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Société Publié le mercredi 10 août 2011 | Le Mandat

Bécédi- Anon/ A la recherche de son bourreau - Le défunt refuse de se faire inhumer

Les morts qui refusent de se faire inhumer sans avoir d’abord désigné leur bourreau, on en voit de façon récurrente, en pays Akyé. Mais, le fait que nous avons vécu le week end dernier, à Bécedi-Anon, village situé dans le département d’Agou, relève d’un cas exceptionnel. C’est dans une ambiance de panique et de tristesse que les populations de Bécédi Anon ont tenu les obsèques du jeune Atsé Jean François, né en 1982 et tué en sorcellerie dans un accident de la circulation. Le mort qui tenait, coûte que coûte, à désigner son bourreau a vraiment donné du fil à retordre aux villageois, avant de se laisser inhumer, tard dans la nuit, et ce, deux jours après que des cérémonies de libation aient été organisées par les chefs de terre.

Le film des allées et venues du cercueil
Samedi 05 août 2011. Il est 14 heures lorsque l’autorisation est donnée aux jeunes du village de conduire Atsé Jean François à sa dernière demeure. A 300 mètres du cimetière du village, le pousse-pousse sur lequel était posé le cercueil, crève un pneu. Le chef du village, contre la coutume, ordonne que le voyage se poursuive vers le cimetière par le biais de porteurs. Subitement le cercueil et ses porteurs rebroussent chemin, pour remonter jusqu’ à la place publique du village, à la recherche du tueur, créant ainsi la panique et la peur au sein des populations. Après plusieurs tours du cercueil, celui-ci s’immobilise dans une bananeraie. A cet endroit, une poule qui avait été enterrée est découverte. C’est suite à cela, que les porteurs sont contraints par la force mystique du défunt de se diriger directement dans la cour d’un certain Achi Ayé Richard dit « Adjila », oncle du défunt. Frappé à plusieurs reprises par le cercueil, le présumé tueur file à l’anglaise. Le chef qui croyait qu’il s’agissait d’une complicité des porteurs du cercueil ordonne à une deuxième équipe de jeunes de procéder à l’inhumation. Mais, chose incroyable, à 300 m du cimetière, le cercueil retourne encore au village pour frapper le présumé tueur. Ce dernier passe alors aux aveux. Le père du défunt Attsé Attsé, professeur à la retraite et les siens sont inconsolables. Il dit ne pas avoir d’autre recours que de porter plainte, afin que justice soit faite. Pourquoi Atsé jean François a donc été arraché subitement à l’affection de ses parents et amis ?

Ce qui a coûté la vie au jeune Atsé
Selon les informations recueillies sur place, c’est une affaire de plantation de famille qui a déjà coûté la vie à la mère du défunt, qui est au centre de ce drame. Le 22 juillet 2011, alors qu’il s’apprêtait à aller à Agou à bord de sa voiture, le jeune Astsé a été interpellé par son oncle, Achi Ayé Richard, qui l’a mis en garde au sujet d’une plantation qu’il s’obstine à exploiter. Atsé Jean qui n’a pas accordé d’importance aux menaces de son oncle met le cap sur Agou. Chemin faisant, alors qu’il expliquait à son jeune frère, qui était du voyage, cette histoire de plantation, son oncle a eu raison de lui. Sa voiture a fait plusieurs tonneaux. Admis à l’hôpital d’Adzopé, le jeune homme d’affaire succombe, les heures qui suivent, à ses blessures. Les circonstances de la mort du jeune Atsé défrayent encore la chronique dans la région du Mafa.

ADAYE KOUAKOU
adaykou@yahoo.fr
(Envoyé spécial)
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