sont aujourd’hui en vogue dans notre pays, ce sont la soumission (vis-à-vis de l’ex-colonisateur) et la violence. La voie de la dérive dictatoriale est alors grandement ouverte.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr
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