Un ministre a-t-il vraiment des vacances ?

Comme on le voit, les ministres de Ouattara n’auront pas véritablement de vacances. Chacun se souciant d’un devoir de résultat, ce temps sera mis à profit pour travailler sereinement. Loin de toutes pressions du chef du gouvernement ou du Président de la République. En Afrique comme partout ailleurs, un ministre a-t-il vraiment des vacances ? Ce n’est pas si sûr. En Côte d’Ivoire, on peut noter des réunions de famille, de la région ou du département par-ci, par là, pour penser développement rural. Des rencontres restreintes du cabinet ministériel ne sont pas aussi à écarter pendant ces périodes. Un ministre a-t-il vraiment des vacances ? Un Etat peut-il se permettre des pauses alors que les problèmes du pays n’attendent pas ? Il faut au quotidien se pencher sur l’état du pays, régler les problèmes de trésorerie, de défense et de sécurité de la République, des urgences. Comme les accidents survenus le 5 août 2011 avec le bus de la Sotra, sur l’autoroute du Nord avec la collision entre un mini car et un grumier, sur la lagune avec la pinasse qui a chaviré. Ces choses ne préviennent pas et donc, n’ont pas de congés. Les choses de la cité n’attendent pas. C’est pourquoi, il convient de cesser de parler de vacances du gouvernement. Il faudrait songer, à l’avenir, à accorder des congés individuels aux ministres comme cela se fait dans l’administration publique et les structures étatiques ou privées. On éviterait ainsi de paralyser les services. Car les Ivoiriens ont encore cette manie de décamper les bureaux ou de s’absenter carrément quand la tête ou la hiérarchie est absente. L’excellence souhaitée par le chef de l’Etat est aussi à ce prix-là. Il suffit de faire aujourd’hui, un tour dans les ministères pour se rendre compte du taux d’absentéisme, parce que tout simplement le ministre serait en vacances. C’est repenser les vacances du gouvernement sous nos cieux, préviennent des cadres de ce pays.

Qu’est-ce qui explique ces vacances ?

Ce n’est plus un secret pour les Ivoiriens. Les ministres de la République sont en vacances depuis le 10 août 2011. Qu’est-ce qui explique cela ? Y avait-il une forte pression du chef de l’Etat sur les membres du gouvernement ? Ne suivaient-ils pas le rythme et le volume du travail à eux imposés par la situation du pays qui sort d’une crise postélectorale et qui a besoin d’un traitement de choc pour reprendre son travail ardu au gouvernement ? Cela a-t-il suffi pour les mettre KO ? Le Président de la République, Alassane Ouattara, doit avoir certainement de bonnes raisons d’accorder un congé de deux semaines aux ministres pour souffler. Deux séminaires gouvernementaux, 16 conseils des ministres, une dizaine de conseils de gouvernement avec le Premier ministre, Soro Kigbafori Guillaume. Plus de 200 communications adoptées en conseil des ministres avec in fine de nombreuses nominations de directeurs de cabinet, de DAAF, de directeurs généraux, de PCA, de nouveaux commandements dans l’armée, d’ambassadeurs. Adoptions des organigrammes et attributions de chaque ministère. Ça use et ça use ! C’est ce qui justifierait certainement cette pause. Afin qu’ils décompressent et soient requinqués pour les batailles futures. Deux mois d’intenses activités, cela se comprend. Qui veut aller loin ménage sa monture. Tels pourraient être les mobiles. Mais, il faut certainement faire une lecture approfondie de la décision pour voir ce qu’elle cache. Les non dits. Ça pourrait être un manège pour piéger les peinards, les ‘’messieurs tranquilles’’ qui dormiraient sur leurs lauriers. Sans innover, sans prendre des attaches pour booster les activités de leur ministère. Même en congé, disons-le tout net, le Président Alassane Ouattara est toujours à la tâche : rencontres, audiences, signatures de contrats, etc. Attention à ne pas sommeiller pendant ce petit congé. A 6000 km d’ici, Ouattara voit tous ceux qui sont au travail. Et ceux qui dansent. De grandes surprises attendent les ‘’boucantiers’’ au retour des vacances.

Attention aux moyens de l’Etat pour un voyage privé !

Après le conseil des ministres du mercredi 10 août 2011, le Président de la République, Alassane Ouattara, a accordé deux semaines de congé aux membres du gouvernement. La reprise des activités gouvernementales est prévue pour le 8 septembre. Qui va payer les billets d’avion, le frais de séjour et d’hôtel pour les ministres qui iront à l’étranger ? Attention au piège tendu par Ouattara avec l’adoption de la charte d’éthique du gouvernement. Une charte d’éthique du gouvernement adoptée 24 heures avant les vacances des ministres qui dureront deux semaines, soit jusqu’au 7 septembre 2011. Une sorte d’organe de régulation de l’action gouvernementale. Un gros piège que ne perçoivent pas encore certains ministres qui espéraient se la couler douce sur le dos du contribuable ivoirien pour des frasques à l’extérieur du pays. Rien ne sera plus comme avant. Les ministres de Ouattara ne pourront plus user de leur posture pour solliciter le Directeur Administratif et financier (DAAF) de leur département. Ou même la caisse des sociétés sous tutelle pour se faire payer des billets d’avion pour eux-mêmes, pour familles, maîtresses et enfants pour des missions à l’étranger ou pour des vacances. La charte d’éthique a mis fin à ces pratiques qui ont prospéré hier sous les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Il n’y aura donc plus de confusion quant aux financements occultes par des ‘’caisses noires’’ dans les DAAF et sociétés sous tutelle. Ce sera aussi pareil pour les frais de séjour et d’hôtel. Avec la charte d’éthique du gouvernement, le Président de la République, Alassane Ouattara, exige la transparence et la traçabilité dans la gestion des ressources de l’Etat. Droiture, intégrité, probité, incorruptibilité et bonne gouvernance, doivent être mises en avant dans tous les actes que les ministres seront appelés à poser dans le cadre de leurs fonctions ministérielles. Les DAAF et les DG des sociétés sous tutelle sont avertis. Ils ne doivent plus céder sous la pression de leurs ministres qui s’adonnaient, malgré cette charte, à des interventionnismes outrageants et autres chantages. Sous peine de subir le courroux du chef de l’Etat, décidé à réussir la moralisation de la vie publique. Désormais, les membres du gouvernement sont appelés à payer de leurs poches pour leurs vacances. Et gare à celui qui fera recours aux DAAF et sociétés sous tutelle pour des vacances dorées en bord de la Seine, de la Tamise ou du Potomac. Ce sera la prison pour détournements de fonds, de deniers publics. A ces fonctionnaires souvent sollicités par les ministres, il s’agit d’user désormais de vigilance pour ne pas tomber sous le coup de la charte d’éthique du gouvernement. Un homme averti, en vaut… Car les vacances, c’est privé, c’est personnel. On n’a pas besoin d’utiliser les fonds de l’Etat pour cela , puisqu’un départ en vacances n’entre nullement dans le cadre d’une mission officielle. Alors attention aux contrevenants à la charte d’éthique !

M.W et CK