Si le Ramadan est un mois de pénitence, il parait aussi comme une période faste pour de nombreux commerçants. Malheureusement, les vendeurs de vêtements ne savent plus où donner la tête. Ces commerçants doivent faire face à une clientèle avare exclusivement en quête de produits de première nécessité.
Échoppes, cafés, marchands de tissus, boutiques de prêt-à-porter, cordonneries... A la deuxième semaine du mois de jeûne musulman, les petits commerçants ont levé le rideau et guettent les clients. A cause des obligations liées à cette période de pénitence, l’activité au niveau des « articles de luxe » tourne au ralenti. Le boulevard Nangui Abrogoua, cette rue commerçante qui compte de nombreux magasins, s’anime en permanence. Mais avec la conjoncture, il y a un petit bémol. «En général, cette rue est toujours noire de monde. Mais en raison du carême, le soir, les uns et les autres s’empressent de rentrer chez eux», explique Ali, un jeune vendeur de vêtements non loin de la pharmacie du Forum.
En cause, la conjoncture
L’air inquiet, il affirme ne voir que la moitié de ses clients. En réalité, les acheteurs qui savent que les commerçants ferment vite boutique, pour la plupart, n’osent pas se rendre au marché les après-midi. La répercussion grippe les chiffres d’affaires. «Aujourd’hui, je n’ai réussi à vendre qu’une seule chemise », se plaint le jeune homme. Sa boutique, nichée dans une cage d’escalier, étale des d’articles en tout genre. A quelques mètres de lui, un vendeur d’électroménagers. Il interpelle à tue-tête tous les passants, en vain. Une situation douloureuse qui le plonge dans le désarroi. En effet, il n’avait pas ouvert son magasin depuis les évènements post-électoraux. «Ces événements ont considérablement compliqué mes affaires. Ma boutique est restée fermée tout le temps. Aujourd’hui n’est pas mieux puisque je reprends difficilement», se plaint-il. En tout cas, une panne sèche pour le commerçant. Ce samedi, à la mi-journée, il fait ses comptes : seulement 5.000 Fcfa de recette. « Je gagne d’habitude au moins 20.000 Fcfa par jour », regrette-t-il, espérant en des lendemains meilleurs. Un peu plus loin, un marchand de tissus attend le chaland sur une chaise branlante. Il n’a pas le cœur à la fête. Normal, pas un chat à l’horizon. «C’est la déprime pour nous qui vendons des produits qualifiés de luxe », fait-il remarquer. De l’autre côté, plusieurs opérateurs économiques qui ont choisi les alentours de la grande mosquée pour s’installer, justifient la mévente par la crise post-électorale qui a littéralement ruiné les populations. Le mois de jeûne tombe, disent-ils, au moment où les choses semblaient aller un peu mieux. Une jeune vendeuse se lamente : « Nos marchandises sortent aux compte-gouttes. Seuls ceux qui vendent les boubous, les voiles et les foulards tirent leurs épingles du jeu. Or, je vends des pagnes, des basins et des dentelles», observe la commerçante. Sa voisine renchérit : « on ne sait plus ce qu’on va faire. Les clients tournent dans ma boutique, demandent les prix et repartent aussitôt. Les gens achètent quelques rares boubous et des tuniques. A part ça, rien ne marche», se lamentent-elle. Du côté de Treichville, les magasins de boubous et d’accessoires sont clairsemés. Selon les usagers, les boutiques marocaines traversent aussi une période noire.
Priorité à la nourriture
Un étal bien achalandé qui attire d’habitude la convoitise des clients n’est plus la cohue ; les gérants expliquent : « les années passées, ça allait un peu, mais cette année-ci, c’est trop difficile. Il n’y a pas d’argent. Nos boubous ne sont pas chers, entre 10.000 et 20.000 Fcfa. Mais, on n’a pas beaucoup de clients. Cette situation n’est pas bonne pour le commerce, en général», constate Jafar Kamal. «Malgré tout, je ne me plains pas trop. Même si l’activité est plus faible que d’habitude », philosophe-t-il. Malgré leur détresse, les commerçants comprennent la situation, conscients que les produits proposés sont coûteux. Ils comprennent aussi que les clients, faute de moyens, n’osent pas faire des «dépenses de luxe » en cette période morose. Autant dire que la population préfère rester prudente avec son porte-monnaie et ne paye que pour manger. En effet, les mères de famille déambulent dans les marchés presque exclusivement avec des sachets contenant des produits alimentaires. Maguida, le boucher sexagénaire de Wassakara, affiche un large sourire. Ses deux fils s’emploient à dépecer des carcasses de bœufs à même le trottoir. Et les clientes sont au rendez-vous. « Ma boucherie se porte à merveille depuis le mois de jeûne. Je n’ai aucun problème pour me fournir », explique-t-il, tout en caressant sa casquette. Cependant, les opérations de déguerpissement des trottoirs, engagées par les autorités, n’arrangent pas la situation. « Je vais fermer mon magasin. Je ne veux pas prendre de risque. Ma marchandise me coûte cher, je dois la protéger parce qu’avec l’opération ville propre, les choses peuvent déraper à tout moment», affirme un boutiquier, qui se dit néanmoins favorable à l’assainissement des voies publiques qui donne plus d’éclaircie à l’environnement devenu très encombrant avec ces kiosques et autres baraques. Un espoir tout de même. Selon les commerçants, à chaque ramadan, c’est dans les dernières semaines que les clients affluent pour faire des achats. «Dans les derniers moments, les choses vont évoluer. C’est sûr », notent-ils. D’ores et déjà, les revendeurs ambulants s’apprêtent. « On sent un certain regain au niveau des chapeaux, des chapelets et même des livrets de prière. Parfois, ça manque», soulignent-ils.
