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Société Publié le mardi 23 août 2011 | Nord-Sud

Contrôle routier / Les pièges qui attendent les automobilistes

© Nord-Sud Par DR
Fluidité routière : images des encombrements provoqués sur les routes abidjanaises
Photo: Carrefour de Yopougon Siporex
Depuis la semaine dernière, la police et le district d’Abidjan ont entrepris une vaste opération de contrôle routier destinée à assainir le parc automobile. Elle fait l’objet de controverse.

La route n’est plus sûre pour les automobilistes réfractaires. En moins d’une semaine, des centaines de wôrô-wôrô, gbaka (véhicules de transports en commun) ont été pris en infraction à Yopougon. Dans le district d’Abidjan, ce sont environ 400 véhicules qui ont été arrêtés pour assurance périmée, manque de patente, visite technique non effectuée, absence de papier de stationnement, défaut de plaque d’immatriculation…Partout dans les grands carrefours de la capitale économique, les policiers, longtemps accusés de racket, sont en train de redorer leur blason en portant un grand coup au secteur du transport routier. Il s’agit pour Beugré Mambé, le gouverneur du district d’Abidjan et Brindou M’bia, le dg de la police nationale, de mettre fin à l’anarchie sur les routes. Et de créer un parc auto sain. La méthode est…un peu militaire. Un véhicule qui n’est pas en règle est frappé d’une amende de 22.500 Fcfa. Pour l’obliger à payer la somme, la police confisque les papiers du véhicule en infraction. Le contrevenant va se mettre en règle avant de se rendre à la préfecture de police pour retirer ses papiers en s’acquittant des 22.500 Fcfa.
A l’hôtel du district, ce lundi, un long rang de personnes pour se payer la carte de stationnement montre que la mesure porte ses fruits. Même si elle est jugée sévère par certains propriétaires de véhicules. « C’est illégal. Aucune contravention en Côte d’Ivoire ne doit excéder 2.000 Fcfa. Nous avons souffert de la crise et on veut nous empêcher de travailler », s’indigne Touré Adama, président de la Coordination nationale de gares routières de Côte d’Ivoire. Selon lui, il n’y a eu aucun communiqué pour prévenir les transporteurs d’une telle action. « C’est juste une mesure de dissuasion pour amener les chauffeurs à se mettre en règle le plus rapidement possible », se justifie un agent du district d’Abidjan qui s’occupe des véhicules mis en fourrière. La police du district qui devait participer à l’opération a été mise à l’écart pour des problèmes d’infrastructures. Mais c’est le district qui fait délivrer les papions aux réfractaires. « Une partie des 22.500 Fcfa revient au district d’Abidjan », indique la cellule communication de Beugré Mambé.
La sévérité avec laquelle la police mène cette action présage d’un retour au respect des règles routières dans un bref délai. A la gare de wôrô-wôrô de Cocody Saint-Jean, par exemple, on ne tarit pas d’éloges pour les policiers « qui font du bon boulot ». « Nous ne pouvons pas admettre que nous qui avons les pièces de nos véhicules en règle, roulons au même titre que ces chauffeurs qui n’ont aucun papier et qui nous disputent les clients ». C’est le sentiment d’Abdoulaye Fofana, qui fait la ligne Cocody-Plateau pour 300Fcfa, le voyage. Autour de lui, ses amis chauffeurs se liguent en comité de soutien. A la gare de wôrô-wôrô du Mahou, les chauffeurs de taxis-compteurs saluent cette action du moment que le racket est stoppé. Le carrefour Mahou est l’un des lieux d’opération de la police. Et la saisie des papiers de véhicules qui ne sont pas en règle se fait sous leur nez. Pour une grande partie des usagers qui ne font pas le transport en commun, cette action ne pouvait pas mieux tomber. « Il faudrait après mettre la rigueur sur le respect du code de la conduite. Les chauffeurs roulent de plus en plus mal», remarque Marcelin Kouadio, un comptable qui vient d’acheter sa voiture. Nonobstant, deux irrégularités viennent entacher l’opération. La contravention de 22.500 Fcfa est jugée trop élevée. « Chaque jour que nos papiers passent aux mains des policiers, ça fait 22.500 FCfa de plus », se plaint Touré Adama. Une information démentie par le district d’Abidjan. La seconde irrégularité, c’est l’absence de fourrière appropriée pour une telle opération. C’est l’école de police ou la gendarmerie qui sont désignées comme destination des véhicules saisis, selon que la contravention a été délivrée par un policier ou un gendarme.

Raphaël Tanoh
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