Lanciné Bakayoko et S.L.A.
Échoppes, cafés, marchands de tissus, boutiques de prêt-à-porter, cordonneries... A la deuxième semaine du mois de jeûne musulman, les petits commerçants ont levé le rideau et guettent les clients. A cause des obligations liées à cette période de pénitence, l’activité au niveau des « articles de luxe » tourne au ralenti. Le boulevard Nangui Abrogoua, cette rue commerçante qui compte de nombreux magasins, s’anime en permanence. Mais avec la conjoncture, il y a un petit bémol. «En général, cette rue est toujours noire de monde. Mais en raison du carême, le soir, les uns et les autres s’empressent de rentrer chez eux», explique Ali, un jeune vendeur de vêtements non loin de la pharmacie du Forum.
En cause, la conjoncture
L’air inquiet, il affirme ne voir que la moitié de ses clients. En réalité, les acheteurs qui savent que les commerçants ferment vite boutique, pour la plupart, n’osent pas se rendre au marché les après-midi. La répercussion grippe les chiffres d’affaires. «Aujourd’hui, je n’ai réussi à vendre qu’une seule chemise », se plaint le jeune homme. Sa boutique, nichée dans une cage d’escalier, étale des d’articles en tout genre. A quelques mètres de lui, un vendeur d’électroménagers. Il interpelle à tue-tête tous les passants, en vain. Une situation douloureuse qui le plonge dans le désarroi. En effet, il n’avait pas ouvert son magasin depuis les évènements post-électoraux. «Ces événements ont considérablement compliqué mes affaires. Ma boutique est restée fermée tout le temps. Aujourd’hui n’est pas mieux puisque je reprends difficilement», se plaint-il. En tout cas, une panne sèche pour le commerçant. Ce samedi, à la mi-journée, il fait ses comptes : seulement 5.000 Fcfa de recette. « Je gagne d’habitude au moins 20.000 Fcfa par jour », regrette-t-il, espérant en des lendemains meilleurs. Un peu plus loin, un marchand de tissus attend le chaland sur une chaise branlante. Il n’a pas le cœur à la fête. Normal, pas un chat à l’horizon. «C’est la déprime pour nous qui vendons des produits qualifiés de luxe », fait-il remarquer. De l’autre côté, plusieurs opérateurs économiques qui ont choisi les alentours de la grande mosquée pour s’installer, justifient la mévente par la crise post-électorale qui a littéralement ruiné les populations. Le mois de jeûne tombe, disent-ils, au moment où les choses semblaient aller un peu mieux. Une jeune vendeuse se lamente : « Nos marchandises sortent aux compte-gouttes. Seuls ceux qui vendent les boubous, les voiles et les foulards tirent leurs épingles du jeu. Or, je vends des pagnes, des basins et des dentelles», observe la commerçante. Sa voisine renchérit : « on ne sait plus ce qu’on va faire. Les clients tournent dans ma boutique, demandent les prix et repartent aussitôt. Les gens achètent quelques rares boubous et des tuniques. A part ça, rien ne marche», se lamentent-elle. Du côté de Treichville, les magasins de boubous et d’accessoires sont clairsemés. Selon les usagers, les boutiques marocaines traversent aussi une période noire.
Priorité à la nourriture
Un étal bien achalandé qui attire d’habitude la convoitise des clients n’est plus la cohue ; les gérants expliquent : « les années passées, ça allait un peu, mais cette année-ci, c’est trop difficile. Il n’y a pas d’argent. Nos boubous ne sont pas chers, entre 10.000 et 20.000 Fcfa. Mais, on n’a pas beaucoup de clients. Cette situation n’est pas bonne pour le commerce, en général», constate Jafar Kamal. «Malgré tout, je ne me plains pas trop. Même si l’activité est plus faible que d’habitude », philosophe-t-il. Malgré leur détresse, les commerçants comprennent la situation, conscients que les produits proposés sont coûteux. Ils comprennent aussi que les clients, faute de moyens, n’osent pas faire des «dépenses de luxe » en cette période morose. Autant dire que la population préfère rester prudente avec son porte-monnaie et ne paye que pour manger. En effet, les mères de famille déambulent dans les marchés presque exclusivement avec des sachets contenant des produits alimentaires. Maguida, le boucher sexagénaire de Wassakara, affiche un large sourire. Ses deux fils s’emploient à dépecer des carcasses de bœufs à même le trottoir. Et les clientes sont au rendez-vous. « Ma boucherie se porte à merveille depuis le mois de jeûne. Je n’ai aucun problème pour me fournir », explique-t-il, tout en caressant sa casquette. Cependant, les opérations de déguerpissement des trottoirs, engagées par les autorités, n’arrangent pas la situation. « Je vais fermer mon magasin. Je ne veux pas prendre de risque. Ma marchandise me coûte cher, je dois la protéger parce qu’avec l’opération ville propre, les choses peuvent déraper à tout moment», affirme un boutiquier, qui se dit néanmoins favorable à l’assainissement des voies publiques qui donne plus d’éclaircie à l’environnement devenu très encombrant avec ces kiosques et autres baraques. Un espoir tout de même. Selon les commerçants, à chaque ramadan, c’est dans les dernières semaines que les clients affluent pour faire des achats. «Dans les derniers moments, les choses vont évoluer. C’est sûr », notent-ils. D’ores et déjà, les revendeurs ambulants s’apprêtent. « On sent un certain regain au niveau des chapeaux, des chapelets et même des livrets de prière. Parfois, ça manque», soulignent-ils.
Lanciné Bakayoko et S.L.A.